Le 8 Mai 1945 peu glorieux pour nous qui avions mis à bas le nazisme
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Le 8 mai 1945
À Sétif, la manifestation autorisée commence à envahir les rues dès 8 heures, estimée à plus de 10 000 personnes, chantant l’hymne nationaliste Min Djibalina (De nos montagnes), défile avec des drapeaux des pays alliés vainqueurs et des pancartes « Libérez Messali », « Nous voulons être vos égaux » ou « À bas le colonialisme ».
Vers 8h45 surgissent des pancartes « Vive l’Algérie libre et indépendante » et en tête de la manifestation Aïssa Cheraga, chef d’une patrouille de scouts musulmans, arbore le « drapeau algérien ». Tout dérape alors : devant le café de France, le commissaire Olivieri tente de s’emparer du drapeau, mais est jeté à terre. Des Européens en marge de la manifestation assistant à la scène se précipitent dans la foule.
Un jeune homme, Bouzid Saâl, s’empare du « drapeau algérien » mais est abattu par un policier. Immédiatement, des tirs provenant de policiers provoquent la panique. Les manifestants en colère s’en prennent aux Français et font en quelques heures 28 morts chez les Européens, dont le maire qui a cherché à s’interposer, et 48 blessés.
L’armée fait défiler les tirailleurs algériens, mais, alors que l’émeute se calme à Sétif, dans le même temps, des émeutes éclatent dans la région montagneuse de petite Kabylie, dans les petits villages entre Bougie et Djidjelli.
Le mouvement s’étend très rapidement, et, le soir même à Guelma, une manifestation s’ébranle. Le sous-préfet Achiary, un ancien résistant, fait tirer sur les manifestants. On relève un mort et six blessés parmi les manifestants, 5 blessés dans le service d’ordre. Le cortège se disperse. Le sous-préfet dispose de trois compagnies de tirailleurs en formation, tous musulmans. Il consigne la troupe et fait mettre les armes sous clés. Un bataillon d’infanterie de Sidi-Bel-Abbès, convoyée par des avions prêtés par les Américains, arrive le 9 dans la journée pour évacuer des petits villages d’« européens » qui sont encerclés par les émeutiers.
Le témoignage de M.Lavie, minotier à Héliopolis, est instructif sur l’état de panique des européens : « Dès la fin du méchoui du 8 mai, je décide de transformer le moulin neuf pour abriter la population d’Héliopolis, et tous les colons des environs que j’ai pu joindre. Au cours de l’après-midi, je fais construite un réseau de barbelés, long de 300 mètres, électrifié sous 3 000 volts et alimenté par le groupe électrogène de la minoterie. Meurtrières percées dans les murs d’entrée, portes obstruées par des herses renversées sur six mètres de profondeur et défendues par des feux croisés. La population protégée a vécu dans ces conditions pendant un mois jusqu’à ce que l’ordre soit rétabli. ».
Se produiront des violences contre les Européens dans le Constantinois, surtout dans les fermes isolées. Le nombre total d’Européens tués aurait été de 102. Parmi les victimes, on trouve des modérés du « troisième camp », tels le maire de Sétif, ou Albert Denier, le secrétaire du Parti communiste.
Le chef du gouvernement français provisoire, le général de Gaulle, ordonne l’intervention de l’armée sous le commandement du général Duval dans une répression violente contre la population indigène. La marine y participe grâce à son artillerie, ainsi que l’aviation. Le général Duval rassemble toutes les troupes disponibles, soit deux mille hommes. Ces troupes viennent de la Légion étrangère, des tabors marocains qui se trouvaient à Oran en passe d’être démobilisés et qui protestent contre cette augmentation de service imprévue, une compagnie de réserve de tirailleurs sénégalais d’Oran, des spahis de Tunis, et les tirailleurs algériens en garnison à Sétif Kherrata et à Guelma.
