Albert Camus est mort il y a 51 ans dans un accident de voiture. Mais un troublant témoignage remet en question les circonstances de la mort de l'écrivain.
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Le 4 janvier 1960, la voiture qui transporte Albert Camus s’écrase violemment contre un arbre. L’écrivain, alors âgé de 47 ans, décède sur le coup. Son ami Michel Gallimard, neveu de l’éditeur, est au volant. Il succombera à ses blessures quelques jours plus tard.
A l’époque, la version de l’accident ne fait aucun doute. Les journaux donnent une retranscription précise des faits, à l’instar de cette édition du Monde datant du 6 janvier 1960:
«D’après les premiers témoignages, la puissante automobile qui roulait à une très vive allure - 130 kilomètres à l’heure selon certains - a brusquement quitté le milieu de la route, toute droite à cet endroit, pour s’écraser contre un arbre à droite de la chaussée. (…) D’après les premières constatations de la gendarmerie, l’accident aurait été provoqué par l’éclatement d’un pneu gauche, mais cette version n’est pas encore confirmée. Il n’est pas impossible que le conducteur ait eu un malaise.»
Un témoignage oublié
Mais voilà... Et si Camus n’avait pas été la victime d’un banal accident de la route, mais d’un assassinat? C’est l’hypothèse un peu folle qu’avance le quotidien italien Il Corriere della Sera, plus de 50 ans après les faits.
Le média transalpin relate ainsi la découverte qu’a faite l’universitaire et poète slave Giovanni Catelli à l’issue de sa rencontre avec Maria Zabrana, veuve de l’écrivain et traducteur tchèque Jan Zabrana. A l’issue d’une discussion sur le journal intime de son défunt mari, "Toute une vie", Maria Zabrana a fait mention d’un passage troublant, uniquement présent dans la version tchèque de l’ouvrage, qui fait référence à une rencontre que Jan Zabrana a faite dans les années 80.
«D’un homme qui sait beaucoup de choses, et qui possède les bons tuyaux, j’ai entendu une chose très étrange, retranscrit le quotidien. Il affirme que l’accident de la route en 1960 dans lequel est mort Camus a été arrangé par les services d’espionnage russes. Ils ont endommagé un pneu de l’automobile grâce à un instrument sophistiqué qui à haute vitesse a coupé ou bouché celui-ci. L’ordre a été donné personnellement par le ministre Shepilov, comme «récompense» pour l’article publié dans «Franc-Tireur» en 1957, dans lequel Camus, en référence aux événements en Hongrie, avait attaqué le ministre en le mentionnant explicitement.»
A l’issue de minutieuses recherches, Maria Zabrana a réussi à identifier deux personnes comme potentiels interlocuteurs de son mari: George Gibia et Jiri Zuzanek. Tous deux appartenaient au milieu littéraire universitaire et ont fréquemment séjourné à Moscou dans le courant des années 60.
Seul Jiri Zuzanek, encore vivant, serait en mesure de confirmer - ou non - s’il a été l’informateur de Zabrana, précise encore Il Corriere della Sera. Nul ne peut dire si l'on permettra d'établir un jour avec certitude la vérité sur les circonstances de la mort du plus jeune prix Nobel de littérature.
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Lucie Monnat 03.08.2011
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Camus l’anticommuniste
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Après avoir possédé quelque temps sa carte de membre, Albert Camus rompt très vite avec le parti communiste. En pleine guerre froide, les atrocités commises à l’Est heurtent sa sensibilité d’humaniste.
Un Homme Révolté est l’une de ses œuvres les plus critiques envers le régime communiste. Pour Camus, non seulement les dirigeants de l’URSS ont trahi l’idéologie de base de Marx (la révolution devait être ouvrière, et non pas paysanne comme ce fut le cas en Russie), mais la poursuite de l’idéologie communiste s’est réalisée au détriment de la nature et la liberté de l’Homme.
C’est cependant son texte Kadar a eu son jour de peur, prononcé le 15 mars 1957 à Paris, qui lui aurait peut-être coûté la vie. Dans ce discours, écrit à l’occasion de la fête nationale hongroise, Camus condamnait fortement la répression russe en Hongrie.
«Je ne suis pas de ceux qui pensent qu’il peut y avoir un accommodement, même résigné, même provisoire, avec un régime de terreur qui a autant le droit à s’appeler socialiste que les bourreaux de l’Inquisition en avaient à s’appeler chrétiens.»
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