ce 28 décembre 2008
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Transmis par Marianne Blume, professeur à Gaza pendant de longues années...
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Chers amis,
c'est le deuxième jour du massacre qu'Israël lance à Gaza. je vous assure que chacun à Gaza attend le moment de sa mort, comme personne ne sait pas s'il va mourir ou rester encore vivant..
Hier, le samedi 27/12/2008, à 11h30 du matin, j'étais chez moi avec
mon petit frère et ma petite soeur qui étaient en train de se préparer
pour aller chacun à son école, j'arrive pas à oublier ces bruits de
bombardement très fort, pour moi, ça fait 2 ans je n'ai pas entendu ces
bruits, ça fait peur, c'est horrible
mon frère et ma soeur ont commencé à pleurer surtout quand nous
avons vu la fumée des sites bombardés très près de chez nous et plein
d'hélicoptères et de F16 dans le ciel.. Maman était au marché, papa
était chez ma grand-mère malade, et mes autres frères étaient chacun
dans son travail ou université.. j'ai essayé d'appeler ma mère, mon
père,et mes frères, mais il n'y avait pas de réseau.. il y avait tout
le temps un problème de connexion..Tout ça et notre voisine ne s'arrête
pas de crier car son fils aîné est allé à son collège, qui est près des
bombardements, un quart d'heure avant ces événements!! C'est terrible
de vivre ces moments surtout qu'on n'a pas d'électricité pour savoir ce
qui se passe autour de nous.. Dans 2 heure, toute ma famille s'est
regroupée dans la maison, on était, tous,inquiet
on pensait à tout le monde, et à nous-mêmes..
Vous n'avez pas vu les oiseaux quand il se sont fuis, c'est triste.. même Notre chat avait peur.
Quand on s'est regroupé chez nous, chacun a commencé de raconter les histoires tristes:
- mon cousin qui a 12 ans était au collège juste à coté d'un site
bombardé, il a vu, comme tous ses collègues, le sang des martyrs et des
blessés, il a eu peur, et dès qu'il entend les bruits des avions, il se
cache en pleurant et criant.. mon oncle nous a appelé à 2h du matin
pour demander à mon père quoi faire pour cet enfant qui n'arrive pas à
dormir.
- Un jeune à 22 ans était dans un des sites bombardés. Tous ses
amis ont étaient tués, ainsi que son chef, il a crié et a frappé ses
joues de voir ces images.. et encore beaucoup d'histoires...
la nuit dernière a passé si lourdement et si lentement, personne n'a pas pu dormir..
En écrivant ce mail en ce moment, je ne veux pas dire que la situation est plus calme, au contraire, il est pire, le ciel est plein de F16 et d'hélicoptères..
l'armée israélienne n'a pas arrêté de bombarder partout à chaque moment. Je vous écris mnt, car je ne sais pas si j'aurai l'occasion de le faire après!!
je sais très bien que les médias accuse le Hamas et le considère comme le premier coupable de tous ce qui se passe, mais est-ce que le Fatah qui demande toujours la paix a changé la situation en Cisjordanie? les israéliens continuent construire le mur et les check points et arrêter les palestiniens au nom de la sécurité!!!!!!! Le Hamas n'a pas envahi en Israël pour qu'Israël se permet de le faire à Gaza, les gens de Hamas sont bloqués comme tous les palestiniens de Gaza
je viens de recevoir un appel sur mon portable, que tout le monde reçoit, qui menace de bombarder toutes les maisons où il y a des armes!!
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Au nom des Palestiniens
mardi 30 décembre 2008
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Quels mensonges surtout ! Cela fait des décennies – et bien avant l'arrivée au pouvoir de Hamas – que les Palestiniens voient leur dignité bafouée et leurs droits légitimes niés. Des accords de « paix » d'Oslo aux différentes négociations (et parfois compromissions), des multiples promesses aux mises en scène de retraits « médiatiques », les représentants palestiniens n'ont rien obtenu pour leur peuple. Le gouvernement israélien, de gauche comme de droite, gagne du temps, ment, exécute sommairement des opposants, compte pour rien, ou presque, les morts civils palestiniens (autant de dommages collatéraux à la sécurité d'Israël) alors qu'il continue à autoriser les colonies de peuplement et à pousser toujours plus loin sa politique du fait accompli. De nombreux experts, dont le rapporteur spécial des Nations Unies pour les Droits de l'Homme, Richard Falk, affirment que la politique israélienne ne respecte pas les conventions de Genève, et qu'elle est en train, dans les faits, de rendre impossible la solution des deux Etats.
