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Des milliers d'ouvriers sont arrivés à Alger avec le lancement de
vastes chantiers dans le BTP. Une partie d'entre eux s'est reconvertie
dans le commerce, en bonne intelligence avec la population locale.
Dans le quartier Boushaki, lotissement aux ruelles poussiéreuses de
la banlieue est d'Alger, l'« amitié entre les peuples » algérien et
chinois est scellée par le commerce. Literie, linge de maison,
vêtements, chaussures... Les produits made in China sont vendus en gros
dans des boutiques tenues par des commerçants des deux nationalités.
« Les affaires marchent plutôt bien. Les Chinois ont le sens du
business », explique Ali en chargeant des cartons de sandales en
plastique dans une fourgonnette. Le jeune vendeur a su tirer profit de
la présence de la petite communauté asiatique. En plus d'être associé à
un Chinois, Ali lui loue un appartement et deux locaux.
Aujourd'hui, le bilan de la présence chinoise en Algérie est des plus
impressionnants. Les investissements venus de Pékin y dépassent tout
juste le milliard de dollars (environ 820 millions d'euros) et sont
concentrés essentiellement sur les secteurs du pétrole, des mines et de
la pétrochimie. Quant aux échanges commerciaux, ils ne cessent
d'augmenter : 6,4 milliards de dollars en 2011 et 3,3 milliards pour les
cinq premiers mois de l'année 2012, soit une augmentation de 37,4 % par
rapport à la même période en 2011. De janvier à mai, la Chine a importé
d'Algérie pour 1 milliard de dollars (+ 30,9 %) et exporté pour
1,2 milliard (+ 39,7 %).
Bâtiments publics et commerçants
Travaux publics, bâtiment, tourisme, hydrocarbures, pétrochimie,
hydraulique, téléphonie... les Chinois sont absolument partout.
L'histoire de cette diaspora de travail et d'affaires remonte au début
des années 2000, avec le lancement de vastes chantiers dans le BTP et
l'hydraulique. Les entreprises chinoises réussissent à rafler de
nombreux marchés en appliquant des coûts ultraconcurrentiels. Le manque
de main-d'oeuvre locale les oblige à faire venir des milliers d'ouvriers
de l'empire du Milieu. Ce sont eux qui réalisent les premiers grands
projets, notamment l'hôtel Sheraton, les cités AADL (pour Agence
nationale de l'amélioration et du développement du logement) ou encore
le nouveau terminal de l'aéroport d'Alger.
Le ministère de la Justice leur a confié la construction d'une
douzaine de prisons, le ministère des Affaires étrangères son nouveau
siège au style néomauresque, et le ministère des Affaires religieuses la
nouvelle grande mosquée d'Alger, avec son minaret qui culminera à
270 m. Pour arrondir les fins de mois, certains travailleurs chinois
n'hésitent pas à travailler comme maçons ou carreleurs pour le compte de
particuliers. D'Oran à Annaba, en passant par Alger et Blida, de
nombreuses villas ont été construites de manière informelle par une
main-d'oeuvre rapide et bon marché.
C'est aussi au cours des années 2000 que les premiers commerçants
chinois ont fait leur apparition dans les rues des grandes villes. Ils
appartenaient aux premières vagues d'ouvriers recrutés par les
entreprises de construction et ont choisi de rester une fois leurs
contrats arrivés à terme. Ces Chinois figurent d'ailleurs parmi les
fondateurs du mini-Chinatown du quartier Boushaki. Selon l'ambassade de
Chine, la communauté est estimée à 35 000 personnes.
« On s'adapte »
Michel - il a adopté un prénom français - est le représentant en
Algérie de Faw, un important constructeur automobile présent aussi au
Kenya, en Tanzanie, au Cameroun et en Afrique du Sud. « Comme partout
dans le monde, on imagine toutes sortes de choses à notre propos,
dit-il. Mais, en réalité, il n'y a aucun réseau ou système occulte.
L'Algérie est un pays très intéressant, on s'y adapte facilement, malgré
quelques problèmes de communication. Les Chinois y viennent uniquement
pour travailler. Certains ont réussi à se marier avec des Algériennes,
mais, sincèrement, je ne pense pas qu'ils aient l'intention de
s'installer définitivement. »
Après trois années passées à Alger, Michel a terminé sa mission au
début du mois de juillet. Son rôle ne consistait pas seulement à
introduire la marque Faw sur le marché local. Il devait aussi établir
les bases nécessaires à l'installation de l'ensemble des constructeurs
chinois. « Pour la Chine, le marché automobile algérien est très
important », assure-t-il. Les chiffres lui donnent raison. Les
importations de véhicules ont bondi de près de 49,1 % durant les six
premiers mois de 2012, à 263 787 unités.
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Tarek Hafid, à Alger
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