Catherine Camus aujourd'hui.Ecoutez la :
En 1944, mon père
rencontre Maria Casarès. Ils travaillent ensemble, au théâtre. Ils
s'aiment aussi, d'une passion dévorante. Quand Maman revient d'Algérie,
ni mon père ni ma mère ne savent comment ils vont se retrouver. André
Gide a loué un studio à mon père, rue Vaneau. Maman me racontait qu'il
y faisait si froid qu'il y avait de la glace dans les rainures du
parquet. Mes parents ont dû se retrouver tout de même, puisque quelques
mois plus tard, en septembre 1945, nous sommes nés, mon frère jumeau
Jean et moi. La vie n'était pas simple. Quand Maman était enceinte,
elle avait demandé des bons d'alimentation pour deux bébés. On lui
avait répondu : « Ce n'est pas la peine. L'un des deux peut mourir. »
Mes parents n'ont pas d'appartement à eux. On campe chez des amis, à
Paris, ou à la campagne. Chez Michel Gallimard, à quatre pattes, on a
grignoté « la Condition humaine ». Le livre ! Et pas n'importe lequel :
l'original ! Quand Papa a fait, en 1946, un long voyage en Amérique, il
en a rapporté des kilos de chocolat, de sucre, de farine, de riz, d'œuf
en poudre ; 14 kilos de savon, et 15 kilos d'aliments pour bébés.
Papa continue à écrire ses livres, ses pièces. Maria, elle, joue.
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