Je sais le mépris dont on a pu entourer les Algériens globalement. Je sais aussi les caricatures de l’islam qu’encourage un certain idéalisme.Il est trop facile de se donner bonne conscience en identifiant cette voie religieuseavec les intégrismes de ses extrémistes.L’Algérie et l’islam, pour moi, c’est autre chose, c’est un corps et une âme. Je l’ai assez proclamé, je crois, au vu et au su de ce que j’en ai reçu, y retrouvant si souvent ce droit fil conducteur de l’Évangile appris aux genoux de ma mère,ma toute première Église, précisément en Algérie, et, déjà,dans le respect des croyants musulmans.
Frère Christian de Chergé,
le 1er janvier 1994
Tibhirine
Christian de Chergé a voulu laisser une trace sur ses motivations profondes au cas où il serait victime du terrorisme. Il pressentit son enlèvement et envoie à sa famille une lettre scellée, portant ces mots : « Quand un À-Dieu s'envisage ». Il a écrit ce document en deux fois : le 1er décembre 1993 et le 1er janvier 1994. Le texte a été confié au journal La Croix, peu de temps après l'annonce de sa mort, et publié le 29 mai 1996. Il est connu sous le nom de « testament spirituel de Christian de Chergé.
« S’il m’arrivait un jour - et ça pourrait être aujourd’hui - d’être victime du terrorisme qui semble vouloir englober maintenant tous les étrangers vivant en Algérie, j’aimerais que ma communauté, mon Église, ma famille, se souviennent que ma vie était DONNÉE à Dieu et à ce pays [...] Et toi aussi, l’ami de la dernière minute, qui n’auras pas su ce que tu faisais, oui, pour toi aussi je le veux, ce MERCI, et cet « A-DIEU » envisagé pour toi. Et qu’il nous soit donné de nous retrouver, larrons heureux, en paradis, s’il plaît à Dieu, notre Père à tous deux. »
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