RUINES CENTRALES :
—L'AMPHITHÉATRE.
— LE TEMPLE PAIEN.
— LA PYRAMIDE.
— LA BELLE FONTAINE.
— LE CHATEAUD'EAU.
De l'autre côté du musée, près d'un quinconce
d'eucalyptus, gisent les ruines parfaitement reconnaissables
d'un amphithéâtre. Nul besoin de
notions techniques pour suivre le tour de l'arène
et distinguer les voûtes inclinées qui, supportant
les gradins, servaient en même temps de « foyer »
aux gladiateurs, de cages aux bêtes féroces ou de
réservoirs à l'eau destinée à changer l'arène en un
lac pour les naumachies.
Auprès de Tipasa, Cherchel avait aussi son
amphithéâtre.
Que de pierres, que de pierres ! brutes, taillées,
carrées, oblongues, de toute forme et de toute
couleur. Le sol en est jonché, le mur qui clôt le
champ que nous explorons en est fait. La plupart,
dispersées, ne tiennent plus à l'histoire humaine
que par la marque du ciseau qui les a jadis façonnées.
On compte celles qui, jointes encore et
cimentées, attestent le travail du maçon et de
l'architecte.
Voici, par exemple, à l'ombre d'un élégant bouquet
d'oliviers, un amas dans lequel on croit
reconnaître le plan et la disposition d'un temple.
Le paganisme fut la religion de Tipasa avant que
le christianisme y vînt dresser ses autels. Les deux
religions durent ensuite vivre longtemps côte à
côte. Les sarcophages de marbre dont j'ai parlé
ci-dessus, l'un avec sa scène mythologique et
l'autre sa fiction biblique, viendraient à l'appui de
cette hypothèse.
Non loin de là, vers l'ouest, s'étend, dans les
chardons, un bloc rompu en trois morceaux et
qu'au premier abord vous prendriez pour une
simple roche. C'est une pyramide octogone. On
en peut compter les faces, où le ciment adhère
encore avec une tenacité remarquable. Elle surmontait,
à deux pas de là, un édifice mortuaire,
un colombarium, dont les niches n'ont éprouvé
que peu de dégradation. Nous reviendrons sur
cette singulière espèce de tombeaux en visitant la
nécropole de l'ouest, où leur nombre paraît avoir
été considérable.
L'endroit où nous nous trouvons devait être,
sans nul doute, un centre riche et vivant, la
Chaussée d'Antin de Tipasa. Nous y rencontrons
encore une magnifique fontaine ou les colonnes,
les statues, le marbre et le bronze étaient prodigués.
L'effet en est vraiment théâtral, même à
l'état de débris, et l'on se refuse à croire que de
vils bestiaux, fut-ce même le cheval impérial de
Caligula, aient été, dans l'origine, admis à se
désaltérer à ces abreuvoirs circulaires, d'un style
si délicat, avec leurs parois sculptées et leurs élégantes
corniches. Il est à supposer qu'au temps
de la splendeur de Tipasa, elle n'avait d'autre
objet que l'ornement du quartier, les particuliers
tout au plus ayant eu le droit d'y puiser ; et que
plus tard seulement, dans les jours d'abandon et
de décadence, lorsque temples, églises, palais n'abritaient
plus qu'une poignée de pâtres ou de
brigands, la fontaine fut vouée aux plus profanes
emplois.
Berbrugger raconte assez plaisamment, dans les
Annales africaines, qu'avant les fouilles régulières
destinées à recueillir les objets d'art et de prix de
l'endroit, une belle statue de marbre blanc fut
découverte auprès de la fontaine, mais que peu
d'amateurs en purent jouir, certain particulier
de Marengo n'ayant rien eu de plus pressé que
de la faire équarrir pour en tirer un bénitier. Les
plus crédules ne sont pas toujours ceux qu'on
pense.
Enfin, et dans les mêmes parages, car la place
est féconde et mérite d'être examinée pierre à
pierre, une porte cintrée, à la suite de laquelle se
trouvent plusieurs marches, vous conduit clans une
chambre basse et voûtée comme une cave. Un
rebord saillant règne autour et permet de s'y
reposer. La paroi du fond semble étrange et déconcerte
l'investigateur. On la croirait ornée d'un
revêtement sculptural, tant les dessins en sont
réguliers et polis. Ce prétendu revêtement n'est
autre chose qu'un dépôt calcaire, sorte de stalactite
formé par le glissement prolongé des eaux. Nous
sommes dans un réservoir, ou regard de distribution.
L'eau du Nador, amenée par les grands
aqueducs dont nous avons suivi les traces au
débouché de la forêt de Marengo, entrait dans le
regard par un trou qui subsiste encore au haut de
l'incrustation, séjournait plus ou moins longtemps
et ressortait par un autre trou que l'on retrouve
aussi sur la droite, oblitéré par le dépôt des sels.
Mais le soleil a disparu, et tandis que regard,
fontaine, pyramide, amphithéâtre s'effacent envahis
par l'ombre du crépuscule, un vieux mur qui
déjà s'était fait remarquer, le jour, par les assises
disloquées de ses grosses pierres de taille, mais
auquel, faute de savoir à quel édifice le rattacher,
nous n'avions accordé qu'une médiocre estime,
prend tout à coup des proportions énormes. Sa
silhouette dentelée, fendillée, éventrée et se détachant
en vigueur sur le ciel clair du couchant,
joue, de certains points de vue, l'arc de triomphe.
Les Romains vainqueurs sont passé par là ! Faisons
dix pas, c'est un portique, un aqueduc; et
le profil changeant encore à mesure que nous
marchons, la vision devient fantastique On dirait
un monstre, un léviathan.
.
LES MONUMENTS ANTIQUES :
LE FORUM, LE CAPITOLE, LA CURIE ET LA BASILIQUE
Cet ensemble, découvert en 1914-1916, couronne la colline centrale qui s'appelait, dans l'Antiquité, la colline des Temples.
Une place de 50 mètres sur 27, au dallage intact, et encore bordée de son caniveau d'écoulement' des ,eaux, le Forum occupe le centre d'un groupe de monuments et forme le cœur de la vie civile de la petite cité. A l'Est, précédé d'un perron qui servait de tribune aux harangues, c'est la Curie, siège du Conseil Municipal ; au Nord, c'est le soubassement d'un Capitole, à trois chapelles : Temple de Jupiter, Junon et Minerve, ;à l'Ouest, en contrebas de quelques marches et au delà d'une galerie couverte ou cryptoportique, c'est une basilique civile, tribunal et siège de la vie économique. Une belle mosaïque représentant des Maures captifs en ornait l'abside. Au Sud, enfin, le Forum donnait sur la ville 'étendue à ses pieds 'et un vaste escalier monumental à deux rampes permettait d'y accéder.
.
L'Amphithéâtre Romain
.
Le Théâtre Romain
.
Les Eglises
Le Nymphée
Les commentaires récents