Une ambition : devenir un pôle de référence
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Une
intervention chirurgicale à cœur ouvert sur un cas délicat appelé
trunscus arteriorus (grande malformation congénitale), une première en
Algérie, a été effectuée par un groupe de quatre chirurgiens
algériens, hier, à la clinique médicochirurgicale infantile de
Bou-Ismaïl (wilaya de Tipasa).
Menée sous la
supervision d'une équipe de médecins anglais de Bupa Cromwell
hospital, cette opération est "une première en Algérie et porte sur le
trunscus arteriorus qui est une cardiopathie complexe rare, appelée
tronc artériel interne", selon un des quatre chirurgiens algériens,
Mme Meriem Hadj-Miloud.
Dans cette pathologie, le
patient (un enfant dont le poids ne dépasse pas les 8 kg) n'a qu'un
seul tronc qui assure le rôle de l'aorte. Il s'agit de séparer ce
tronc pour créer une artère et une aorte afin de faciliter la
circulation sanguine et son passage à travers le cœur, a-t-elle
expliqué.
"Le challenge pour l'ensemble du staff,
chirurgiens, médecins, anesthésistes et paramédicaux de la clinique de
Bou-Ismaïl consiste en la phase du postopératoire et la prise en
charge du malade", a fait observer le directeur de la clinique, M.
Abdelkrim Djouadi, mettant en valeur "les compétences du personnel
médical de l'établissement".
De son côté, le chirurgien
Chaâbane Boulaâkakez a affirmé qu'avec la venue de spécialistes
étrangers, le personnel médical de la clinique de Bou-Ismaïl a gagné
en expérience. En ce sens, les opérations effectuées au niveau de cet
établissement revêtent un caractère didactique, car elles permettent
aux médecins algériens d'assister aux opérations et de se former, a
encore précisé le directeur de la clinique.
Dans le
même contexte, un groupe de médecins et de paramédicaux algériens se
rendront en Angleterre au début du mois de juin pour une
formation.
La clinique de Bou-Ismaïl, qui relève de la
Caisse nationale des assurances sociales (CNAS), est conventionnée
avec plusieurs hôpitaux étrangers dans le cadre d'un partenariat de
transfert de technologie et de technicité.
Chaque mois,
des équipes de médecins étrangers (belges, français, britanniques,
suisses) viennent dans cette clinique pour effectuer des interventions
chirurgicales sur des enfants souffrant de cardiopathies et venant des
différentes régions du pays, l'établissement de Bou-Ismaïl étant le
seul établissement en Algérie spécialisé dans la cardiopathie
congénitale.
Les conditions d'accueil et d'hébergement des enfants
cardiopathes à la clinique médico-chirurgicale infantile de Bou-Ismaïl
(wilaya de Tipasa) sont jugées "acceptables" voire "agréables" par les
parents des patients.
Faisant face à la mer et
située dans un site reposant à Bou-Ismaïl (45 km l'Ouest d'Alger), la
clinique médico-chirurgicale infantile Othmane-Talba accueille des
enfants cardiopathes venant des différentes régions du pays.
Les
enfants, accompagnés de leurs parents, rencontrés sur les lieux,
affirment qu'ils "ne manquent de rien, le plus important étant de
guérir".
Dans le bloc pré-opératoire, des nourrissons et
des enfants attendent pour être opérés. La maman d'un bébé de six
mois, venue de Ain Defla, affirme que les conditions d'accueil sont
"excellentes". Deux autres mamans d'Annaba et Oran, avec des
nourrissons également, partagent le même avis.
Dans la
salle d'animation, des enfants de différents âges jouent ou regardent
la télévision, en compagnie de psychologues et d'éducatrices qui
veillent à leur bien-être.
Un peu plus loin, dans le
bloc post-opératoire, l'ambiance est beaucoup plus décontractée. Les
mamans des enfants opérés sont plutôt soulagées, estimant que "le plus
dure est passé", pour reprendre l'expression de cette jeune mère de
Bejaia.
Des enfants portant encore un pansement sur la
poitrine jouent, avec une innocence déconcertante, dans la salle
d'animation ou regardent la télévision.
Amir (5 ans) nous dit
qu'il vient de Laghouat, toute en rassurant qu'il est "complètement
guéri", avant que son ami, un bambin d'Oran de 6 ans, ne l'avertisse
que sa série préférée de dessins animés "Tom et Jerry" vient de
commencer.
Dans les chambres voisines, des infirmiers et
des paramédicaux sont aux petits soins avec des enfants récemment
sortis du bloc opératoire. Les parents de ces jeunes cardiopathes ne
tarissent pas d'éloges à l'égard du personnel qui se montre "toujours
disponible", disent-ils.
