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C'est probablement en 42 après J.C., sous le règne de l'empereur Claude, que le royaume de Maurétanie, annexé à l'empire romain, fut divisé en deux provinces :
- La Maurétanie Césarienne dont la capitale Caesarea (Cherchell) s'étendit de l'Oued El-Kebir à l'Est j'usqu'à la Moulouya à l'Ouest;
- La Maurétanie Tingitane, à l'Ouest de la Moulouya, avait deux villes principales Tingi et Volubilis.
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Les cités du littoral passèrent sous l'autorité de Rome. L'empereur Claude fit de Tipaaza une colonie de droit latin, il l'a promue au rang de municipe, ou seuls les magistrats municipaux et leurs descendants étaient admis à toutes les prérogatives dont jouissaient les citoyens romains.
Les habitants de Tipaza semble avoir été rattachés alors à la même tribu que les empereurs Julio - Claudius, la tribu quirina.
A partir des recherches menées durant plusieurs décennies il apparait que le noyau urbain primitif se situe sur le promontoire sur lequel on peut voir aujourd'hui les vestiges du Forum, de la basilique judiciaire, d'une série de constructions encore non identifiées jusqu'au niveau des deux temples qui se font face, dans la partie inférieure de la colline. C'est dans cette zone que l'on a trouvé les traces de la première muraille qui fermait le site vers le Sud-Ouest et le protégeait. De part et autre de ce noyau primitif, les nécropoles ont été établies à l'Est comme à l'Ouest, conformément aux traditions qui consistaient à enterrer les morts à l'extérieur des murailles de la ville.
C'est à partir d'une inscription datée des années 145-150 après J.C. que l'on constate l'élévation de Tipaza au rang de colonie. La ville devient colonia aelia Tipasensis, ce qui donnait à ses citoyens libres les mêmes droits et prérogatives que les citoyens romains. Durant la même période fut élevé une enceinte de 2 200 mètres de longueur dont les restes sont encore bien visible dans le paysage actuel.
A l'intérieur de l'espace formé par cette grande enceinte, la ville s'étendit durant la seconde moitié du IIe siècle et le début du IIIe siècle.
On estime approximativement - en fonction de la densité des maisons conservées ou sur l'espace des gradins du théâtre ou de l'amphithéâtre - la population de Tipaza en ce temps là entre 5 000 et 8 000 habitants. Ce qui présente pour l'antiquité une population assez forte pour une bourgade située à moins de 25 kilomètres de la capitale de la province Caesarea (Cherchell).
Administrée par un conseil municipal et des décurions mentionnée dans plusieurs inscriptions, la cité de Tipaza a dû faire agrandir la place publique et aménager les bâtiments annexés au Forum, probablement au IIe siècle. Le centre de la vie administrative est resté à l'emplacement de la ville primitive. Les autres constructions publiques qu'elles soient à caractère religieux, comme les temples ou à caractère de loisir et de délassement comme les thermes, le théâtre et l'amphithéâtre, ont été édifiés dans la partie basse de la ville.
Vers le milieu du IIIe siècle, une nouvelle religion commençait à faire ses adeptes à Tipaza. La religion chrétienne a commencé alors à se substituer au paganisme et, par surcroit, en opposition au pouvoir en place. Plusieurs édits impériaux interdirent le culte chrétien, particulièrement les empereurs Dèce (250-253) et Valérien (253-260) et surtout Dioclétien (295-304), ordonnèrent la démolition des basiliques. Ceux qui résistaient étaient suppliciée et mouraient en martyrs.
Avec l'empereur Constantin à partir de 305, une nouvelle politique est décidée à l'égard du christianisme, qui devient peu à peu religion officielle de l'empire romain.
C'est précisément au début du IVe siècle, à Tipaza, que survint un événement qui montre bien l'état d'affrontement de deux croyances au sein d'une même communauté. Le texte écrit par un Tipazien au Ve siècle, dont les manuscrits sont conservés à la Bibliothèque à Paris, nous apprend l'histoire légendaire de Sainte Salsa, dont le nom a été inscrit parmi les martyrs africains. Cette jeune fille de 14 ans ayant brisé et jeté à la mer la tête d'un serpent en bronze que la foule continuait d'adorer, à été lapidée puis jeté à son tour à la mer. Son souvenir s'est conservé dans la basilique funéraire qui lui a été consacrée, au dessus du port antique, au sommet de la colline orientale de Tipaza. Selon la légende c'est en vain que Firmus -chef d'une insurrection politico-religieuse contre Rome en 371, vint implorer le tombeau de la sainte : l'entrée de la ville lui ut refusée, alors qu'il put se rendre maître de Caesarea (Cherchell) la capitale et de d'Icosium (Alger). Peu de temps après, l'empereur envoya en Afrique le comte Théodose pour combattre Firmus. Il débarqua à Igligili (Jijel) et se rendit à Tipaza.
Il apparait clairement que Tipaza a connu au IVe siècle et au début du Ve siècle une période de développement économique que traduisent sur le terrain de nombreuses constructions.
L'auteur de la Passion de Salsa n'écrivait-il pas, ai début du Ve siècle que ''la mer apportait au port de Tipaza de nombreuses marchandises''. Par ailleurs l'épitaphe de l'évêque Alexandre qui fit édifier, à la fin du IVe siècle, une église pour les premiers martyrs de Tipaza, évoque la ''nombreuse population'' de Tipaza. Les restes des nécropoles, notamment autour des deux basiliques de Sainte Salsa à l'Est et Saint Alexandre à l'Ouest évoquent de façon éloquente cette appréciation, car les tombes tardives du IVe et du Ve siècle y sont très nombreuses et parfois richement décorées.
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