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Pour cette année, la saison estivale est écourtée, malgré la position géographique de l’Algérie qui permet aux vacanciers de profiter pleinement des plaisirs de la mer grâce à un climat propice, le temps ensoleillé s’étalant du mois de mai au mois d’octobre. Et pour cause, le mois sacré du ramadhan et la rentrée scolaire, prévue le 13 septembre, arrivent en même temps avec leurs obligations matérielles. De ce fait, les complexes et établissements touristiques se retrouvent à moitié vides depuis début d’août.
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Matarès va mieux
Situé à la sortie de la ville de Tipasa (70 km d’Alger), le complexe touristique de Matarès a été inauguré le 3 juillet 1971. A 10h30, un dimanche d’août, les lieux ne semblent pas connaître de surpeuplement. Dès l’entrée, une affiche fixe les tarifs d’accès : 20 DA pour les piétons, 200 DA pour les véhicules particuliers et entre 400 et 600 DA pour les transports collectifs. Des agents veillent au grain devant le portail d’accès. A l’intérieur, sous un soleil de plomb, à l’exception de quatre jeunes garçons se renvoyant la balle à l’intérieur d’un des quatre terrains de tennis disponibles, il n’y a pas foule. Les espaces verts assez bien entretenus et les allées propres redonnent un nouveau visage au complexe, jadis, de réputation médiocre. «Les lieux ont connu une rénovation importante. Déjà, en 2005, lors du sommet arabe tenu en Algérie. A cet effet, l’hôtel la Baie a été rénové à 100%. Et depuis, des améliorations sur le sites sont opérées avant chaque saison estivale» informe Fekir Rachid, artiste peintre et responsable des ressources humaines du complexe, désigné par le directeur du complexe M. Aiache, pour nous faire visiter le site.
Conçu par l’architecte français Pouillon, le complexe de Matarès comprend deux hôtels : La Baie et la Résidence ainsi qu’une quarantaine de villas. La première structure d’accueil (hôtel la Baie) compte plus de 90 chambres. A l’entrée, plusieurs commerces d’alimentation générale, tabac et journaux, matériel de plage et une pizzeria ouvrent la voie vers le hall central. Un agent, souriant, interrompt sa conversation téléphonique pour s’enquérir de notre présence. L’hôtel ne donne pas l’impression d’être plein. Quelques personnes sont attablées sur la terrasse de la cafétéria dont la salle intérieure est vide. Est-ce l’heure matinale ou le manque de clients qui sont derrière ce calme plat ? A quelques pas du sable fin de la plage, seules trois tables sont occupées respectivement par une mère et sa fille, une jeune femme et deux jeunes gens, sirotant des cafés. Un esquimau, un café, une petite bouteille d’eau et une autre de jus nous revient à 180 DA. Trop cher par rapport au café du coin à Alger, mais très abordable pour un site touristique. L’accès à une plage peu peuplée, d’apparence propre et bien ordonnée sous le regard de gendarmes installés en retrait par rapport aux estivants et la surveillance des agents de la plage au service du complexe, se fait par le salon de thé. Sur une pancarte bien en évidence est écrit en gras : «Parasol gratuit.» «C’est pour dissuader toute personne de racketter les clients. Ces derniers, par le fait qu’ils soient locataires dans l’hôtel, ont droit à un accès gratuit à la plage», explique M. Fekir.