La répression, menée par l’armée et la milice de Guelma, est d’une incroyable violence : exécutions sommaires, massacres de civils, bombardements de mechtas. Deux croiseurs, le Triomphant et le Duguay-Trouin, tirent plus de 800 coups de canon depuis la rade de Bougie sur la région de Sétif. L’aviation bombarde et rase plus ou moins complètement plusieurs agglomérations kabyles. Une cinquantaine de « mechtas » sont incendiées. Les automitrailleuses font leur apparition dans les villages et elles tirent à distance sur les populations. Les blindés sont relayés par les militaires arrivés en convois sur les lieux.
À l’image d’une milice de 200 personnes qui se forme à Guelma sous l’impulsion du sous-préfet André Achiary qui distribue toutes les armes disponibles, soit les 60 fusils de guerre qui équipaient les tirailleurs et se livre à une véritable chasse aux émeutiers. Pendant deux mois, l’Est de l’Algérie connaît un déchaînement de folie meurtrière.
De nombreux corps ne peuvent être enterrés ; ils sont jetés dans les puits, dans les gorges de Kherrata en Kabylie. Des miliciens utilisent les four à chaux pour faire disparaître des cadavres. Saci Benhamla, qui habitait à quelques centaines de mètres du four à chaux d’Héliopolis, décrit l’insupportable odeur de chair brûlée et l’incessant va-et-vient des camions venant décharger les cadavres, qui brûlaient ensuite en dégageant une fumée bleuâtre.
De nombreux musulmans, dirigeants politiques et militants, du Parti du peuple algérien (PPA), des Amis du manifeste de la liberté (AML) (dont le fondateur Ferhat Abbas) et de l’association des oulémas furent arrêtés. Lorsqu’une faction ou un douar demandait l’aman (« le pardon »), l’armée réclamait les coupables. Le 28 février 1946, le rapporteur de la loi d’amnistie (qui fut votée) déclarait en séance : « Quatre mille cinq cent arrestations furent ainsi effectuées, quatre vingt dix neuf condamnations à mort dont vingt deux ont été exécutées, soixante quatre condamnations aux travaux forcés à temps et il y aurait encore deux mille cinq cents indigènes à juger ».
La répression prend fin officiellement le 22 mai. L’armée organise des cérémonies de soumission où tous les hommes doivent se prosterner devant le drapeau français et répéter en chœur : « Nous sommes des chiens et Ferhat Abbas est un chien ». Des officiers exigent la soumission publique des derniers insurgés sur la plage des Falaises, non loin de Kherrata. Certains, après ces cérémonies, sont embarqués et assassinés. Pendant de longs mois, les Algériens musulmans qui, dans les campagnes, se déplaçaient le long des routes continuèrent à fuir pour se mettre à l’abri, au bruit de chaque voiture. L’historien algérien Boucif Mekhaled, raconte : « [À Kef-El-Boumba], j’ai vu des Français faire descendre d’un camion cinq personnes les mains ligotées, les mettre sur la route, les arroser d’essence avant de les brûler vivants ".
Le 19 mai, à la demande du ministre de l’Intérieur Tixier, de Gaulle nomme le général de gendarmerie Tubert, résistant, membre depuis 1943 du Comité central provisoire de la Ligue des droits de l’homme (où siègent également René Cassin, Pierre Cot, Félix Gouin et Henri Laugier), membre de l’Assemblée consultative provisoire, dans le but d’enquêter sur les évènements.
Peu d’européens protestent contre ces massacres. Par exception l’un d’eux, le professeur Henri Aboulker, médecin juif et résistant (l’un des organisateurs du putsch du 8 novembre 1942, qui a permis le succès de l’opération Torch à Alger), s’élève contre ces massacres. Il publie plusieurs articles dans le quotidien Alger Républicain, réclamant certes la sanction sévère des meurtriers provocateurs qui avaient assassiné 102 Français, mais à l’issue d’une procédure légale régulière. Et surtout, il dénonce sans réserve les massacres massifs et aveugles de milliers d’Algériens innocents. Il réclame aussi la libération immédiate de Fehrat Abbas, dont tout le monde savait qu’il avait toujours cantonné son action dans le cadre de la légalité. Henri Aboulker estimait que la défense des innocents devait primer toute considération politique.
