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Les années d’enfance y furent courtes et les
souvenirs heureux, volés à la folie des hommes et du monde. Je n’ai
retenu que de rares escapades non loin de la ville où j’ai quand
même eu le droit de connaître un peu de cette nature grandiose qui nous
entourait. Et si ma mémoire ne se souvient pas de
Tipasa et de Djemila en 1954, c’est bien la mer qui a laissé en moi
l’empreinte la plus forte…une caresse bleue et limpide sur mes jeux
d’enfants dans la nature odorante de
l’été,
« …l’incessante éclosion des vagues sur le sable me parvenait à travers tout un espace où dansait un pollen doré. Mer, campagne, silence, parfum de cette terre, je m’emplissais déjà d’une vie odorante et je mordais dans le fruit déjà doré du monde, bouleversé de sentir son jus sucré et fort couler le long de mes lèvres. Non, ce n’était pas moi qui comptais, ni le monde, mais seulement l’accord et le silence qui de lui à moi faisait naître l’amour.»
(Albert Camus - Noces à Tipasa)
Puis les vents impérieux m’ont poussé vers d’autres rivages m’arrachant à ceux qui m’avaient vu naître. Moi qui insouciante enfant, n’avait jamais imaginé partir pour toujours de l’autre côté.
« J’ai grandi dans la mer et la pauvreté m’a été fastueuse, puis j’ai perdu la mer, tous les luxes alors m’ont paru gris, la misère intolérable .»
(Albert Camus -L’Eté- (La mer au plus près 1953)
Jeune encore j'ai découvert Albert Camus...
Noces et l’Eté, ô combien de fois lus avec émotion et presque religieusement…le retour au Tipasa de mon subconscient, l’impossible retour réel décrit avec tant d’amour et de poésie brûlante, cher auteur... qui racontait enfin ce dont mes yeux ne se souvenaient pas : Tipasa, que j’avais parcouru aux bras de ceux, qui eux aussi, aimaient ces lieux…
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...merci d'avoir lu ces quelques lignes où les mots sont venus dire souvenirs et sensations...
Par Dominique Beretti
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