La fiction historique ‘‘Zabana !'‘ du réalisateur Said Ould Khelifa, dédiée à Ahmed Zabana premier martyr de la cause algérienne guillotiné le 19 juin 1956, a été projeté à la presse mercredi à Alger.
Entrant
dans le cadre des productions culturelles prévues par les ministères de
la Culture et des Moudjahiddine pour célébrer le cinquantenaire de
l'indépendance de l'Algérie, le film est produit par Laith média en
collaboration avec l'Agence algérienne pour le rayonnement culturelle
(Aarc).
Focalisé sur la personnalité, le parcours et le procès du
militant, le film revient sur l'attaque menée par des indépendantistes
algériens, dont Zabana, contre le bureau de poste d'Oran en Avril 1949,
avant d'aborder le rôle du militant dans la préparation du déclenchement
de la guerre de libération dans Oranie.
Arrêté le 8 novembre 1954
après la bataille de ‘‘Ghar Boudjelida'‘, Ahmed Zabana, incarné par Imad
Bencheni, jeune comédien issu du théâtre amateur de Mostaganem, a été condamné à mort et exécuté pour le meurtre d'un garde forestier.
Zabana
avait été condamné par un tribunal militaire à l'issue d'un procès
expéditif, selon la volonté de l'administration coloniale et au grand
dam de ses avocats qui avaient tenté vainement d'obtenir un procès
devant une juridiction civile.
Excepté quelques séquences, courtes,
sur les activités du militant au maquis, le film tourne autour de son
procès et du regard porté par l'administration coloniale sur les
indépendantistes algériens, qualifiés, par elle, de ‘‘terroristes'‘,
alors même qu'ils menaient le même combat que les résistants français au
nazisme, tel que le montre le film.
La prison de Barberousse,
reconstituée sur la base d'archives pour les besoins du tournage,
servira de décors pour grand partie des scènes, en particulier celle de
la rencontre entre Zaban et Ali Zamoum, autre grand militant de la cause
nationale campé par le jeune acteur Khaled Benaissa, et dont les
témoignages ont beaucoup apporté à l'écriture du scénario, selon son
auteur, Azzeddine Mihoubi.
Ahmed Zabana et Abdelkader Ferradj ont été
les premiers d'une longue liste d'Algériens exécutés à la guillotine,
après que le gouvernement français eut approuvé, en février 1956, son
utilisation contre les nationalistes algériens condamnés à mort.
Lors du procès en appel d'Ahmed Zabana devant la cour d'Alger,
son avocat Me Zertal, interprété à l'écran par Abdelkader Djeriou,
avait tout essayé pour soustraire le militant à la condamnation, mais
assistera, impuissant, à son exécution.
L'exécution, une des scènes
les plus fortes et les plus émouvantes du film, mêle, toute à la fois,
la piété et la fierté du martyr, le désespoir et la rage de ses
compagnons de cellule, ainsi que les fameux youyous des femmes de la
Casbah voisine, accompagnant l'homme vers sa destinée tragique.
Bien
que la lame du bourreau se soit coincée à deux reprises, ce qui aurait
dû légalement annulé l'arrêt de mort, le couperet, actionné une
troisième fois, finit par tomber à l'aube du 19 juin 1956, devant le
regard de Abdelkader Ferradj, la victime suivante de ‘‘la Veuve'‘ (nom
pour désigner la guillotine).
Cette dernière scène annonce la fin du film et le début de la bataille d'Alger que Abbane Ramdane, après une rencontre avec Me Zertal, préparait pour venger les deux martyrs, Zabana et Ferradj.
Après
ces deux exécutions, la guillotine sera actionnée pour mettre à mort
deux cent vingt-deux nationalistes algériens dont Fernand Iveton, le
seul Algérien d'origine européenne à avoir été exécuté (11 février
1957).
Ponctué par de longs moments de silence et quelque peu
desservi par une indigence des dialogues, le film reste néanmoins réussi
sur le plan de la rigueur historique, de la reconstitution des
conditions d'époque et de l'interprétation, juste, des acteurs,
quasiment tous jeunes comédiens issus du théâtre amateur.
