Le « coq » gaulois cocorise jusqu'à en être ridicule et à donner la nausée sur le prétendu « exploit » qu'aurait réalisé l'armée française en ayant fait participer quelques-uns de ses avions Rafale et Mirage aux frappes occidentales en Syrie. Depuis que celles-ci ont eu lieu, les officiels et les médias français n'en finissent pas en effet de mousser la contribution de l'armée française à l'opération « punitive » et d'en louer « l'efficacité ». Que celle-ci n'a été possible qu'avec l'engagement de la puissance américaine est pour ces milieux chose de peu d'importance. Même s'ils savent pourtant que leur pays et leur armée ne se seraient jamais risqués en solo dans une opération militaire en Syrie.
Evacuant le fait que la contribution française aux frappes en Syrie s'est en fait réduite à lui donner le caractère multinational voulu par la Maison Blanche, officiels et médias lui attribuent la vertu d'avoir signifié au monde entier que la France n'est pas déclassée militairement et que son armée est encore apte à jouer dans la cour des grands. D'avoir été supplétif de l'Amérique ne rehausse en rien le prestige de la France et cela ne conférera aucun crédit à son président et à sa diplomatie pour les tentatives qu'ils font pour se remettre dans le grand jeu géopolitique auquel se livrent les deux vraies grandes puissances que sont les Etats-Unis et la Russie. Le déclin dont elle est frappée, la France s'évertue à en nier l'implacable réalité par des gesticulations internationales qui tournent parfois au grand-guignol et lui valent de peu amènes remontrances ou le conseil ironique de ne pas en faire trop.
Ce « faire trop », Emmanuel Macron l'a très vite démontré suite aux frappes en Syrie en surfant sur la participation française pour prendre la posture d'un dirigeant sans l'aval de qui il n'est aucun conflit ou crise à l'international qui peut avoir de solution. Sa posture repose sur du vent et n'impressionne nullement la Russie sur laquelle il cherche à faire illusion. Ce qui reste à la patrie du général de Gaulle pour entretenir le mythe qu'elle est encore une grande puissance qui compte sur l'échiquier mondial, c'est son siège de membre permanent avec droit de veto au Conseil de sécurité de l'ONU.
Ce statut qui voile le délitement de son rayonnement international et le peu de cas de plus en plus marqué qui est fait des positions qui sont les siennes au plan international est tout naturellement sujet à remise en cause et par même des Etats qui sont ses « alliés » naturels mais qu'elle excède par son exagération à faire la leçon au monde entier et à vouloir les entraîner dans des aventures qui n'ont aucune justification en regard du droit international, si ce n'est celle dont le temps est passé de démontrer qu'elle est toujours une puissance mondiale.
Comme ses prédécesseurs, Macron a beau s'agiter et brasser du vent à chaque crise qui surgit dans les relations internationales, il n'aura droit et encore qu'à un strapontin à la table où se débattent et se négocient vraiment les grandes décisions qui conditionnent le devenir de la planète.
par Kharroubi Habib
http://www.lequotidien-oran.com/?news=5260045&archive_date=2018-04-16
C'est dire que les bombardements contre des cibles civiles et militaires syriennes par les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont été menés comme un «remake» de ce qui s'est passé en 2003 en Irak, lorsque Washington, avec son fidèle allié britannique, avait planifié, avec le soutien de Ryadh et du Koweït, la destruction de l'Irak sous le fallacieux prétexte de la fabrication par l'ex-régime de Saddam Hussein d'armes de destruction massive (ADM). Les «certitudes» de l'époque du chef de la diplomatie américaine, l'ex-général Colin Powell, s'étaient ensuite évaporées avec l'invasion de l'Irak et sa destruction en tant qu'Etat et nation. Il y a eu ensuite en 2011 la Libye de Mouammar Kadhafi qui a également été détruite, Etat et nation, par les bombes et les raids aériens de la France, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne notamment. C'était pour imposer la démocratie dans un pays où le «Printemps arabe» a laissé aujourd'hui place à un chaos politique et militaire total avec, en prime, une Libye devenue un terreau fertile pour toutes les franchises terroristes dont celles qui sont l'œuvre des officines du renseignement occidental.
C'est donc quelques heures après les bombardements de sites supposés servir à un programme de production d'armes chimiques que les pays arabes, majoritairement favorables à ces «frappes aériennes» contre la Syrie, se sont réunis hier dimanche dans la ville saoudienne de Dhahran. Les ennemis d'hier, Saoudiens et Qataris, se retrouvent autour de la même table, non pas pour dénoncer et faire front contre un ennemi qui est en train de «manger» les pays arabes les uns après les autres, mais, bien au contraire, pour le soutenir dans cette œuvre que les sionistes de tous bords soutiennent, appuient et financent. Il ne fait aucun doute là-dessus et il ne faut surtout pas se tromper sur le poids et l'implication d'Israël dans cette nouvelle campagne militaire des Etats-Unis, appuyés par la France et la Grande-Bretagne, contre un pays arabe, la Syrie, à qui ils veulent réserver le même sort que l'Irak et la Libye.
Certes, le régime de Damas, pour avoir refusé en 2011, au début de la guerre civile, d'entrevoir autrement l'avenir politique du pays, a une part de responsabilité dans cette situation qui a donné toutes les raisons du monde à ceux qui cherchaient la moindre occasion pour déclencher l'embrasement au Proche et Moyen-Orient. Etats-Unis et France en tête, sous la pression des relais sionistes qui infectent les milieux intellectuels français et avec le soutien traditionnel de la Grande-Bretagne, il ne restait plus grand-chose à négocier pour éviter une ingérence de trop dans la crise syrienne. Pis, les Etats de la Ligue arabe étaient divisés sur la crise syrienne, les uns procuraient des armes aux rebelles, les autres soutenaient des franchises terroristes et une troisième partie de pays arabes restait sagement dans une neutralité irresponsable. A la fin, la Syrie est exclue de la Ligue et mise au banc des accusés.
Au final, le sommet de Dhahran ne va rien apporter de nouveau, si ce n'est un nouvel avertissement à l'Iran, un soutien renouvelé à la coalition occidentale pour faire chuter le régime à Damas et, surtout, ouvrir la voie à une intrusion de l'entité sioniste dans les affaires des pays arabes. Quand ce n'est pas une normalisation rampante entre beaucoup de capitales arabes avec l'entité sioniste.
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