La vigne : prospérité de la région
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Les terres de la région, compactes, nécessitaient un outillage robuste et adapté : charrues solides attelages vigoureux. Les défonceuses à vapeur, préparant les sols destinés aux plantations de vigne, utilisées encore entre les deux guerres, furent progressivement remplacées par des tracteurs. Malgré le développement de ces derniers, l’utilisation des chevaux et des mulets persista dans la région. Outre leur facilité d’emploi dans les vignes et pour les vendanges, ils constituaient une base précieuse de fumure du sol. Certaines fermes en comptaient cent et plus.
L’utilisation de la charrue brabant, la pratique des sous-solages, des labours préparatoires (dry-farming), la sélection des semences adaptées au pays, l’emploi rationnel des engrais, les assolements, permirent d’augmenter les rendements de 150 % pour les blés tendres et de 200 % pour les blés durs. Mais, dès le développement de la viticulture, les céréales comptèrent peu : 740 ha à Marengo en 1925, surtout en orge et avoine, alors que le tabac en comptait 268 ha (60 % par les indigènes) et les agrumes 18, qui devaient notablement s’étendre avec la guerre d’Espagne (1936-39). Les fruitiers et le maraîchage, notamment dans les parties irrigables, couvraient en partie la consommation locale. Le coton donna lieu à quelques essais, vite abandonnés, de même que la sériciculture.
La culture des oliviers s’étendit, surtout vers les dernières années la plupart des oliviers sauvages qui bordaient les ravins furent greffés. L’élevage conserva un caractère familial et se développa peu : moutons, chèvres, bovins, chevaux. Toutefois quelques élevages de vaches laitières en stabulation, à Marengo ou dans quelques fermes assuraient le ravitaillement du centre et de collecteurs d’Alger.
Mais la culture qui devait donner la prospérité à la région fut la vigne. Nous lui réservons un chapitre spécial.
Les colons s’organisèrent. Encouragés par l’administration, les syndicats agricoles se multiplièrent, après celui des usagers du barrage de l’0. Meurad (1884) et des riverains du Lac Halloula (1899). Les associations coopératives agricoles permirent de faire appel, notamment dans l’élaboration du vin, dans le traitement de ses sous-produits, dans le stockage et la commercialisation des céréales, les battages, etc… à un matériel très moderne et à un personne compétent. Elles couvrirent en Algérie tous les secteurs de l’agriculture : céréales, primeurs, agrumes, huile, tabac, élevage, vin et ses sous-produits, travaux agricoles. Le gouvernement général aida par des subventions (25%) et des prêts (50%). Il créa des services chargés de coordonner la lutte contre les ennemis ou les maladies des plantes cultivées. L'O.F.A.L.A.C. fût chargé de standardiser les produits de l’agriculture, de les contrôler à l’exportation en leur conférant l’estampille officielle « Algéria ». En 1941 le G.G. créa, devant la dégradation des terres cultivables, le Service de la restauration des sols.
Il faut noter que, dans la majeure partie, les colons algériens furent ouverts à la modernisation de l’agriculture, souvent par le manque de main d’œuvre, et comprirent vite l’intérêt de l’entraide et de la coopération. Leur exode en métropole a été bénéfique pour certaines régions où ils ont apporté, en plus des pratiques coopératives, leur esprit d’initiative et d’entreprise.
L’étude des sociétés de promotion agricole réservées aux cultivateurs indigènes n’entre pas dans notre sujet. Citons simplement pour mémoire la création, malheureusement tardive, en 1933, des sociétés indigènes de prévoyance (SIP) : subventions et crédits, puis commercialisation des céréales à partir de la création en 1936, de l’Office du blé ; en 1946 des secteurs d’amélioration rurale (SAR) : perfectionnement des méthodes de culture ; en 1956, des Caisses d’accession à la propriété et à l’exploitation rurale, les CAPER : accession à la propriété rurale des agriculteurs européens et indigènes dépourvus de terres.
L’antenne de la SIP à Marengo dépendait du Centre de Cherchell.
En 1953, les produits de la culture représentaient 84% des exportations, alors que les importations agricoles ne comptaient que 6% du total des marchandises.
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