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Française de nationalité, et algérienne de cœur, Annie Fiorio-Steiner a participé à la Révolution et a épousé sa cause.
Un bout de femme frêle marche difficilement au milieu d’un environnement indifférent le long du port de Tipasa, accompagnée par un moudjahid déjà connu, en l’occurrence Hadj Basta Arezki.
C’est la moudjahida Annie Fiorio-Steiner. Cette enfant de pieds-noirs, née le 7 février 1928 à Hadjout (Tipasa), avait adhéré corps et âme à l’Algérie, son pays, pour lutter contre le colonialisme français.Arrêtée par la police coloniale en 1956, elle passe 5 années en prison. Puis, enfermée dans 3 prisons en Algérie (Serkadji, El Harrach, Blida) avant qu’elle ne soit transférée dans 3 autres prisons françaises jusqu’à sa libération. Elle sera soumise à une interdiction de séjour en Algérie jusqu’à l’indépendance du pays. De 1962 à 1991, Annie Fiorio-Steiner a été fonctionnaire au Secrétariat général du gouvernement algérien. Elle est venue à Tipasa, en 2011, revivre des instants d’émotion intense en plongeant dans ses souvenirs d’enfance.
«C’est dans cette maison de ma grande-tante maternelle, voyez-vous, que j’avais été baptisée en 1928. Je me souviens du grand salon, mon grand-père, Fiorio, était le SG de la mairie de Tipasa. Ma famille respectait son jardin, y compris les colonnes romaines plantées au milieu de la verdure ; tenez, les voilà, c’est extraordinaire, tout cet endroit n’a pas disparu, c’est formidable», s’exclame-t-elle. Un long et lourd silence s’abat spontanément. Annie Fiorio-Steiner est à ce moment-là aux anges. Elle lance des regards furtifs vers cette maison qui a gardé son architecture.
Cette demeure se dégrade aujourd’hui. Elle est érigée au pied de la colline du port sur laquelle avait été construit le phare de Tipasa. Mme Annie Fiorio-Steiner murmure quelques mots inaudibles. Son visage n’a pas pu dissimuler l’émotion vive de la moudjahida. Elle commence par nous rappeler l’ambiance familiale qui régnait à cette époque. Son accompagnateur exceptionnel, Hadj Basta Arezki, une personnalité qui s’était engagée dans le mouvement national depuis le mois d’avril 1945 jusqu’à l’indépendance de notre pays, assiste discrètement à la joie de la moudjahida dans un silence religieux. Un détour à l’ancienne église de Tipasa, devenue depuis le début des années 2000 une bibliothèque communale, et un regard vers l’ancien siège de la commune de Tipasa transforment cette dame âgée de 84 ans, ivre de bonheur.
«Terminer l’année 2011 avec autant de paysages paradisiaques dans la ville de mon enfance, une plongée inattendue dans mes lointains souvenirs, accompagnée par un grand frère moudjahid, Hadj Basta, et une journée ensoleillée, franchement, je ne m’attendais pas à cette surprise. Vous voyez que notre pays est grand, très beau, il mérite beaucoup d’attention et de protection, afin de permettre à tous les Algériens de vivre dans la sérénité et la prospérité», confie-t-elle.
En répondant à notre question relative à sa pension de moudjahida, elle répond simplement : «Je n’ai pas besoin de cette pension. Je ne l’ai pas demandée, ma retraite de fonctionnaire me suffit largement. Je préfère que ma pension profite aux familles algériennes qui sont dans le besoin. Je ne suis pas une femme qui dépense beaucoup d’argent.»
A l’issue d’un copieux repas, constitué de crustacés et mollusques, la moudjahida, Annie Fiorio Steiner, est repartie à Alger rejoindre son appartement, qui menace ruine, les larmes aux yeux. Les nuages commencent à envahir le ciel de Tipasa. La pluie fine se met à tomber...
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