Roman
Le Chemin de l'éternité raconte l'histoire douloureuse d'une femme ; c'est elle qui raconte...Amina a été violée par son père, émir islamiste... Elle accouche de son enfant, elle va à l'université sur les hauteurs d'Alger et se retrouve prostituée de luxe... Elle devient proche d'un agent du DRS qui est tout de suite assassiné par ses pairs, avant de tomber amoureuse de Michel, un diplomate français... L'un des frères de cette femme est tué par les gendarmes durant le Printemps noir de Kabylie... Derrière le vécu d'enfer de cette femme, on voit toutes les dérives du régime algérien, toutes les interminables manipulations des décideurs de l'ombre... Le Chemin de l'éternité contient également des plongées historiques dans le passé d'Alger, de Bougie...On trouve aussi dans le Chemin de l'éternité les moments forts vécus par les membres de la famille de Michel, nés en Algérie et obligés de quitter leur patrie en 1962...
Un Extrait :
" (...)C'était dans le musée Bardo, endroit calme et peu visité, que Michel m'avait raconté l'histoire de sa famille. Auparavant, il ne voulait pas me dire que son grand-père était enterré au cimetière chrétien de Ain Benian. Tout en parcourant, la partie du musée datant de la période coloniale, Michel me racontait la vie de Laurent, son grand père, arrivé à Alger tout juste après la première guerre mondiale où périrent 25000 Algériens et 22000 Français d'Algérie. Laurent avait perdu son père dans ce conflit et venait en Afrique du nord pour oublier les horreurs de cette effroyable guerre. L'enseignement était sa vocation, il fut affecté à l'école normale de Bouzaréah, sur les hauteurs de la ville d'Alger. Pendant des années, il aidait à la formation des instituteurs algériens. Laurent Cadet avait contribué, en 1922, à la création d'une revue, La Voix des humbles qui était un organe de liaison entre les instituteurs algériens. Ces lettrés dans la langue de Victor Hugo étaient fascinés par la France de la démocratie, de la solidarité et de la justice ; une France différente de celle des colons qu'ils voyaient dans leur vie de chaque jour. Tout en se sentant profondément musulmans, ces enseignants croyaient vraiment à l'assimilation ; ils croyaient pouvoir concilier les Algériens et les Français. Ils rêvaient d'un monde mixte, d'une autre configuration qu'Albert Camus avait appelée « le troisième camp », mais la France n'avait pas donné aux Algériens la possibilité devenir des citoyens. Laurent Cadet s'était marié, un peu sur le tard, bien après la Belle époque, avec Annie, une fille née à Alger, dont le père était arrivé dans la cité en métamorphose, El Bahdja, le siècle d'avant. Laurent Cadet n'avait eu qu'un seul fils, André, le père de Michel. Le grand-père de Michel chérissait la mer et disait à ses proches qu'il ne pouvait pas vivre un jour sans la voir. Laurent Cadet s'était installé, durant toute sa vie, dans une coquette bâtisse, au bord de la mer, à Guyotville, aujourd'hui Ain Benian, à l'ouest d'Alger. C'est d'ailleurs dans le cimetière de cette bourgade maritime qu'il fut mis sous terre lorsqu'il succomba à une crise cardiaque en 1950. Laurent Cadet avait difficilement supporté les dix dernières années de sa vie, il était peiné par le fossé qui ne cessait de grandir entre les Algériens et les Français. Il était d'abord révolté par l'engouement des Français d'Algérie pour l'idéologie pétainiste ; les habitants d'Alger, y compris ceux de gauche, adhérèrent à un racisme profond. Seuls les communistes, les francs-maçons et les juifs ne trouvèrent pas leur compte avec le régime de Vichy. Le décret Crémieux était aboli et les Juifs perdaient leur citoyenneté ; ils devenaient subitement des sous-hommes. Certains d'entre eux étaient envoyés dans des camps de travail que dirigeait la Légion , on avait même interdit l'école à des enfants juifs. Le clergé donnait sa bénédiction à ce processus xénophobe et les Français d'Algérie saluaient la politique du Maréchal qui leur donnait le monopole des initiatives. Laurent avait accueilli avec joie le débarquement américain à Alger. Le 8 novembre 1942, il y avait eu des échanges de coups de feu pendant vingt quatre heures ; les Français d'Algérie répliquaient au déferlement yankee. Mais l'affrontement ne dura pas, les Jeep américaines rentraient dans Alger et les JI distribuaient du pain blanc, du chocolat et des chewing-gums. Puis ce fut la déception : les Américains prenaient les plus belles villas de la ville, mangeaient à leur aise alors que la famine sévissait dans les rues de la cité conquise(...)"
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