La mort inattendue de l’immortelle de l’Académie française le vendredi dernier, grande romancière de notoriété planétaire qui était demeurée attachée à son pays natal ; l’Algérie ; a provoqué une grande panique auprès des autorités algériennes .
Son statut dans tout le monde universitaire et culturel a contraint les responsables algériens à s’agiter dans tous les sens, jusqu’à susciter la surprise des citoyens de la ville de Cherchell, là où elle sera enterrée aujourd’hui au cimetière musulman aux cotés de son papa. En vérité, la cherchelloise Fatma-Zohra Imelhayène, cette intellectuelle algérienne imprégnés des nobles idéaux et entièrement fidèles à ses principes , de son vivant n’avait jamais été invitée dans son pays, n’avait jamais été honorée, en dépit de toutes les reconnaissances des grandes nations faites à sa personne et à son travail .
Si la romancière Assia Djebbar est décrite comme étant une personne réservée, elle ne s’empêche pas de dévoiler tous ses talents et ses immenses connaissances intellectuelles lors des débats où les conférences. Assia Djebbar a fugué de Paris vers Tunis à la suite de l’appel du FLN en 1956, avec son ex.mari tout en étant étudiante. Une manière pour elle de confirmer son attachement à la libération de son pays, colonisé par la France. Le parcours de cette authentique algérienne qui n’a pas cédé aux « chants des sirènes » est très bien respecté partout dans le monde, sauf dans son pays natal. Elle avait souffert durant les années de terrorisme. Son voyage éclair en Algérie avait été justifié par la mort de son père en 1997.
Assia Djebbar décédée, ses œuvres sont méconnues chez les habitants de Cherchell. Quelques enseignants reconnaissent qu’elle est humble et elle est restée attachée à la liberté de son peuple en général et à la femme algérienne en particulier. Dès l’annonce de sa mort, les instructions « d’en haut » avaient été scrupuleusement exécutées dans la précipitation par les autorités de la ville de Cherchell. Elles avaient commencé à nettoyer le parcours qui sera emprunté par ceux qui accompagneront la grande dame à sa dernière demeure. Le ravalement des murs du siège de la daïra de Cherchell, de la pseudo-bibliothèque communale et de la clôture du cimetière, autant de tâches effectuées rapidement. Les lampadaires de la grande place avaient été réparés.
Le désherbage et le nettoyage du cimetière dans lequel va reposer Assia Djebbar avaient été réalisés à la hâte. Le restaurant et les chambres peu nombreuses de l’hôtel Césarée avaient été réquisitionnés par l’Etat pour la circonstance. Interrogés par nos soins, les citoyens de la ville de Cherchell affirment ne pas connaître cette grande romancière, mais unanimes , ils nous ont invité pour nous indiquer qu’ils se contenteront de dire, « merci madame Assia Djebbar pour ce qui vous venez de faire pour la ville de Cherchell disent-il, maintenant les gens dans le monde entier entendent parler de notre ville, ajoutent-ils , les invités savent que l’hôtel Césarée a repris service, mais surtout elle a fait travailler les autorités locales durant cette semaine, elles ont retroussé leurs manches pour nettoyer un peu notre ville, c’est un bon coup de publicité », concluent nos interlocuteurs , dépités par cette hypocrisie des gestionnaires locaux de l’ex.Césarée .
Si Madame Assia Djebbar n’est pas née officiellement à Cherchell, cela ne signifie pas qu’elle n’est pas Cherchell, de surcroit descendante de la tribu des « Braknas ». Les autorités de la wilaya de Tipasa avaient scanner scrupuleusement tout le fichier de l’état civil de la wilaya. Elles n’avaient pas pu trouver la trace du lieu de naissance de Imelhayène Fatma Zohra dans la wilaya de Tipasa. Mais voilà que le Présidente de l’APC de Cherchell fait honteusement une déclaration dans un quotidien arabophone très peu connu, « je m’étonne du tapage médiatique fait autour du lieu de naissance de la défunte déclare-t-il, mon service d’état civil a bien établi son acte de naissance », conclut-il. C’est un grand mensonge du 1er magistrat de la commune de Cherchell, qui n’avait jamais eu vent de Assia Djebbar au même titre que ses comparses.
Cette « grossièreté » du maire de Cherchell a fait réagir de très nombreux citoyens de la ville de Cherchell. L’autre fait marquant qui avait suscité l’étonnement des citoyens et d’ailleurs quelques membres de la famille de Assia Djebbar, naturellement le passage de l’ hommage du Président de la République, Abdellaziz Bouteflika adressé à la famille de la défunte, « cette écrivaine talentueuse au long souffle et à l’imagination fertile, hardie et fougueuses passe son enfance à Gouraya, étudie dans une école coranique et au collège du village ». Où a-t-on trouvé cette information ?
Assia Djebbar n’a pas vécu cela à Gouraya , selon les affirmations de nos interlocuteurs. Une personne du monde culturel qui était très active durant la célébration de l’année de l’Algérie en France, nous appelle et nous confirme que Assia Djebbar avait présenté un projet relatif à la présentation d’une pièce de théâtre, nonobstant le nombre de romans édités qui n’avaient pas intéressé les décideurs de cette manifestation de prestige. Ce projet lui avait été tout simplement refusé. Assia Djebbar , un monument reconnu dans le monde entier, invisible dans son pays. « Nul n’est Prophète dans son pays »,comme le disent les hommes avertis. La romancière exilée vivait aux rythmes du pouls de ses compatriotes. Sa mort est exploitée à d’autres fins.
De son vivant, Assia Djebbar ne courait pas derrière les médias. Elle avait laissé ses œuvres littéraires faire le boulot pour devenir c qu’elle est aujourd’hui. Il aura suffi une honnête volonté officielle pour lui rendre un vibrant hommage au crépuscule de sa vie, elle qui avait été nominée à maintes reprises pour le Prix Nobel. Elle méritait cette reconnaissance de toutes les façons, à cause de son travail et de son vrai amour pour son Algérie. Toute cette gymnastique et cette chorégraphie orchestrées après sa mort n’est en fait qu’un scénario impudique qui va fondre dès ses retrouvailles avec son père, en cette matinée du vendredi 13 février 2015.
M'hamed Houaoura
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