Des troubles et des révoltes
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Lors de la déclaration de guerre, l’Algérie fut jugée trop peu soumise pour y prélever des troupes. Le gouvernement de la Défense nationale s’y trouva contraint. Il remplaça en partie ces effectifs, au pied levé, par des éléments pas toujours à la hauteur de leur tâche.
En même temps, des troubles éclataient dans la population civile européenne dressée contre les militaires responsables de tous les déboires. En plusieurs points du territoire, des factions s’arrogèrent les pouvoirs, notamment le Conseil municipal d’Alger.
Le gouvernement de Tours, présidé par Crémieux, prit hâtivement des décrets relatifs à la réorganisation politique de l’Algérie. Ces décrets réussirent à faire, pour des raisons différentes, l’unanimité contre eux : colons, armée, population indigène, et certains ne furent jamais appliqués.
Devant l’anarchie civile et « l’inexpérience présomptueuse des chefs improvisés" (J. Crevelier), les troubles secouèrent à nouveau le pays. Le bachagha Mohamed el Hadj el Mokrani entra en dissidence en mars 1871. Le soulèvement, parti de Bordj-Bou-Arréridj, gagna toute la Kabylie, de Collo aux confins est de la Mitidja. Elle fut arrêtée à l’Alma, mais eut des échos dans la région de Cherchell, chez les Beni-Menasser.
L’ouest Mitidja se sentit menacé et fut mis en état de défense. Un corps de miliciens fut constitué par le Commandant Sabatéry. Il s’établit à El-Affroun, Mouzaïaville, Bou-Medfa, Marengo, Bourkika et Tipasa. La plaine échappa â la dévastation et ses occupants en furent quittes pour la peur.
Des troupes, débarquées en hâte, arrivèrent en renfort. Mokrani fut tué, l’ordre rétabli. La Kabylie fut lourdement châtiée (amandes collective, confiscation de terres).
Une autre alerte eut lieu beaucoup plus tard, en 1901. Le 26 avril, le village de Margueritte proche de Miliana, fut le théâtre d’une révolte. Des européens furent massacrés. L’institutrice, par sa présence d’esprit, sauva les enfants de l’école. La révolte fut écrasée le soir même. Cependant, les maires de Miliana, Cherchell, Marengo craignirent un soulèvement général, et demandèrent d’armer la population. A Marengo, selon un témoin oculaire, ure grande effervescence régna pendant une journée aux abords du village, envahis par les indigènes des douars environnants. L’armée qui avait sagement refusé les armes, pour éviter des troubles graves, opéra quelques battues dans les environs et la tension tomba rapidement.
Revenons à Marengo où, en cette année 1871, Charles Desprez fit un voyage qui le mena à Tipasa. Voici ce qu’il dit du centre où il passa la nuit : "On peut, à Marengo, pour employer son temps visiter l’hôpital. Rien de curieux dans l’église. Le local n’en est que provisoire. Elle doit occuper, quand les ressources budgétaires permettront de la bâtir, une partie du grand carré dont l’abreuvoir marque le centre. Ce grand carré, mal nivelé, mal ombragé, sauf le coin des eucalyptus et mettant entre les habitants un espace toujours fastidieux à franchir, en hiver par la pluie, l’été par le soleil, ne se comprendrait pas autrement. C’est moins, pour le village, un agrément qu’une servitude. La Place du marché plaira davantage au touriste, surtout si sa bonne fortune l’y fait tomber un mercredi matin. C’est le jour des affaires, et le spectacle en est alors, sinon plus varié, du moins plus franchement indigène qu’à Boufarik".
Disons pour la petite histoire que le voyage coûtait d’Alger à l’Afroun 7,75 f, 5,80 f ou 4,25 f selon la classe ; d’Afroun à Marengo en omnibus 2 f et la voiture de louage de Marengo à Tipasa 6 francs.
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