Le débat s’amorce en France
Les Algériens abattus le 8 mai 1945 à Guelma étaient transportés dans des camions et jetés dans la nature
Le débat sur la mémoire et le passé colonial de la France est relancé. A la veille de la célébration du 70e anniversaire des massacres du 8 Mai 1945 à Sétif, Kherrata et Guelma – qui sera marquée, cette année, par la présence, pour la première fois, d’un représentant du gouvernement français – des voix s’élèvent pour demander au président François Hollande de faire un pas supplémentaire pour reconnaître les crimes coloniaux. Cette fois, c’est à Paris que l’appel vient d’être lancé.
En effet, le Conseil de Paris – qui est une assemblée délibérante de la mairie et du département de la capitale française – a adopté, lundi dernier, un vœu demandant que l’Etat reconnaisse les massacres du 8 Mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata en Algérie.
Ce vœu, rapporte l’agence AFP, «demande que la ville sollicite le secrétaire d’Etat aux anciens combattants et à la mémoire et le président de la République pour la reconnaissance par l’Etat des massacres du 8 Mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata, et l’ouverture de toutes les archives relatives à ces terribles événements».
«Le gouvernement algérien avance le nombre de 45 000 morts et les travaux de la très grande majorité des historiens français attestent d’un bilan de dizaines de milliers de victimes arrêtées, torturées et exécutées sommairement», est-il rapporté dans le vœu en question, relançant également le débat autour du nombre de victimes de ces massacres, commis au moment où l’Occident fêtait la victoire sur le nazisme et la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Outre les appels lancés à partir de Paris, en Algérie les voix s’élèvent aussi, à chaque occasion, pour exiger de la France officielle de reconnaître les crimes de la France coloniale.
La visite, demain en Algérie, du secrétaire d’Etat français aux anciens combattants, Jean-Marc Todeschini, qui fera le déplacement à Sétif, reste, selon l’association 8 Mai 1945, «insuffisante». Cette association réclame également la reconnaissance officielle de cette tragédie par le gouvernement Hollande qui a réussi, rappelons-le, à «dépassionner le débat sur l’histoire algéro-française».
Avant la visite du président Hollande à Alger, en décembre 2012, les relations entre les deux pays évoluaient en dent de scie, à cause notamment de la question de la mémoire.
Alors qu’en Algérie, des partis politiques et des associations réclamaient des autorités françaises «la repentance», ces dernières opposaient un refus catégorique.
Le 70e anniversaire des événements tragiques du 8 Mai 1945 sera-t-il le début d’une reconnaissance d’un passé peu glorieux de la France ?
Madjid Makedhi
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