Le communiqué du Gouvernement Général le 10 mai illustre la manière dont les autorités de l’époque ont perçu ces événements :
« Des éléments troubles, d’inspiration hitlérienne, se sont livrés à Sétif à une agression armée contre la population qui fêtait la capitulation de l’Allemagne nazie. La police, aidée de l’armée, maintient l’ordre et les autorités prennent toutes décisions utiles pour assurer la sécurité et réprimer les tentatives de désordre. »
Dans ses Mémoires de guerre, Charles de Gaulle chef du gouvernement à l’époque des faits, écrit en tout et pour tout :
« En Algérie, un commencement d’insurrection survenu dans le Constantinois et synchronisé avec les émeutes syriennes du mois de mai a été étouffé par le gouverneur général Chataigneau. »
Houari Boumediene, le futur président algérien a écrit :
« Ce jour-là, j’ai vieilli prématurément. L’adolescent que j’étais est devenu un homme. Ce jour-là, le monde a basculé. Même les ancêtres ont bougé sous terre. Et les enfants ont compris qu’il faudrait se battre les armes à la main pour devenir des hommes libres. Personne ne peut oublier ce jour-là. »
Kateb Yacine, écrivain algérien, alors lycéen à Sétif, écrit :
« C’est en 1945 que mon humanitarisme fut confronté pour la première fois au plus atroce des spectacles. J’avais vingt ans. Le choc que je ressentis devant l’impitoyable boucherie qui provoqua la mort de plusieurs milliers de musulmans, je ne l’ai jamais oublié. Là se cimente mon nationalisme. »
Il fut aussi un témoin oculaire des événements de Sétif, il écrit :
« Je témoigne que la manifestation du 8 mai était pacifique. En organisant une manifestation qui se voulait pacifique, on a été pris par surprise. Les dirigeants n’avaient pas prévu de réactions. Cela s’est terminé par des dizaines de milliers de victimes. À Guelma, ma mère a perdu la mémoire (…) On voyait des cadavres partout, dans toutes les rues. La répression était aveugle ; c’était un grand massacre. »
Albert Camus dans le journal Combat des 13 au 23 mai demande qu’on applique aux Algériens (il dit : « Le peuple arabe ») les « principes démocratiques que nous réclamons pour nous-mêmes ». Il affirme qu’il y a crise — et non de simples incidents — que « le peuple arabe existe », qu’il « n’est pas inférieur sinon par les conditions où il se trouve ». Plus encore, il proclame que « l’Algérie est à conquérir une seconde fois ».
Le nombre de victimes « européennes » est à peu près admis et s’élève officiellement à 102 morts et 110 blessés (Rapport officiel de la commission Tubert de 1945). Un certain nombre de musulmans, non dénombrés, ont également été victimes des émeutiers.
Du côté musulman, les chiffres du nombre de victimes sont actuellement source de nombreuses polémiques, notamment en Algérie où la version officielle retient le nombre de 45 000 morts qui correspond à l’estimation de l’armée américaine alors présente en Algérie.
Une enquête demandée par le gouverneur général Yves Chataigneau comparant le nombre de cartes d’alimentation avant et après les événements conclut à moins de 1000 victimes. Le gouverneur général de l’Algérie fixa par la suite le nombre des musulmans tués à 1 165 et 14 soldats, 4 500 arrestations, 89 condamnations à mort dont 22 exécutées, chiffres qui seront pris pour officiels. Le général Duval déclarait pour la commission Tubert de 1945 que « Les troupes ont pu tuer 500 à 600 indigènes », mais les militaires évoquaient déjà à l’époque le chiffre de 6 000 à 8 000 victimes. Habib affirme que le ministre des Affaires étrangères, Georges Bidault, aurait parlé de 20 000 tués, sans préciser sa source.
Par la suite, André Prenant, géographe spécialiste de la démographie algérienne, se rendant sur les lieux en 1948, fixe le nombre de victimes à 20 000. Certains historiens ont par la suite parlé de 2000 (Charles-Robert Âgeron) et 6 000 morts(Robert Avron) . Le professeur Henri Aboulker (père de José Aboulker, cité précédemment), avait à l’époque estimé le bilan proche de 30 000 morts.
