L’intérêt de cet ouvrage réside dans le fait qu’il “se situe en dehors de toute considération idéologique”, indique Brerhi, directrice de la collection Auteurs d’hier et d’aujourd’hui des éditions du Tell.
Glorifier ou condamner Albert Camus ? C’est ce schéma-là que tente d’éviter l’ouvrage de François Chavanes, Albert Camus, tel qu’en lui-même, inaugurant la collection Auteurs d’hier et d’aujourd’hui des éditions du Tell. Invité lundi dernier au café littéraire de la Bibliothèque nationale, l’auteur a donné une conférence qui jette des balises biographiques dessinant la personnalité du père de l’Étranger.
Le livre, tout à fait accessible au lecteur lambda, a été publié sur insistance du professeur Afifa Brerhi, chef du département de français à l’Université d’Alger, par ailleurs directrice de cette toute naissante collection, qui le recommande aux lycéens et aux universitaires en 1re graduation pour une introduction en douceur à l’œuvre camusienne.
L’autre intérêt de cet ouvrage réside dans le fait qu’il “se situe en dehors de toute considération idéologique”, indique Brerhi qui en a signé la préface. Le premier chapitre effectue des éclairages sur les évènements qui ont marqué la vie de l’écrivain en s’appuyant sur des récits autobiographiques, contenus notamment dans Carnets et Le premier homme, publié à titre posthume chez Gallimard en 1994, où l’auteur raconte son “enfance pauvre et heureuse”.
Le deuxième, s’intitulant Synopsis des œuvres d’Albert Camus, retrace la courbe de sa pensée camusienne. Les troisième et quatrième chapitres reviennent, en proposant une sélection de textes, sur les principaux thèmes abordés par l’écrivain.
D’abord, l’Algérie, “cette terre du bonheur, de l’énergie et de la création” ; suivie de la religion : “Je ne crois pas en Dieu, c’est vrai. Mais je ne suis pas athée pour autant.” Enfin, la recherche d’une conduite : “Ce qui m’intéresse, c’est de savoir comment il faut se conduire. Et plus précisément comment on peut se conduire quand on ne croit ni en Dieu ni en la raison.” Le cinquième chapitre propose une analyse des différents styles d’écriture que le prix Nobel de littérature (1957) a utilisé tout au long de son parcours.
Le dernier, enfin, ouvre une tribune à différentes personnalités pour des commentaires et réflexions laissés à la libre appréciation du lecteur.
On peut ainsi y lire les griefs faits par Ahmed Taleb Ibrahimi à son encontre, consignés dans son livre De la décolonisation à la révolution culturelle (Sned, Alger, 1973). En conclusion, il décrète que “le titre de Camus l’Algérien (…) Camus ne l’a pas mérité. Il restera donc pour nous un grand écrivain ou plutôt un grand styliste, mais un étranger”.
Faisant référence à ses articles sur la misère en Kabylie (Alger Républicain 1939), l’écrivain Mouloud Feraoun, dans une lettre adressée à Camus en 1958, reconnaissait quant à lui : “Lorsque je lisais vos articles dans Alger républicain, ce journal des
Edition du Mercredi 15 Juin 2005
instituteurs, je me disais : “Voilà un brave type.” Et j’admirais votre ténacité à vouloir comprendre votre curiosité faite de sympathie, peut-être d’amour.”
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Djamel Belayachi
François Chavanes, Albert Camus, tel qu’en lui-même, éditions du Tell, Collection Auteurs d’hier et d’aujourd’hui, mars 2005.
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