Virée au coeur d'une mission
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Désigner les descentes, qu'elles soient nocturnes ou diurnes, effectuées par les éléments de la gendarmerie nationale, d'inopinées est un qualificatif devenu, objectivement dit, inopportun, tant leur organisation (les descentes sur le terrain) n'obéit désormais plus au principe de la sporadicité, elles sont, en revanche, devenues si fréquentes que ce genre d'opération est accompli d'une manière très récurrente. Jusqu'à deux fois par semaine.
«Les objectifs escomptés des descentes que nous accomplissons, à raison de huit par mois, tendent, en premier lieu, à garantir constamment une présence accrue de nos éléments sur le terrain.
De la sorte, cette présence est à la base même de tout un travail de prévention et de dissuasion.
Outre ce premier caractère que revêtent ces actions, l'autre mission essentielle que nous nous sommes assignés c'est de combattre les foyers de la criminalité et la traque de toutes les formes de la délinquance », résume en quelques mots le capitaine Dellal Amar, le commandant de la compagnie de la gendarmerie nationale de Hadjout, wilaya de Tipasa, la portée et les objectifs des descentes qu'effectuent ses éléments.
Pour lui, l'organisation de ces opérations obéit durant tout le processus de leur accomplissement à un mode d'exécution bien huilé et préalablement établi. « Effectivement, le programme de ce genre d'action est établi par le groupement de la gendarmerie de Tipasa.
À la réception du message, nous procédons en conséquence à tous les préparatifs inhérents à notre sortie. Ainsi, tout le dispositif, effectif et moyens matériels, est mobilisé de sorte que l'opération se déroule comme à l'accoutumée, c'est-à-dire dans de bonnes conditions.
Au terme de celle-ci (l'opération), un état et un rapport exhaustifs sont dressés à notre hiérarchie », éclaire le chef de la compagnie.
Quoi qu'il en soit, entre le message provenant du groupement de wilaya et l'établissement des rapports, c'est le déroulement effectif d'une des missions dévolues aux Darkis, dont l'aboutissement est d'assurer la sécurité des biens et des personnes dans les zones urbaines et les couronnes périurbaines, qui est de mise.
Conviée à prendre part à l'une des descentes opérées par les gendarmes de la compagnie de Hadjout, la presse locale a eu tout le loisir de découvrir, quoique partiellement, en l'espace de cinq heures, le temps qu'a duré l'opération, comment les hommes en vert accomplissent leur devoir.
ZENQAT ESSAYMINE POUR COMMENCER En effet, le rendez-vous a été donné mercredi dernier, après le f'tour, au siège de la compagnie, mitoyen avec celui du tribunal.
Sur fond de vrombissement des moteurs de véhicules 4x4, positionnés dans la cour externe, une réunion informelle se tient entre le capitaine Dellal Ammar, chef de la compagnie, et les brigadiers des gendarmeries de Hadjout, Bourkika et Meurad, trois unités dépendant de la compétence de ladite compagnie.
Après la revue des effectifs et la transmission des dernières consignes inhérentes au trajet et les zones qui seront ciblées par la mission, le cortège composé de quelques 6 voitures s'est mis en branle à 21h.
« En ce moment les brigades de Menaceur, Sidi Amar et Ahmeur El Aïn ont déjà entamé la mission dans leur territoire respectif », lance le capitaine en direction des journalistes.
A une encablure plus bas du siège de la compagnie, plus précisément au niveau d'une ruelle donnant sur le quartier du marché et perpendiculaire à la grande avenue de la ville de Hadjout, communément appelée Zenqat Essaymine (rue des jeûneurs), le capitaine donne ordre à ses éléments de s'immobiliser.
Il s'avère après, que la raison de cet arrêt brusque est la vue d'un groupe de jeunes, dont un parmi eux tient solidement entre les mains un sac d'apparence suspecte.
Résultat de la fouille, une arme blanche confisquée et la vérification des papiers d'identité de toute la bande. « Malheureusement, un bon nombre de citoyens ont acquis ces dernières années de mauvais réflexes.
Nous avons constaté qu'ils ne portent pas sur eux les papiers d'identité, ce qui en quelque façon pose un problème lors des opérations de vérification. Toujours est-il, lorsque l'on tombe sur des cas pareils nous insistons pour leur expliquer l'utilité de ce geste qui est tout d'abord un acte de citoyenneté », confie le chef de compagnie.
Embarqué par la patrouille, le jeune qui était en possession du couteau a eu tout le loisir de mesurer l'étendue de son manquement. « Dorénavant, je jure que jamais je ne sortirai sans mes papiers en poche. Cette interpellation m'a servi de leçon », ne cessera-t-il d'entonner. En reprenant la route, les gendarmes se sont dirigés vers l'une des cités qui ceinturent la ville.