Le consul général américain à Alger de l’époque a établi le nombre de victimes indigènes par la répression de l’armée à 45000. Ce chiffre sera repris par les milieux nationalistes puis par le gouvernement algérien qui, commémorant ces massacres chaque année, parle des « 45 000 morts des massacres de Sétif». Récemment, Bélaïd Abdessalam, ancien premier ministre algérien, déclarait dans El-Khabar Hebdo que le chiffre de 45 000 a été choisi à des fins de propagande. Le Président Bouteflika affirme que les massacres ont fait quoi qu’il en soit plusieus dizaines de milliers de morts sans qu’on puisse en préciser le nombre exacte, "même si notre histoire officielle retient le nombre de 45 000 morts". Les chercheurs Rachid Messli et Abbas Aroua, du Centre de recherche historique et de documentation sur l’Algérie, déclaraient le 9 avril 2005 que « la plupart des historiens s’entendent sur le fait que 45 000 est un chiffre exagéré. Il serait plus réaliste de penser que le bilan humain se situe entre 8 000 et 10 000 morts »[réf. nécessaire].
Le général français Tubert qui a rédigé un rapport après les massacres, parle de 15 000 tués dans les populations musulmanes. (Source : Courrière Yves, Les fils de la Toussaint, Fayard, Paris, 1968. Histoire de l’Algérie coloniale, Benjamin Stora, La découverte 1830-1954 p.91)
Selon l’historienne Annie Rey-Goldzeiguer, « la seule affirmation possible, c’est que le chiffre dépasse le centuple des pertes européennes et que reste, dans les mémoires de tous, le souvenir d’un massacre qui a marqué cette génération », et l’historien Mohammed Harbi d’ajouter : « En attendant des recherches impartiales , convenons avec Annie Rey-Goldzeiguer que, pour les 102 morts européens, il y eut des milliers de morts algériens ».
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http://fr.wikipedia.org/wiki/Massac...
De : jacnoy
jeudi 8 mai 2008
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Diffusion le 8 mai 2008
sur
L’AUTRE 8 MAI 1945 –
Aux origines de la guerre d’Algérie
http://autre8mai1945-lefilm.com/
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Interview de Yasmina Adi,
Réalisatrice de "L’AUTRE 8 MAI 1945 – Aux origines de la guerre d’Algérie"
Mêlant
archives françaises, anglaises américaines et témoignages des
protagonistes français et algériens, Yasmina Adi lève le voile sur les
mécanismes et les conséquences de la répression coloniale du 8 mai 1945
en Algérie. Elle répond à nos questions.
Pourquoi avoir choisi un tel sujet ?
Yasmina Adi :
C’est en plein débat sur l’article 4 de la loi du 23 février 2005 que
m’est venue l’idée de ce documentaire. On discutait alors de
l’inclusion dans les manuels scolaires du "rôle positif de la présence
française en Afrique du Nord". Une éventualité qui a fait resurgir la
répression du 8 mai 1945. Une histoire absente de ces mêmes manuels
scolaires à laquelle j’avais été sensibilisée par les récits de mes
parents, originaires de la région de Constantine.
Comment s’est passée la réalisation d’un tel projet ?
Yasmina Adi : J’ai
tenu à mener une enquête à la fois sur le terrain et en m’appuyant sur
des documents inédits. En Algérie, j’ai réussi à retrouver 63 ans plus
tard des témoins de premier plan de ces événements dans la région de
Constantine, un très vaste département. Parmi ces acteurs majeurs :
Chawki Mostefaï, le créateur du drapeau algérien créé pour les
manifestations du 8 mai 1945, Aïssa Cheraga le porteur de drapeau de la
manifestation de Sétif ou Lahcene Bekhouche, Messaoud Merghem et
d’autres condamnés à mort en 1945 qui ne retrouveront finalement la
liberté qu’en 1962 lors de l’indépendance de l’Algérie. Parallèlement,
j’ai consulté en France les archives de police, du gouvernement général
en Algérie et en France, et le peu d’archives militaires accessibles.
Mais j’ai également enquêté en Algérie, en Angleterre et aux
Etats-Unis.
Pourquoi avoir cherché des documents américains et anglais ?
