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Le poème Le jardin de l’indépendance existe dans une version au brouillon et plus courte qui s’intitulait Le cerisier, avec noté au crayon au-dessus Le jardin. La seconde version définitive comporte cinq strophes qui complètent la première.
Ecrit à Alger le 3 juillet 1962 - ( pour que le bonheur participe à la joie. )
On ne présentera personne
On entrera à pas légers
On ira sous le cerisier
Dans l’odeur du géranium
Il y aura dans l’air des fumées
Des cris d’enfants dans les impasses
Tout se dissoudra dans l’espace
Comme la menthe dans le thé
On respirera le rosier
On parlera à mots légers
Et dans l’ombre du cerisier
Chacun se dira : c’est l’été
On se passera les cerises
Dans les grands paniers d’osier
Quelqu’un pensera à la brise
Qui souffle l’été sur les blés
Il y aura une odeur de jasmin
Des rires de femmes entre les branches
Elles viendront au fond du jardin
Tenant la jarre sur les hanches
Ce sera le soir sur la baie
Le ciel changera le cyprès
Les nuages seront orangés
Chacun pensera : c’est la paix
On entendra un air de danse
On parlera de l’Algérie
Des Aurès de la Kabylie
On regardera en silence
Un arbre vert contre un mur blanc
Puis une étoile vers l’orient
La lune en son premier quartier
Aux cinq branches du cerisier
On se posera des questions
Celles de l’homme et des saisons
On parlera du lendemain
Et l’un dira pour tous ses frères :
Quand on a partagé la terre
On peut partager le jardin
Jean Pélégri
Ce texte a été publié dans le recueil Les deux Jean Jean Sénac l’homme soleil Jean Pélégri l’homme caillou, Correspondance 1962-1973 Poèmes inédits textes réunis par D.Le Boucher Co-Ed. Chèvre Feuille étoilée et Ed. Barzakh, Montpellier, Alger, 2002.
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