Le gouvernement israélien a décidé la construction d'un mur qui enferme la population de Cisjordanie (en se moquant des décisions de l'Assemblée des Nations Unies) et a soumis la population de Gaza à un siège et à un embargo qui ont entraîné une situation de famine, une pénurie de médicaments et de soins, un chômage massif et un quotidien misérable et sans espérance. Les associations humanitaires, venues du monde entier, se sont vues empêchées de travailler, de pourvoir aux besoins et de faire parvenir du matériel et des vivres. En sus, il faut rappeler que la trêve du 19 juin au 19 décembre 2008 était soumise à des conditions : la levée du siège et de l'embargo de Gaza et l'ouverture partielle de la frontière avec l'Egypte. Aucune condition n'a été respectée par Israël (et l'Egypte) et la population palestinienne a été livrée à un traitement inhumain depuis des années, des mois et des semaines. Il faudrait oublier ces réalités et voir justifiés les massacres de ces derniers jours !? Les Palestiniens seraient responsables de leur sort parce que des rockets ont été envoyées depuis Gaza !? S'ajoutent aux absences de mémoire coupable, une perte du sens des proportions : le nombre de victimes israéliennes est à multiplier par cent, deux cents, trois cents par rapport aux civils palestiniens tués par les décisions officielles du gouvernement israélien.
Ce dernier se moque des institutions et de la soi disant « communauté » internationales. Ce qui compte, désormais, c'est de s'assurer du soutien unilatéral des Etats-Unis et du silence complice des gouvernements européens. Un travail efficace de communication et de relais médiatiques (avec une dose de désinformation caractérisée) suffisent, par ailleurs, au gouvernement israélien pour gagner du temps et soumettre une population d'un million et demi d'âmes à un siège inhumain puis à un massacre insupportable. Nous sommes tous réduits à l'état de spectateurs que la « neutralité » devrait sauver de la mauvaise conscience. D'autant que le cynisme est à son comble lorsque l'on sait que la mort des centaines de civils palestiniens est aussi liée aux calculs politiciens des leaders israéliens soucieux de montrer leur force et leur détermination avant les prochaines élections. La déroute libanaise en août 2006 devait être rectifiée : qu'importe la vie des innocents, des enfants et des femmes palestiniens, puisque ce qui compte c'est de mobiliser les votants et gagner les élections. Opération réussie s'il en faut : 80% des Israéliens soutiennent les opérations meurtrières à Gaza. Effrayant !
Peut-on encore espérer quelque chose de la « communauté internationale » des Etats et des gouvernements lorsque l'on observe comment ceux-ci réagissent en Orient comme en Occident. Le silence complice, l'hypocrisie, l'attentisme, voire le mépris pour la vie des Palestiniens que d'aucuns aimeraient voir disparaître en Jordanie, au Liban ou dans n'importe quels camps de réfugiés « temporairement définitifs ». Il est l'heure d'engager un mouvement international, global, de résistance non violente à la politique violente, et extrémiste, de l'Etat d'Israël. Il importe de mobiliser l'opinion publique en diffusant une information rigoureuse et permanente sur la situation de la population palestinienne, en multipliant les articles, les conférences et les manifestations de soutien au peuple palestinien tout en développant une meilleure synergie entre les efforts et les activités qui sont déjà menés par de nombreuses organisations à travers le monde. Les Palestiniens, nous le savons, ne céderont pas et continueront à défendre leurs droits légitimes sur le terrain et il importe que, à travers le monde, nous soutenions de façon déterminée et pacifique leur résistance. Israël, contrairement aux apparences et à sa phénoménale puissance militaire, n'a de loin pas gagné ce conflit et sa société est traversée par des crises multiples et profondes. Il est urgent que l'Etat et la population d'Israël comprennent qu'il n'y a pour eux aucun avenir de sécurité, et simplement de survie, sans la reconnaissance des droits et de la dignité des Palestiniens. Gagner du temps, s'aveugler, s'enfermer dans des opérations invraisemblables et d'horribles massacres ne garantit pas la victoire. Au contraire. Bien au contraire.
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Tariq Ramadan
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Let there be peace on earth
Let there be peace on earth,
and let it begin with me.