Le manque
des dialogues est justifié par le réalisateur par ‘‘la personnalité'‘ de
Zabana, les exigences de l'activité révolutionnaire et la vie en milieu
carcéral, un ensemble de ‘‘facteurs qui imposent toujours la
discrétion'‘.
‘‘Zabana !'‘ participera au festival international de Toronto (Canada), prévu du 6 au 16 septembre.
Attendu depuis plus de 4 mois, ‘‘Zabana !'‘ sera projeté en salle à partir du mois d'octobre prochain, selon son réalisateur.
Le
producteur a, par ailleurs, annoncé qu'il était en négociation avec la
télévision nationale pour monter le film en une série télévisée.
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Ahmed Zahana Al Mahaji, plus connu sous le nom de Ahmed Zabana est né en
1926 dans un Douair d'Al Mahaja El Ksar près de Zahana (ex. St Lucien) à
32 km dans la banlieue d'Oran. C'est dans le quartier populaire M'dina
Jedida à Oran qu'il grandira. Militant dès son jeune âge. Il
y fit ses études primaires, obtint son certificat d'études et s'inscrit
dans un centre de formation professionnelle l’école de formation des
métiers de chaudronnerie, électricité et soudure située au sous-sol du
marché karguentah (centre ville d'Oran, aujourd'hui place Zeddour
Mohamed Brahim Bel Kacem) où il apprit le métier de soudeur. Il a
travaillé à la cimenterie de la Cado (Zahana) dans la banlieue d'Oran
située à 3 kilomètre d'El Gaâda. Par ailleurs, on saura qu’Ahmed Zabana a
joué à l'ASMOran en équipe réserve.
Il fut membre de l'aile militaire de l'Organisation Secrète. Fervent défenseur de la cause nationale, il s'orienta vers la formation de cellules de l'organisation. Il se distingua par sa participation à l'attaque de la poste d'Oran aux côtés d'autres grands révolutionnaires. Son engagement armé lui a valu plusieurs arrestations et incarcérations au niveau de nombreuses maisons d'arrêt. Ahmed Zabana le premier martyre mort guillotiné par l'armée française le 19 juin 1956 à Alger, dans la sinistre prison de Sarkadji. L'opération fut inhumaine si on ose dire : la première fois la guillotine s'est arrêtée sans toucher le cou du condamné. Normalement, la loi prévoit l'arrêt de l'opération. Mais puisqu'il s'agit d'un indigène et de surcroît rebelle, le bourreau essaya une seconde fois sans succès, et c'est à la troisième qu'il décapita le martyr.
La dernière lettre du condamné à mort Ahmed Zabana Al Mahaji.
Mes chers parents, ma chère mère.
Je vous écris sans savoir si cette lettre sera la dernière et cela, Dieu seul le sait. Si je subis un malheur quel qu'il soit, ne désespérez pas de la miséricorde de Dieu, car la mort pour la cause de Dieu est une vie qui n’a pas de fin et la mort pour la patrie n'est qu'un devoir. Vous avez accompli votre devoir puisque vous avez sacrifié l'être le plus cher pour vous. Ne me pleurez pas et soyez fiers de moi. Enfin, recevez les salutations d'un fils et d'un frère qui vous a toujours aimés et que vous avez toujours aimé. Ce sont peut-être là les plus belles salutations que vous recevrez de ma part, à toi ma mère et à toi mon père ainsi qu' à Nora, El Houari, Halima, El Habib , Fatma, Kheira , Salah et Dinya et à toi mon cher frère Abdelkader ainsi qu'à tous ceux qui partageront votre peine. Allah est Le Plus-Grand et Il est Seul à être équitable.
Votre fils et frère qui vous aime de tout son cœur H'mida.
Après sa mort il est enterré dans le grand village de sa région natale Zahana (St Lucien) 32 km dans la banlieue d'Oran.
Ghar Boudjelida « la grotte de la chauve souris ».
A environ 3 ou 4 kilomètres d'El-Gaada-Centre se trouve une grotte appelée Ghar Boudjelida (grotte de chauves-souris) à douar Chorfa qui servit de PC (poste de commandement) du Front de libération nationale (FLN) de la ville d'Oran pendant la guerre d'Algérie Zone 4 (Wilaya V) jusqu'au moment de la capture du résistant anti-colonial Ahmed Zabana.
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