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Hôtel La Baie, propre mais basique
Sans présenter l’aspect d’un établissement luxueux, l’hôtel La Baie est d’apparence propre et le hall central bien aéré. On laisse passer trois femmes, dont la physionomie fait penser à trois générations d’une même famille, pour accéder aux chambres. Les couloirs rappellent inexorablement le film les Vacances de l’Inspecteur Tahar , la fameuse chambre 106 en tête. A notre désillusion, M. Fekir nous mène vers l’autre pavillon, on entre dans la chambre 109, côté plage. Passable, mais pas rebutante. Propre et nette mais sans grande imagination. Dans la salle de bains dotée d’une baignoire, l’eau «coule H24», assure notre guide. «Et quand il n’y a pas d’eau, c’est qu’un problème technique est survenu. Le rétablissement est rapide», poursuit-il. S’agissant des tarifs, il faut savoir qu’une nuitée dans la chambre single coûte 4 000 DA, le prix passe à 6 500 DA pour une pension complète. Pour la chambre double, il faut payer 7 000 DA et ajouter 1 000 autres pour une pension complète. «Nous travaillons surtout avec certaines entreprises conventionnées, les émigrés ou carrément les étrangers», informe M. Fekir. En plus d’une piscine réservée aux locataires de l’hôtel, où jouent une dizaine d’enfants sous la surveillance de leurs mères, deux salles de restauration sont mises à la disposition des clients. «Le pensionnaire reçoit un ticket pour la restauration. Il a le choix entre la salle intérieure, où trois plats lui sont suggérés, l’espace externe du restaurant, réservé aux grillades, ou la pizzeria, à l’entrée», précise-t-il.
Pour ce qui est des tarifs, les plus abordables sont proposés au niveau du deuxième hôtel. «La Résidence», qui compte 300 chambres, affiche 2 500 DA pour les chambres simples et 4 500 pour les chambres doubles. «Ce sont des chambres améliorées. Mais on a des prix plus bas pour les pensionnaires qui désirent apporter leurs commodités (draperie et ustensiles de cuisine) avec eux. Sans pension, la chambre revient à 1 200 DA petit déjeuner non compris et 1 600 avec», informe-t-il avant de poursuivre : «Nous avons également des chambres jumelées à 3 000 DA et des appartements : F2 à 6 000 DA, F3 à 7 000 DA.» S’agissant des activités disponibles sur le site, M. Fekir énumère une piscine, 4 courts de tennis, un terrain de football et des soirées en plein air chaque jour, excepté les vendredis. Interrogé sur le manque de fréquentation des lieux, notre guide explique que cette année la rentrée scolaire et le mois de ramadhan ont fait que les clients interrompent leurs vacances plus tôt que d’habitude. «Mais, malgré cela, les lieux sont occupés à hauteur de 70%. Ce qui n’est pas négligeable. Et ne vous fiez pas au calme actuel, il est encore tôt, et les vacanciers ne se lèvent pas à cette heure-ci. Ils préfèrent faire la grasse matinée.»
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Par Samir Azzoug
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Pour le futur proche Inchallah...
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Il y a lieu de signaler
également le projet du groupe Emaar à Tipasa, un village touristique
(colonel Abbas) d’une capacité de 1 240 lits ainsi que le village
touristique de Oued Bellah Cesaree d’une capacité de 1 426 lits qui
sera réalisé par le groupe Cevital. Cet aréopage de projets et de
réalisations est considéré par les spécialistes du secteur comme une
véritable «bouffée d’oxygène». Après une longue période de
délaissement, ces nouvelles structures touristiques et hôtelières, qui
s’ajouteront à celles déjà existantes, donneront, à coup sûr, une
nouvelle dynamique au tourisme qui piétine depuis plusieurs années à
cause du désintérêt des parties concernées. Les investisseurs, eux,
n’ont qu’à se réjouir de cette relance. Issad Rebrab l’a même souligné
récemment : «L’Algérie possède un paysage et des potentialités
extraordinaires qu’il convient de mettre en valeur à travers des
projets touristiques concrets.» Parallèlement à cet engouement, une
certaine frilosité est perçue chez d’autres investisseurs, notamment
ceux de la classe moyenne. Certains sont allés jusqu’à proposer des
sondages en ligne afin d’évaluer la situation et même d’avoir les
données nécessaires pour l’investissement dans ce créneau porteur et
qui demeure pour le pays l’un des gisements inépuisables notamment en
devises et même en opportunités d’emploi. Certains de ces petits
investisseurs, qui veulent monter leurs propres projets, estiment que
l’investissement dans ce secteur ne doit pas être l’apanage des grands
groupes ou de sociétés ; il pourrait être élargi aux PME. L’argument,
selon eux, est que la valorisation des sites touristiques pourrait être
faite avec les moyens du bord, évitant ainsi d’altérer la beauté
d’innombrables paysages féeriques.
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