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Du feu sur la pierre du Prophète,
Et un souffle de la sourate d’Al-Israa dans l’esprit de la ville,
L’invocation du figuier, de l’olivier, sur Jabel Mukaber,
Sur la lumière des murs, l’espace s’élève au-dessus de l’espace.
Al-Qods est la terre de Dieu,
La demeure du soleil,
Le cantique des étoiles,
Et les fascinants mystères des paroles des prophètes.
C’est pour elle que le muezzin ablue les horizons, Avant l’aube,
Quand montent, avec leurs enfants, sur ses toits
Ceux qui marchent vers Dieu avec une rose de pudeur au front.
Al-Qods c’est Khan Al-Zeit,
L’arc du parfum
L’arche de la soie,
Et le sucre des marchés,
La porte de la lumière,
Les grappes de raisin rouge des pampres aux fenêtres,
Le frisson du diamant,
La voix de la source,
La patience infinie
Et l’espérance.
***
Al-Qods est la plus proche qui soit du Prophète,
Le Maître est venu à elle du rocher du sud,
Croyant en un seul Dieu,
Et les Envoyés ont marché vers elle,
Du Père accablé de tristesse,
A celui qui s’est approché, qui a vu et qui a prié,
Et ceux qui ont cru après lui
Moïse, Yahya, le Fils de Marie,
Et celui qui a chanté, et l’écho des montagnes a répondu à son chant, et Loth,
Et celui qui fut sauvé par le Seigneur du Trône et le Puissant Allié
Et celui qui a prié, qui est revenu à Dieu et qui fut écouté
Et le Charpentier, le Ressuscité et l’Aïeul qui est parti,
Et celui qui fut tué par trahison,
Et l’homme doué de raison,
Et celui qui a appelé et le ciel l’a exaucé.
Al-Qods est notre enfant à laquelle ils ont coupé les tresses
Avec des questions de haines, d’intrigues et de guerres,
Eux, ils ont altéré l’or de l’aube sur ses minarets,
Et le crépuscule s’est emparé d’elle,
Ils ont fait migrer ses oiseaux après avoir détruit ses minbars
Et elle s’est perdue par les chemins,
Ils l’ont éloignée des visages de sa famille
Ils l’ont exilée loin des espoirs de son cœur prophétique au nom de la paix
Ils l’ont menée dans les bras de celui qui a violé l’enfance
Et l’air et les lys.
Al-Qods n’est plus la mariée
La fleur des villes nobles …
La voici qui résiste, subit les vicissitudes du sort, et se réveille
Sur la substance des ténèbres.
***
Elle a chu du frêle harnais,
Et elle n’était dans la chevauchée
Qu’à peine un pâle passage
Autour de la montée dans la nuit du mieraj …
On avait oublié dans la captivité celle qui lui a donné la vie,
Et les rangs n’ont gardé que ce qui restait
De ses tresses sur les portes …
Celle-ci n’est pas Al-Qods qui repliait ses ailes
Sur l’icône du prêtre et le cheikh de la Ville-Sainte !
Elle est l’errance des lieux, et le don maternel et les pensées,
Du mausolée de la mer
Jusqu’au lac du fleuve sacré
Où ce que nous appelons Yafa, et la vénération,
Et Bethléem et le visage de Gaza, et l’amitié,
Et le sable du désert du sud
Et le Carmel des vagues qui regardent le phare
Et le mur d’Acre et les champs
Et le promontoire de Haïfa, vers Al-Arich,
Et le feu obstiné du mont Ebal
Et le lys des collines dans la vigne du martyr
Jusqu’au giroflier du lac
Et les épis dans les prés
Et là où habite son Seigneur dans le secret,
Si elle est, c’est qu’Il est
Si elle vient, Il vient…
Et si elle veut … Il le veut.
***
(…. /….)