Yasmina Adi : A
l’heure où se créait l’Organisation des Nations Unies, les Anglais et
les Américains sont présents en Algérie depuis 1942. J’ai voulu
retrouver dans les archives des Alliés le compte-rendu de ces
événements. Ma rencontre avec Landrum Bolling, premier journaliste
étranger arrivé sur le terrain en mai 1945 m’a conforté dans ce choix.
A l’époque, ses échanges avec les services secrets anglais et
américains ont confirmé que ces forces ont été des témoins privilégiés
de la répression. Les documents que j’ai trouvés à Londres et à
Washington offrent un nouvel éclairage à cette page de l’histoire.
Comment interprétez-vous les déclarations du 27 avril 2008 de M. Bajolet, Ambassadeur de France en Algérie ?
Yasmina Adi : Le
prédécesseur de M. Bajolet, M. Colin de Verdière avait parlé en 2005 de
"tragédie inexcusable". Aujourd’hui, M. Bajolet parle d’"épouvantables
massacres", d’événements qui "ont fait insulte aux principes fondateurs
de la République française et marqué son histoire d'une tache
indélébile". Prononcés à l’Université du 8 mai 1945 à Guelma, ces
propos interviennent 5 mois après celui du président de la République
Nicolas Sarkozy à Constantine, qui avait parlé d’impardonnables fautes
et crimes du passé colonial français en Algérie. Au-delà de ces
déclarations, il convient d’aller plus loin pour que la cicatrice
laissée par cette répression puisse réellement se refermer. Cela veut
dire donner les moyens aux historiens de faire toute la lumière sur
cette page de l’histoire. Aujourd’hui, de nombreux désaccords
persistent, comme par exemple sur le bilan de cette répression.
Pourquoi est-il si difficile d’avoir un bilan précis de cette répression ?
Yasmina Adi :
En Algérie, on parle de 45 000 morts. Les historiens oscillent entre 6
000 et 25 000 morts et les autorités françaises reconnaissent
aujourd’hui 7 000 morts. Des deux côtés de la Méditerranée, ce bilan a
une valeur très symbolique : d’un côté, les traces d’une répression
coloniale que l’on aimerait cacher ; de l’autre, des massacres qui
symbolisent le début d’une volonté d’indépendance nationale. C’est
aussi pour éviter cette instrumentalisation des chiffres que j’ai
recherché les documents des services secrets alliés (anglais et
américains présents en Algérie). Leurs documents font notamment état
d’une enquête française jusqu’alors restée secrète.
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France 2 0.05 Documentaire
L’Autre 8 mai 1945
Aux origines de la guerre d’Algérie
T – Documentaire de Yasmina Adi (France 2008), 52 mn. Inédit
8 mai 1945. Tandis que la métropole fête dans la liesse la victoire
alliée sur l’Allemagne nazie, en Algérie se met en branle une féroce
répression contre la population. Goumiers, spahis, tirailleurs et
tabors enrôlés en Indochine, au Congo, à Madagascar ou en Afrique du
Nord… Les Indigènes ont constitué un quart des troupes françaises
engagées dans la Libération de l’Hexagone. Forts du tribut versé, de la
« fraternité d’armes » les Algériens, privés de droits sociaux,
juridiques et politiques, veulent croire à la reconnaissance de la
France. Partisans de Messali Hadj, de Ferhat Abbas se déploient dans
les rues d’Alger et de Sétif pour réclamer une équité de statuts, la
libération des militants nationalistes emprisonnés… Et, comble de
l’insupportable pour le grand colonat et les autorités politiques,
certains manifestants, minoritaire encore, vont jusqu’à brandir un
drapeau algérien. Il faut éviter la contamination. La police, l’armée
et des milices privées composées d’Européens ultras vont s’employer à
rétablir l’ordre colonial. Transfert des pouvoirs politiques aux
militaires, ratonnades, disparitions, bombardements des villages,
humiliations collectives, hameaux brûlés… neuf ans avant la Toussaint
54 se joue la répétition de la guerre d’Algérie.
