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De son histoire on sait peu de chose ; on vient tout récemment d'acquérir la preuve qu'un comptoir carthaginois y était établi vers le cinquième siècle avant notre ère.. Il se trouvait aux abords du petit port actuel, là où de nos jours les pêcheurs tirent encore leurs barques à terre.
Quelques tombes au mobilier intact lampes, poteries, verreries d'importation grecque et orientale sont les plus anciens vestiges de la présence historique de l'homme.
Plus tard, il faut descendre jusqu'au milieu du premier siècle de notre ère pour trouver une précision nouvelle : Tipasa était en 40 ap. J. C. lorsqu'une province romaine, la Maurétanie Césarienne remplaça le royaume de Juba et de Ptolémée, une colonie latine, tout comme sa voisine Icosium (Alger), et elle fut élevée au rang de colonie romaine sous Hadrien ou Antonin, au milieu du deuxième siècle de notre ère, promotion que n'a peut-être pas connue Alger.
Le silence à nouveau se fait sur son histoire, puis, avec le christianisme, elle reparaît à la lumière. C'est d'abord par le martyre de la petite Sakba, mise à mort pour avoir brisé une idole et dont le corps, retiré des flots fut pieusement enseveli sur la colline qui domine la ville à l'Est. C'est ensuite le siège infructueux du révolté Firmus, qui, vainqueur à Césarée (Cherchell) et à Icosium (Alger), dut s'avouer vaincu à Tipasa (372 ap. J.C.).
Ce furent les luttes entre les catholiques et les donatistes, où les premiers l'emportèrent.
C'est l'invasion vandale, la fuite de la population en Espagne dit-on, le martyre de quelques habitants qui étaient demeurés là poing droit et langue coupés ; ils n'en continuèrent pas moins à proclamer leur religion.
C'est sur ce miracle que se clôt l'histoire ancienne de Tipasa qui fut, peut-être, réoccupée par les Byzantins et habitée, dans ses ruines pendant des siècles par des Berbères. Des Maures, expulsés d'Espagne, ne purent s'y maintenir à cause du voisinage incommode, du Chenoua.
Cette solitude et cet abandon expliquent la conservation des vestiges antiques et, aussi, jusqu'à présent, la beauté du site. Louis
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LESCHI Correspondant de l'Institut, Directeur des Antiquités de l'Algérie.
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