Sur place et toujours avec le sourire et les salutations d'usage, les gendarmes entament une discussion avec quelques jeunes assis autour d'une petite table, à la lumière de l'éclairage public, en train de jouer aux dominos.
Parmi ces derniers, un habitant de la cité dont l'âge ne dépasse pas la vingtaine montre des signes évidents de stress. Suspectant son comportement, le chef de la patrouille le fouille. Dans ses poches, il met la main sur une somme d'argent totalisant plus de 14.000 DA.
Chômeur de son état, le suspect s'est fourvoyé dans des explications confuses quant à l'origine de ces billets. Ne trouvant rien de prohibé sur lui et après vérification de son identité sur le fichier, il s'avère qu'il est clean. Un gars sans histoire.
Tout en leur souhaitant une bonne fin de soirée, les gendarmes prennent la direction de l'autre extrémité de la ville. Là ou est située une autre cité populaire. UNE PRÉSENCE RASSURANTE En traversant la ville de bout en bout, le passage de la patrouille n'a pas laissé les citoyens indifférents. « Comme vous le constatez, notre présence rassure d'une manière réelle les citoyens.
A force que nous accomplissons ce genre de ronde, ils ne seront que davantage tranquillisés. Par contre, pour les délinquants, c'est une tout autre histoire.
Je m'explique : si par mésaventure les voyous projettent de sévir, à notre vue ils s'abstiennent automatiquement », rassure à ce propos le capitaine Dellal. Arrivée à la deuxième cité, la patrouille effectue un tour à travers le dédale des immeubles.
« Rien à signaler apparemment durant cette nuit. Tout paraît normal », conclut un des gendarmes. En quittant cette agglomération, le courtage a fait cap vers Bourkika, située à 6 km de là. Devancé par le 4x4 transportant le brigadier, la patrouille s'est encore une fois arrêtée en cours de route. Cette fois pour vérifier l'identité d'un adolescent affairé à pousser une mobylette.
La fouille de celui-ci ne donne rien. A peine entrés à Bourkika, les gendarmes se sont dirigés vers la cité des 150 Logements. Comme à Hadjout, ils ont procédé à la fouille corporelle de jeunes suspects. A force que pareilles scènes se répètent, des attroupements de citoyens curieux de connaître les raisons de cette présence en force du Darak dans leur quartier se sont constitués.
Rassurés par le capitaine, des citoyens ont tenu à lui signifier leur satisfaction quant à l'organisation de ce genre d'initiative. « Sincèrement, nous sommes à chaque fois rassurés de voir les gendarmes accomplir des rondes, notamment la nuit. Ces initiatives ont le mérite d'éloigner les délinquants des parages », tient à dire un quinquagénaire de la ville.
A 22h15 et après trois ou quatre descentes opérées dans des zones de l'agglomération réputées sensibles, le cortège s'est ébranlé en direction de Ahmeur El Aïn, dernier point inscrit dans la mission de cette nuit. Toutefois, à deux kilomètres de Bourkika, aux abords d'un douar, une autre halte s'est imposée pour les gendarmes.
Cette fois, c'est pour procéder au contrôle d'identité et à la fouille corporelle de quelques jeunes qui profite de la Sahra à même les accotements de la route.
« Tout ça rentre dans le cadre des actions préventives », commente le capitaine. Sans plus, le cortège reprend la route. C'est à la limite de la wilaya de Tipasa avec Blida, que les véhicules de la gendarmerie se sont arrêtés. En cet endroit, un barrage fixe, relevant de la brigade de Ahmeur El Aïn, régule la circulation routière, dont le flux est plus ou moins important en cette soirée ramadhanesque.
«Passez au peigne fin et sans exception toutes les voitures de passage», intime le commandant de la compagnie de Hadjout à ses éléments présents, dont le nombre dépasse largement la trentaine. A 1h15 du matin, ce sont plus de quarante véhicules fouillés.
Au terme de l'opération, les darkis ont procédé à la saisie de marchandises transportées dans un fourgon et deux voitures de tourisme. «La raison de cette saisie est dictée par la non présentation de factures ou de registres de commerce, ce qui représente vis-à-vis de la loi une infraction», explique le brigadier de Hadjout. A 2h du matin, retour au siège de la compagnie de Hadjout.
Si pour les journalistes conviés, l'heure est au Shour et au sommeil, pour les hommes en vert, la nuit est encore longue. « Sait-on jamais, à tout moment nous devons être prêts à accomplir promptement notre devoir», explique le gendarme qui tient la permanence en cette nuit à la brigade de Hadjout.
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Par Amirouche Lebbal. Le 19 Septembre 2008
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