Dans la salle de réanimation, le
personnel spécialisée s'active afin de nettoyer et stériliser les
lieux en prévision d'interventions chirurgicales programmées dans le
courant de cette semaine, avec l'arrivée d'une équipe de chirurgiens
britanniques.
Dehors, des pères attendent avec impatience
que leurs enfants soient admis. Arezki, de Sidi-Aïch, s'impatiente
pour sa fille de 20 ans. "Je ne supporte plus de la voir souffrir",
dit-il, espérant qu' elle se débarrassera, cette fois-ci, de sa
pathologie".
En attendant, les parents de ces enfants
tentent tant bien que mal d'oublier leurs soucis. Assis sur des bancs,
au milieu des jardins embellissant cette clinique, ils discutent de
tout et de rien, histoire de prendre leur mal en patience.
Une ambition : devenir un pôle de référence
L'ambition
de la clinique médico-chirurgicale infantile de Bou-Ismaïl (wilaya de
Tipasa), où des enfants atteints de cardiopathie subissent des
interventions chirurgicales délicates, est de se hisser au rang de
pôle de référence et de renommée internationale en matière de chirurgie
cardiaque infantile, affirme le directeur de cette structure de
santé.
Des médecins et professeurs étrangers y séjournent
régulièrement pour effectuer des interventions chirurgicales sur des
enfants cardiopathes venant des différentes régions d'Algérie, a
indiqué à l'APS le docteur Abdelkrim Djouadi, directeur de cette
clinique relevant de la Caisse nationale des assurances sociales
(CNAS).
La venue régulière d'équipes étrangères, dans le
cadre d'une convention entre la CNAS et les hôpitaux dont ces équipes
relèvent, permet le transfert de technologie et de technicité au
profit du personnel médical algérien, a ajouté M. Djouadi, soulignant
que les médecins algériens exerçant dans la clinique de Bou-Ismail
effectuent aussi des interventions chirurgicales avec l'assistance des
chirurgiens étrangers.
En plus, le personnel médical et
paramédical de la clinique bénéficie de formations dans des
établissements hospitaliers étrangers conventionnés avec la CNAS dans
le cadre du partenariat.
"A terme, il s'agit pour nous
de traiter l'ensemble des malades en Algérie et ne pas recourir à leur
transfert à l'étranger", a encore expliqué le Dr Djouadi, relevant que
des cas ne pouvant pas être traités en Algérie sont évacués à
l'étranger.
Les interventions chirurgicales à la clinique
de Bou-Ismaïl sont effectuées gratuitement, contrairement à celles
menées dans le cadre d'une prise en charge à l'étranger, lesquelles
sont payantes.
La clinique de Bou-Ismaïl est le seul
établissement en Algérie spécialisé dans la cardiopathie congénitale.
Les enfants cardiopathes y subissent des interventions chirurgicales
d'une "grande précision".
Les patients y affluent de
toutes les régions du pays, ce qui dénote la forte demande et donc la
pression que subit cette clinique.
Selon le Dr Djouadi, des listes
d'attente sont établies et les patients sont convoqués en fonction de
la venue des équipes médicales étrangères, à raison d'une fois par
mois.
Pour ce qui est du nombre d'enfants opérés, le
directeur de la clinique a reconnu que les chiffres restent
"aléatoires" dans la mesure où l'intervention des médecins reste
tributaire de la nature de la pathologie.
"Lorsqu'une
pathologie est compliquée, une seule intervention peut mobiliser
l'ensemble de l'équipe médicale pour toute la journée", a expliqué le
Dr Djouadi, faisant remarquer qu'il y a une "forte demande et donc une
liste d'attente assez importante".
Les patients étant
des enfants et des nourrissons, ils sont généralement accompagnés de
leurs parents. A ce titre, les gardes-malades, notamment les mamans
devant allaiter leurs nourrissons, sont prises en charge par la
clinique.
Quand les enfants sont un peu plus âgés et
accompagnés de leurs pères, ces derniers sont hébergés dans une
auberge relevant du Croissant-Rouge algérien à
Bou-Ismaïl.
La direction de la clinique a
décidé en tout cas de prendre en charge ce volet et prévoit la
construction d'un hôtel appelé "La Maison d'accueil des parents de
malades". Située sur le front de mer, cette structure d'accueil de 17
chambres, dotées de toutes les commodités, sera livrée vers la fin de
l'année 2009, a assuré le directeur de l'établissement. S'agissant
des équipes médicales, elles sont désormais prises en charge par
l'établissement. Des appartements complètements équipés sont réservées
aux membres des équipes médicales.
"L'hébergement des
médecins étrangers sur le site (à la clinique) est plutôt pratique
dans la mesure où ils peuvent intervenir en cas d'urgence ou de
complication", a fait remarquer le Dr Djouadi.
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APS
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