Let there be peace on Earth,
the peace that was meant to be.
take each moment and live each moment
in peace, eternally.
Let there be Peace on Earth,
and let it begin with me.
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Les Musulmans et la Palestine
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A l’écoute des sentiments
exprimés par les musulmans à travers le monde, on perçoit une émotion
de colère et de révolte mêlée à une profonde expression d’impuissance.
Les massacres actuels ne sont que la confirmation de ce qui est bien
connu : la « communauté internationale » s’intéresse très peu au sort
des Palestiniens et tout se passe comme si l’Etat d’Israël, avec le
soutien des Etats-Unis et de quelques Etats européens, avait imposé un
état de terreur intellectuelle. Parmi les présidents et les rois
personne n’ose parler, personne n’est prêt à dire la vérité. Tous sont
paralysés par la peur.
Alors que le conflit
israélo-palestinien est parfois perçu, et vécu, comme crucial quant à
la relation entre l’Occident et l’Islam, de nombreux musulmans ne
savent plus comment agir et réagir. Qu’est-ce que l’islam a à voir avec
ce conflit ? Doit-on en faire une préoccupation religieuse dans le but
d’appeler la « umma » entière à se mobiliser ? Questions essentielles
en vérité.
Les musulmans à travers le monde
font face à trois phénomènes distincts. Premièrement, dans les sociétés
majoritairement islamiques ou en Occident, ils voient qu’ils ne peuvent
attendre aucune réaction des gouvernements, et particulièrement des
Etats arabes. Ils adoptent la position de la complicité silencieuse, de
l ’hypocrisie et du mépris des vies palestiniennes. Deuxièmement, la
couverture des medias occidentaux est alarmante avec une majorité
d’entre eux acceptant et reproduisant la version israélienne des
faits : les deux belligérants seraient de force égale, avec la victime
agressée (Israël) agissant en légitime défense. Quelle distorsion !
Toutefois, le troisième facteur est particulièrement intéressant :
alors que 73% des Européens soutenaient Israël en 1967, plus de 67%
soutiennent aujourd’hui les Palestiniens. Avec le temps, la
compréhension et la sensibilité ont évolué : les populations ne suivent
pas aveuglément les jeux et les prises de position hypocrites de leurs
élites politiques.
En considérant ces facteurs, les
musulmans à travers le monde, et particulièrement en Occident, doivent
clarifier leur position. Tout en refusant de transformer la guerre
israélo-palestinienne en un conflit religieux, ils ne doivent pas nier
sa dimension religieuse et, donc, prendre une position claire. D’un
point de vue islamique il doit être clair que leur résistance n’est pas
dirigée contre les juifs (l’antisémitisme est anti-islamique) ; cibler
des civils innocents doit être condamné des deux côtés et l’objectif
doit être pour les juifs, les chrétiens et les musulmans (avec les
femmes et les hommes d’autres religions ou sans religion) de vivre
ensemble avec des droits égaux et une égale dignité.
Les Palestiniens ne céderont
jamais et Israël, nonobstant son incroyable puissance de feu, n’a pas
gagné le conflit. Les musulmans à travers le monde doivent être la
cheville ouvrière du souvenir et de la résistance. Non pas comme des
musulmans contre Israël, ou les Etats arabes hypocrites mais, plus
largement, pour la justice avec tous ceux (croyants ou non) qui
refusent de subir un lavage de cerveau et d’être réduits à l’état de
spectateurs impuissants. Il est temps de créer de larges alliances et
des synergies autour d’objectifs politiques clairs.
Si le Moyen-Orient est en train
d’apprendre quelque chose aux musulmans, c’est de cesser d’agir
isolément et de revenir aux valeurs universelles qu’ils partagent avec
leurs concitoyens. Ils doivent réaliser qu’ils sont dans et avec la
majorité. Manifestations , articles et autres sont nécessaires mais il
faut aller plus loin. Lancer un mouvement global de résistance non
violente à la politique violente et extrémiste de l ’Etat d’Israël est
devenu impératif. La violence infligée, sous nos yeux, à une population
d’un million et demi d’êtres humains fait de notre silence, de nos
divisions et même de nos réactions émotionnelles très limitées des
attitudes somme toute indignes, malsaines, inhumaines. Une vraie et
digne résistance exige un engagement, de la patience est une stratégie,
à long terme, d’information, d’alliance et de participation
démocratique non violente.
vendredi 2 janvier 2009, par Tariq Ramadan
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