Mêlant archives françaises, anglaises, américains,
témoignages des protagonistes français et algériens, et récit du
premier reporter arrivé sur place, le film permet avec clarté de
restaurer une autre mémoire du 8 Mai 1945.
Marie Cailletet
Voir la coupure de presse
Télérama n°3042 – Semaine du 3 au 9 mai 2008-05-01
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L’Autre 8 mai 45
0,05> France 2. Documentaire de Yasmina Adi
(2007, F, 50 mn)
Dans la mémoire collective, le 8 mai 1945 est associé à des images de
liesse populaire dans les rues de Paris. Il en est d’autres qu’on ne
retrouve dans aucun manuel scolaire : le même jour, en Algérie, une
manifestation d’indépendantistes à Sétif tourne à l’insurrection
violente. La révolte gagne les villes voisines. La répression qui s’en
suivra sera d’une brutalité extrême, faisant des milliers de morts chez
les Algériens. En croisant les récits de témoins algériens et français,
la réalisatrice Yasmina Adi montre comment l’armée française s’est
livrée à un nettoyage en règle pour mater un mouvement qui aurait pu
s’étendre à toute l’Algérie. Ponctué par l’analyse de l’historien
Pascal Blanchard, le film présente cette déchirure irréparable entre
les deux communautés comme le germe de la guerre d’Algérie, qui débuta
neuf ans plus tard.
Voir la coupure de presse
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Les témoins du film :
Historien
Pascal Blanchard
Historien chercheur au CNRS
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Témoin Américain
Landrum Bolling
Ancien Reporter de guerre pour l'agence de presse ONA à New York.
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Témoins Sétif
Aïssa Cheraga
Hamed Acid
Mohamed Chérif
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Témoins région de Sétif
Amrane Bedhouche
Hamed Boulzazen
Lahcene Bekhouche
Layachi Kherbache
Messaoud Merghem
Saïd Allik
Zorah Amokrane
Zorah Amokrani
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Témoins Guelma
Abdallah Yales
Abdelmajid Chiheb
Saci Benhamla
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Témoins région de Guelma
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Témoin Alger
Dr Chawki Mostefaï
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Témoins Français
Gilles Martinez
Henriette Pitoun
Roger Denier
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Un terrorisme d'Etat
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Un historien français, le professeur Jean-Louis Planche, a qualifié mardi de "terrorisme d'Etat" les massacres du 8 mai 1945 perpétrés par les forces coloniales, notamment dans les villes de Sétif, Guelma et Kherrata.
Se basant sur des
rapports des services de renseignements américains établis à l’époque
en Algérie, le professeur Planche, de l’université de Paris, qui
animait à Guelma une conférence à l’occasion de la 1re journée du 6e
colloque international sur les massacres du 8 mai 1945, a indiqué que
ces services connus sous la dénomination "OSS" et qui ont été dissous
en septembre 1945 pour être remplacés par la C.I.A, avaient fait part
d’une "répression et d’un massacre perpétrés contre des Algériens".
L’historien
algérien Mohamed Corso de l’université d’Alger a, pour sa part, plaidé
pour la consécration du "droit des peuples colonises à leur histoire".
"Peut-on accepter que l’écriture de l’histoire d’un pays se fasse par des étrangers", s’est-il interrogé avant de souligner que l’histoire "restera au cœur des rapports algéro-français au même titre que le secteur du commerce entre les deux pays".
La responsabilité juridique de l’Etat français dans ce qui est appelé "les événements d’Algérie" durant la période coloniale a été développée par le docteur Mohamed Chergui de l’université du 8 mai.
Qualifiant les massacres du 8 mai 45 de "crimes d’extermination", le conférencier a soutenu que "la responsabilité pénale de ces génocides incombe à l’Etat français".
Les crimes de mai 1945 dans la région de l’Aurès Nememcha ont été abordés par le docteur Ouenassa Siar de l’université de Constantine qui s’est attardée sur l’effervescence du mouvement nationaliste algérien dans cette région et sur la volonté insurrectionnelle des masses.
D’autres communications ont été programmées pour demain mercredi, seconde et dernière journée de ce colloque international organisé par l’université du 8 mai 45 à l’occasion de la commémoration du 63e anniversaire des événements sanglants du 8 mai 45.
