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6 milliards de dollars pour l’armement en 2009
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Plus de six milliards de dollars américains. C’est le budget que compte consacrer en 2009 Abdelaziz Bouteflika au ministère de la Défense de son pays. Un montant colossal si on le compare à celui de 2008, qui n’excédait pas les 2.5 milliards de dollars. En triplant l’enveloppe du département à la tête duquel il trône en vertu de la Constitution, le président algérien, par ailleurs chef suprême des Forces armées, fait de la sorte passer la Défense au premier rang des ministères budgétivores. Reléguant l’Education et l’Intérieur à la seconde place et laissant loin derrière la Présidence et la Primature.
C’est ainsi qu’Alger a décidé de profiter de l’immense manne financière, 80 milliards de dollars américains à la fin 2008 (contre 60 milliards en 2007), dégagée par la flambée des cours du pétrole. Dans le but, soutiennent le président algérien et le chef d’Etat-major des Armées, le général Ahmed Gaïd Salah, de «moderniser et professionnaliser l’Armée nationale populaire (ANP)», conformément au programme lancé voilà huit ans par le même Bouteflika, et «lutter efficacement contre les groupes terroristes».
Accalmie
L’annonce du chef de l’Etat algérien n’a pas été du goût de tout le monde. A commencer par les Algériens eux-mêmes, qui, bien qu’accoutumés depuis l’indépendance de leur pays voilà 46 ans, à voir l’armée et ses caciques engloutir les recettes produites par les ressources naturelles de leur sol, continuent pour les plus téméraires à dénoncer cette mainmise des militaires sur les richesses nationales. Essentiellement sur Internet, la presse écrite, la radio et la télévision osant rarement des critiques sur la Grande Muette.
Cette dernière sortie du chef de l’Etat algérien a même dépassé les frontières algériennes, jetant un froid sur le Maghreb en ce début d’hiver 2008, surtout sur ses voisins immédiats, dont le Maroc. Non sans raison.
Ainsi, en 2005 et 2006, après une relative accalmie, les achats algériens d’armements reprennent en force avec la signature en grandes pompes avec Vladimir Poutine de contrats militaires de près de 15 milliards de dollars. La Russie s’engage alors à livrer à l’horizon 2015 la totalité des commandes de son nouveau «premier client importateur». Et, lorsque en 2007, Alger décide de rendre, car ils seraient «défaillants et inopérants», à la société d’armement publique Rosoboronexport, 15 Mig 29 et d’annuler la commande de 34 autres chasseurs russes (d’un montant de 1,3 milliard de dollars), Moscou fait des pieds et des mains pour tenter de calmer la tempête médiatique conséquente.
Industrie
La tension politico-militaire entre les deux pays s’apaise rapidement à la suite de négociations en mai 2008 visant à substituer les Mig par 16 avions de chasse Sukhoï SU-30 MKI du russe Irkout et ce pour le même montant. Et ceci n’est que la partie visible de l’iceberg, la presse internationale se faisant régulièrement l’écho de transactions officieuses et de négociations souterraines d’Alger avec des pays fabricants. Quoi qu’il en soit, le résultat des courses est là.
Aujourd’hui, l’ANP dispose, d’après les analystes, d’un arsenal pour le moins impressionnant. Entre autres, plus de 100.000 hommes dans l’armée de terre, plus d’un millier de chars de combat et de véhicules de transport des troupes, une centaine d’automitrailleuses et autant de lance-roquettes. 14.000 hommes au sein de l’armée de l’air répartis sur 15 bases aériennes (essentiellement Boufarik, Bousfer et Laghouat) et 480 aéronefs. Sans oublier la Marine de guerre, ses 6.000 hommes et son équipement, lui aussi en renouvellement depuis le début des années 2000.
Plus, échaudée par l’expérience des Mig, l’Algérie veut carrément son industrie de guerre propre. C’est ainsi que Abdelaziz Bouteflika a déclaré qu’une part non négligeable du budget de 2009 du ministère de la Défense ira à la création d’unités de fabrication d’armes et de munitions et au transfert de technologie militaire, en vertu du décret qu’il a lui-même promulgué en avril 2008.
N’hésitant pas à verser dans les trocs inavoués avec les grandes puissances mondiales, se faisant livrer du matériel de guerre américain, russe, européen ou chinois en échange de concessions d’exploitation de son pétrole ou de son gaz. Monnayant des prises de position en faveur des séparatistes du Polisario à grand renfort de pétrodollars sonnants et trébuchants.
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L’Algérie a remplacé les Mig 29 par des Sukhoï SU-30 MKI.
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Abdelaziz Bouteflika en visite en Russie.
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Mouna Izddine
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