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Les plages rocailleuses, souvent surplombées de lambeaux de forêt frais, les aires solitaires où règnent en maître incontesté les voix souffleuses des ressacs successives des vagues de la grande bleue, ont de plus en plus la cote auprès des campeurs, jeunes et moins jeunes. Tel est le cas pour le mois de juillet qui a connu un grand rush d’estivants qui se sont installés des jours durant sur les rivages de l’ouest de la wilaya de Tipasa et sur celles de l’est de la wilaya de Chlef.
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Qu’ils soient de Blida, d’Alger, de Médéa ou d’autres wilayas du pays, ils étaient nombreux, ce mois de juillet, à opter pour des espaces sauvages, au bord de la mer ou à quelques mètres seulement d’une côte sableuse ou rocheuse, pour se permettre quelques jours de vacances, les pieds dans l’eau. Loin du vacarme qui caractérise les côtes algéroises, la côte ouest de la wilaya de Tipasa ou celle relevant de l’est de la wilaya de Chlef sont particulièrement très prisées par les Blidéens, jeunes et moins jeunes. Oued Harbil, Sidi El Djilali, Tardjilette, Edoumia, Eldjazzira, Le criquet, Le plongeoir… des endroits où le promeneur solitaire découvre, sous les bois touffus, contre toute attente, des forêts constellées par de multitudes lampes d’éclairage où se trouvent des tentes de campeurs et souvent, à côté, un groupe électrogène. Si la bourse de la plupart des ménages algériens ne permet pas de passer des vacances dans des complexes de grand luxe, ces jeunes, rencontrés à Doumia (20 km de Ténès), préfèrent plutôt racler le fond de leurs poches pour ne pas rater quelques jours de villégiature dans ces coins féériques. La plupart sont des étudiants, des petits fonctionnaires et des salariés de tout bord qui cotisent pour passer en moyenne entre 4 à 10 jours maximum. Ici, les tic-tac de l’horloge s’égrènent presque sans laisser de trace et, entre les horaires consacrés à la baignade, les déplacements pour faire des commissions, les tâches ménagères, se reposer et faire une partie de dominos, la journée défile comme dans un rêve.
LES VACANCES AUSSI EN SEPTEMBRE
Les ressacs incessants des mouvements de vagues vous projettent loin de la dimension spatio-temporelle. Voilà pourquoi ces endroits sont si attrayants. «Regardez, rien ne manque ici. Vous avez sous ces arbres touffus de l’ombre toute la journée, loin des déversements intempestifs des eaux usées, vous avez de l’eau de mer aussi pure que l’eau de roche. Nous sommes là, à la fois pour une thérapie psychologique et physique», débite un étudiant, heureux, de la wilaya de Blida. Ces campeurs ne cachent pas leur fierté quand ils jouent aux messieurs débrouillards. Entre une sono techno, histoire de rompre parfois un silence trop lassant, une partie de dominos et une bouffe bien calorique, il y a toujours des petites peurs, et c’est justement ce qui fait le charme d’un camping sauvage qui n’est pas souvent une sinécure. «Est-ce que le groupe électrogène va fonctionner, d’où ramener du carburant, y aura-t-il assez d’eau pour étancher la soif que suscitent ces lieux salés, Enfin, bref ! Mais au bout du compte, tout finira par rentrer dans l’ordre et de ces petites mésaventures, il ne restera que des beaux souvenirs», raconte un campeur. Ce qui est aussi frappant à Doumia, c’est l’absence presque quasi-totale des actes de vol et d’agression. «Vous laissez votre camping à plus de 400 m de la mer, vous allez vous baigner des heures durant sans aucune crainte pour vos bagages et soyez sûr de ce que je vous dis», assure un habitué des lieux.
Un autre point remarquable est l’hospitalité de ces villageois qui, pour certains d’entre eux, gardent le parler berbère intact et l’accent amazigh est toujours présent dans leurs conversations. «Les années passées, quand le Ramadhan ne coïncidait pas avec la saison de la figue fraîche, les villageois nous en offraient. Maintenant, les temps sont durs, les villages ont poussé, démographie oblige, mais ils sont toujours prêts à vous aider si vous les sollicitez. D’ailleurs, les produits du terroir : le pain traditionnel confectionné dans un four à bois est plus consistant et moins cher que celui vendu dans les grandes villes, les m’hadjebs sont cédés ici à seulement 10 DA, contre 20 ailleurs…», ajoute un autre. A Sidi El Djillali (2 km de Damous), Tardjilette, Oued Harbil… et loin des rivages rocailleux de Doumia, c’est plutôt une ambiance sableuse, et les campeurs qui n’ont pas assez respecté la distance de sécurité les séparant de la mer ont été surpris, plusieurs fois en cette fin du mois de juillet, par des flots de vagues furieuses qui, dans leurs replis incessants, ont charrié marmites, matelas, casseroles… Par les temps qui courent, on fait comme on peut pour échapper à l’atmosphère apocalyptique de nos villes bruyantes. Les aoûtiens qui aiment les plages vierges de Tipasa et de Chlef comptent décaler leurs vacances pour le mois de septembre. Après le répit du mois de Ramadhan, ça sera sans doute le grand retour des campeurs vers ces plages…
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