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[Aps 6/5/08] GUELMA
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Sur Wikipedia :
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"À Sétif, la manifestation autorisée commence à envahir les rues dès 8 heures, estimée à plus de 10 000 personnes[7], chantant l’hymne nationaliste Min Djibalina (De nos montagnes), défile avec des drapeaux des pays alliés vainqueurs et des pancartes « Libérez Messali », « Nous voulons être vos égaux » ou « À bas le colonialisme ». Vers 8h45 surgissent des pancartes « Vive l'Algérie libre et indépendante » et en tête de la manifestation Aïssa Cheraga, chef d'une patrouille de scouts musulmans, arbore le « drapeau algérien ». Tout dérape alors : devant le café de France, le commissaire Olivieri tente de s’emparer du drapeau, mais est jeté à terre. Des Européens en marge de la manifestation assistant à la scène se précipitent dans la foule[8]. Un jeune homme, Bouzid Saâl, s'empare du « drapeau algérien » mais est abattu par un policier[8]. Immédiatement, des tirs provenant de policiers provoquent la panique. Les manifestants en colère s'en prennent aux Français et font en quelques heures 28 morts chez les Européens, dont le maire qui a cherché à s'interposer, et 48 blessés. L'armée fait défiler les tirailleurs algériens, mais, alors que l'émeute se calme à Sétif, dans le même temps, des émeutes éclatent aux cris du « Djihad » dans la région montagneuse de petite Kabylie, dans les petits villages entre Bougie et Djidjelli[7]. Des fermes européennes isolées et des maisons forestières sont attaqués et leurs occupants assassinés.Le mouvement s'étend très rapidement, et, le soir même à Guelma, une manifestation s'ébranle. Le sous-préfet Achiary, un ancien résistant, fait tirer sur les manifestants[1]. On relève un mort et six blessés parmi les manifestants, 5 blessés dans le service d'ordre. Le cortège se disperse. Le sous-préfet dispose de trois compagnies de tirailleurs en formation, tous musulmans. Il consigne la troupe et fait mettre les armes sous clés. Un bataillon d'infanterie de Sidi-Bel-Abbès, convoyée par des avions prêtés par les Américains, arrive le 9 dans la journée pour évacuer des petits villages d'« européens » qui sont encerclés par les émeutiers. Le témoignage de M.Lavie, minotier à Héliopolis, est instructif sur l'état de panique des européens : « Dès la fin du méchoui du 8 mai, je décide de transformer le moulin neuf pour abriter la population d'Héliopolis, et tous les colons des environs que j'ai pu joindre. Au cours de l'après-midi, je fais construite un réseau de barbelés, long de 300 mètres, électrifié sous 3 000 volts et alimenté par le groupe électrogène de la minoterie. Meurtrières percées dans les murs d'entrée, portes obstruées par des herses renversées sur six mètres de profondeur et défendues par des feux croisés. La population protégée a vécu dans ces conditions pendant un mois jusqu'à ce que l'ordre soit rétabli. »[9]. Se produiront des violences contre les Européens dans le Constantinois, surtout dans les fermes isolées. Des femmes sont violées, des actes de barbarie sont commis. Le nombre total d'Européens tués aurait été de 102[10]. Parmi les victimes, on trouve des modérés du « troisième camp », tels le maire de Sétif, ou Albert Denier, le secrétaire du Parti communiste, qui aura les deux mains tranchées Le chef du gouvernement français provisoire, le général de Gaulle, ordonne l'intervention de l'armée [11] sous le commandement du général Duval dans une répression violente contre la population indigène. La marine y participe grâce à son artillerie, ainsi que l'aviation. Le général Duval rassemble toutes les troupes disponibles, soit deux mille hommes[7]. Ces troupes viennent de la Légion étrangère, des tabors marocains qui se trouvaient à Oran en passe d'être démobilisés et qui protestent contre cette augmentation de service imprévue, une compagnie de réserve de tirailleurs sénégalais d'Oran, des