Et un fou qui vend le vent a dit :
Je n’ai pas trouvé la ville dans la ville,
J’ai voyagé dans le lointain,
Ou dans le jeu de l’Histoire,
Si nous étions passionnés, nous restions éveillés
Et si nous étions pénétrés par le feu, nous dormions,
Et des moments de la nuit étaient la violette du tendre coton
Et si nous nous réveillions, l’âme avait quitté l’amphore,
L’essence des choses,
La vie est une maison avec des enfants qui jouent
Et des femmes qui font bouillir le lait dans la nuit
Pour la grande fête,
Et quand ils sont arrivés, nous nous sommes brisés
Comme un minaret et nous ne voyions plus
Dans un morceau de gâteau l’amertume et le réconfort,
Nous dormions comme dort la maison,
Ou nous pleurions comme pleurent les murs,
Et les chemins riaient en nous ou riaient de nous,
Mais nous étions là,
Comme la montagne, avec les chemins dans ses bras,
Et à la première lueur de son aube, le crépuscule du soir,
Et à son sommet, une couronne d’aiguilles
de pin et des oiseaux,
Et dans ses entrailles, les volcans avides de sang,
Et dans les figues il n’y avait ni épines
Ni feu,
Le monde était composé de mouchoirs
Qui acclamaient les pierres et les villes,
Et à peine avions-nous atteint la sagesse des passionnés
Que l’homme fou de douleur est mort dans la ville
Il a abondé en poésie et s’est abreuvé de sable
Il est le plus magnifique des malades
Qui se sont incarnés dans les flots entrelacés de la profonde rivière
Ah ! S’il n’avait été qu’un peu fou
Les vilains l’auraient alors blâmé
C’est lui qui est apparu, à lui nous retournerons demain
Pour commencer à nouveau à nous demander : Quand
Est-ce que les demeures vont-elles nous libérer
Du martyre, des funérailles et des pleurs sur nos morts ?
Qui montrera notre secret dépourvu d’espoir Sur la pierre du soir,
Et comment prendre la graine des seins
De la robe de l’appel,
Et où planterons-nous le cierge du moineau
Si l’espace se resserre,
Et que va-t-il rester ici
Dans l’absence du fou des vents
Loin des fenêtres ouvertes à l’air libre ?
***
Et je vois le khalife sur son chameau prononçant
la grandeur de Dieu,
Lorsque s’est déployée devant lui l’éminence de la terre
Il n’a pas voulu blesser l’Evangile,
Il a prié tout près de lui, et ils se sont enlacés dans un serment indestructible
Ô chemin du Calvaire, mon habit est pour toi,
Un voile …
Et prends le Croissant pour qu’il donne
la lumière à tes pas.
***
Al-Qods c’est Marie qui vient avec l’enfant de ses entrailles
Alors que l’univers est un massacre des enfants qui naissent
Et les larmes d’une mère portant le deuil de son enfant sont piétinées par les chevaux,
Al-Qods est la rose de notre cœur assassiné
L’Andalousie de la nostalgie
Où s’éloigne le basilic du deuil de ses paradis.
***
Al-Qods, après l’heure de midi,
Quelques jours avant le grand sinistre,
Se rappelle et rappelle l’histoire des martyrs,
Qui sont montés peu à peu vers les murs
Qui ont marché vers les vallées,
Ils n’étaient pas nombreux, à peine cinquante hommes,
Mais les hommes qui, ensemble, s’en vont appeler à la guerre sainte
Sont sublimes …
Et les cercueils ont été mis, l’un à côté de l’autre,
Des petites rues on sortait des funérailles
Vers le temps de la mort.
***
Al-Qods c’est chacune des portes qui s’ouvrent vers six directions
Ma dernière fenêtre sur la splendeur,
Dans laquelle les anges portent le Trône, le glorifiant,
Au-dessus de l’eau,
Ici, rien ne sépare
Celui qui a prêché
Et celui qui a entendu l’appel.
Al-Qods est le chant du marbre,
Depuis les gens de Yabous et jusqu’au dernier martyr
A Al-Aqsa
Qui ont vu rosir leurs veines blanches
Et qui ont versé tant de larmes
Des roses des mères
Et qui ont exhalé le parfum des cierges des églises à l’heure des cantiques
Pour la terre triste et le sang.
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Al-Motawakel Taha
Traduction de Suzanne Lackany
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