Un important centre de communication
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Le réseau routier, inexistant en 1848, se développa au cours des années. Si Marengo resta en dehors de la rocade Alger-Cherchell, il n’en constitue pas moins un important centre de communication, vers Cherchell, par Desaix ou Zurich; vers l’Atlas et la plaine du Chélif par Meurad et le Camp-des-Guêtres (ou par Bourkika); vers Alger par El-Affroun et Blida ou Oued-el-Alleug, par Montébello et Attatba ou par Desaix et la route pittoresque du littoral Tipasa et Castiglione.
Pendant longtemps, les routes constituèrent les seules voies de communication. Le petit port de Tipasa, doté d’un petit môle, constituait un débouché maritime de l’ouest-Mitidja, mais en l’absence de travaux d’aménagement, représentait un abri précaire pour les petits caboteurs.
En 1858, Arès Dufour, riche soyeux lyonnais établi sur un grand domaine près de Boufarik, avait présenté un projet de voie ferrée entre ce centre et Marengo, voie qui fonctionnerait saisonnièrement. Ce projet, qui lui avait coûté en études 30.000 francs fut refusé.
La voie ferrée partant d’Alger vers Oran arriva à Blida en 1862, puis à El-Affroun. Marengo était relié à cette dernière gare par des diligences. Il faudra attendre 1892 pour que la ligne Marengo-El-Affroun, projetée par les Chemins de Fer sur Routes d’Algérie (C.F.R.A.) soit déclarée d’utilité publique. L’administration commettra une lourde erreur en acceptant, pour diminuer les frais d’infrastructure, de laisser construire une voie métrique (1,055 m) qui constituera un lourd handicap pour les transports vers Alger, qui nécessiteront un transbordement à El-Affroun (voie normale de 1,40 m). Mais il en était ainsi de toutes, les voies secondaires. La ligne fut prolongée vers Cherchell en 1909. Des embranchements conduisaient directement aux grosses exploitations et aux carrières : Germain-Fabre, Jacques Grégori, Peir et Cie, Grégori-Bruno, Vanoni, Maugin, puis plus tard Cave coopérative de Zurich.
La voie ferrée devait connaître un important trafic jusqu’à la fin de la première guerre mondiale. En dehors des voyageurs, elle assurait le transport du bois, sable et gravier de Cherchell et Oued-Bellah, bois et charbon de bois (seuls combustibles ménagers à cette époque) de Zurich, céréales à Marengo, pierre de carrière entre Bourkika et Ameur-el-Aïn, mais surtout, de Zurich à El-Affroun, les vins. Les quais de la gare de Marengo (il en était de même pour les autres stations) étaient alors couverts de fûts qui partaient par trains complets. Une autre partie s’en allait par charrois ver El-Affroun et Alger, ou Tipasa. Les quais du port étaient à certaines époques eux aussi couverts de fûts que les caboteurs d’Achaque ou de Schiaffino venaient charger. Le naufrage du "Carmel Achaque », en novembre l927, marqua le déclin de ces transport par mer.
Le train constitua jusqu’autour de 1925 le moyen le plus sûr et le plus rapide pour voyager. La gare, au passage du train Cherchel-El-Affroun, le dimanche à 16 heures, restait un lieu de promenade et de rencontre. Après le départ du train, on se retrouvait aux terrasses des cafés, qui débordés sur les places.
Peu à peu, les cars, les camions s’imposaient comme des moyens rapides et directs plus commodes, allant chercher le voyageur dans le village - parfois devant sa porte, et les chargements dans les dépôts ou dans les fermes.
L’automobile donnait la possibilité de se déplacer rapidement suivant les besoins, de façon indépendante. Les bonnes années permirent à tous les agriculteurs d’avoir la leur - ou les leurs -.
Et c’est à ce moment-là, en 1923, qu’une ligne de 38 km devant relier Marengo au Mazafran vers Alger fût déclarée publique ! 15.900,000 francs de crédits étaient prévus. Elle ne devait jamais fonctionner. L’infrastructure était terminée en 1926, sauf quelques ponts. Mais à ce moment, le développement par route des transports la rendit inutile, et elle fut abandonnée.
Pendant la guerre l914-l8, la ligne Cherchell-El-Affroun, placée sous l’autorité militaire, avait fonctionné à plein rendement. Après la guerre, le trafic se raréfiant, la ligne devint déficitaire malgré plusieurs subventions.Le tronçon Cherchell fut fermé ; celui de Marengo à El-Affroun mis en double-voie pour éviter les transbordements fut bientôt fermée aux voyageurs, puis entièrement supprimé. Les transports de voyageurs furent désormais assurés par des sociétés de cars, et ceux des marchandises par camions automobiles.
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