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Changement à la tête du gouvernement algérien
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La mission du nouveau chef de gouvernement algérien est d’assurer la réélection de Bouteflika pour un 3ème mandat.
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Abdelaziz Belkhadem et Ahmed Ouyahia. Changement de poste.
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La vie politique en Algérie tournerait-elle en rond? On est plutôt en droit de se le demander avec le changement de Premier ministre décidé par Bouteflika, lundi 23 juin 2008, et qui voit Ahmed Ouyahia succéder à Abdelaziz Belkhadem. Pourquoi un tel acte? Est-ce parce que les chantiers initiés depuis accusaient bien des retards? Ou faut-il y voir la mise en place d’un dispositif adapté au processus devant conduire à un troisième mandat du chef de l’État actuel?
Il faut dire que les questionnements ne manquent point quant à cette prégnance de plus en plus affirmée du courant religieux dans la vie sociale. Abdelaziz Belkhadem est depuis longtemps rangé comme étant au premier plan de ce que le vocabulaire local appelle les “barbéfélènes”, terme appliqué aux tenants d’un courant islamiste au sein du FLN. Secrétaire général de cette formation, celui-ci est l’une des composantes de l’Alliance présidentielle au côté, précisément, de Ahmed Ouyahia, dirigeant du Rassemblement national démocratique (RND), et du Mouvement de la Société pour la Paix (MSP, parti islamiste modéré). Or, le cabinet Belkhadem s’est distingué par des mesures éligibles à une application rétrograde de la chari’a. Des débits de boisson alcoolisées ont été fermés; des condamnations ont frappé des “mécréants” pour inobservance du jeûne du Ramadan; les femmes accompagnées ne pouvant justifier d’un lien de mariage sont également poursuivies; les restaurants sont tenus de refuser de servir celles qui sont seules; un climat qui ne favorise pas la promotion de la condition féminine, et qui n’est autre chose que la traduction de la reprise en main par les forces obscurantistes et intolérantes. Si l’on y ajoute, depuis début 2008, les multiples persécutions visant les Chrétiens au cours de procès actionnés pour «pratique du culte non musulman sans autorisation», il y a là de quoi alarmer des couches sociales peu enclines à accepter pareille vision d’arrière-garde.
Stabilité
Tactiquement, voici un peu plus de deux ans, Abdelaziz Bouteflika avait besoin du soutien des islamistes planqués derrière la bannière du FLN et du MSP. Et Abdelaziz Belkhadem avait été le maître d’œuvre de cette opération; il avait pu aussi, à cette occasion, rallier, d’une manière ou d’une autre, la plupart des dirigeants historiques du FIS, exception faite de Ali Belhadj.
Pour autant, la situation institutionnelle et politique est-elle normalisée et stabilisée? Rien n’est moins sûr. Le dossier d’un troisième mandat présidentiel n’est pas vraiment réglé. Une révision de la Constitution par voie parlementaire est prévue pour juillet. Mais elle devrait se limiter à la seule prorogation du quinquennat actuel à un septennat, étant entendu qu’elle aurait ainsi un effet rétroactif en s’appliquant au mandat courant de Bouteflika. Une solution d’attente pour voir comment évoluera la santé chancelante de ce dernier.
Une formule qui paraît aussi être à double détente: cantonner Belkhadem et son courant; mettre en situation Ahmed Ouyahia dans le cas de figure d’une élection présidentielle imposée plus tôt que prévu… Les généraux qui soutiennent celui-ci depuis longtemps apprécient en effet sa politique éradicatrice. Il est l’homme qui saura de nouveau leur donner des gages. De stabilité. Et de prospérité.
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Mustapha Sehimi
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