spahis de Tunis, et les tirailleurs algériens en garnison à Sétif Kherrata et à Guelma. La répression, menée par l'armée et la milice de Guelma, est d’une incroyable violence : exécutions sommaires, massacres de civils, bombardements de mechtas. Deux croiseurs, le Triomphant et le Duguay-Trouin, tirent plus de 800 coups de canon depuis la rade de Bougie sur la région de Sétif[7]. L'aviation bombarde et rase plus ou moins complètement plusieurs agglomérations kabyles. Une cinquantaine de « mechtas » sont incendiées. Les automitrailleuses font leur apparition dans les villages et elles tirent à distance sur les populations. Les blindés sont relayés par les militaires arrivés en convois sur les lieux. À l’image d’une milice de 200 personnes qui se forme à Guelma sous l'impulsion du sous-préfet André Achiary qui distribue toutes les armes disponibles[1], soit les 60 fusils de guerre qui équipaient les tirailleurs et se livre à une véritable chasse aux émeutiers. Pendant deux mois[1], l’Est de l’Algérie connaît un déchaînement de folie meurtrière. De nombreux corps ne peuvent être enterrés ; ils sont jetés dans les puits, dans les gorges de Kherrata en Kabylie. Des miliciens utilisent les four à chaux pour faire disparaître des cadavres[12]. Saci Benhamla, qui habitait à quelques centaines de mètres du four à chaux d’Héliopolis, décrit l’insupportable odeur de chair brûlée et l’incessant va-et-vient des camions venant décharger les cadavres, qui brûlaient ensuite en dégageant une fumée bleuâtre[ De nombreux musulmans, dirigeants politiques et militants, du Parti du peuple algérien (PPA), des Amis du manifeste de la liberté (AML) (dont le fondateur Ferhat Abbas) et de l'association des oulémas furent arrêtés. Lorsqu'une faction ou un douar demandait l’aman (« le pardon »), l'armée réclamait les coupables. Le 28 février 1946, le rapporteur de la loi d'amnistie (qui fut votée) déclarait en séance : « Quatre mille cinq cent arrestations furent ainsi effectuées, quatre vingt dix neuf condamnations à mort dont vingt deux ont été exécutées, soixante quatre condamnations aux travaux forcés à temps et il y aurait encore deux mille cinq cents indigènes à juger »[14]. La répression prend fin officiellement le 22 mai. L’armée organise des cérémonies de soumission où tous les hommes doivent se prosterner devant le drapeau français et répéter en chœur : « Nous sommes des chiens et Ferhat Abbas est un chien »[10][15]. Des officiers exigent la soumission publique des derniers insurgés sur la plage des Falaises, non loin de Kherrata. Certains, après ces cérémonies, sont embarqués et assassinés[13]. Pendant de longs mois, les Algériens musulmans qui, dans les campagnes, se déplaçaient le long des routes continuèrent à fuir pour se mettre à l'abri, au bruit de chaque voiture. L'historien algérien Boucif Mekhaled, raconte : « [À Kef-El-Boumba], j’ai vu des Français faire descendre d’un camion cinq personnes les mains ligotées, les mettre sur la route, les arroser d’essence avant de les brûler vivants »[13]. Le 19 mai, à la demande du ministre de l’Intérieur Tixier, de Gaulle nomme le général de gendarmerie Tubert, résistant, membre depuis 1943 du Comité central provisoire de la Ligue des droits de l’homme (où siègent également René Cassin, Pierre Cot, Félix Gouin et Henri Laugier), membre de l’Assemblée consultative provisoire, dans le but d’enquêter sur les évènements. Mais, pendant six jours, du 19 au 25 mai, la commission fait du sur-place à Alger. Officiellement on attendait l’un de ses membres « retenu » à Tlemcen. Dans les faits, c'est bien Tubert qui est retenu à Alger. On ne le laisse partir pour Sétif que le 25 mai, quand tout y était terminé. Et, à peine arrivé à Sétif, il est rappelé à Alger le lendemain, le 26, sur ordre du gouvernement, par le gouverneur général Chataigneau. Si bien qu’il ne peut se rendre à Guelma. Peu d'européens protestent contre ces massacres. Par exception l'un d'eux, le professeur Henri Aboulker, médecin juif et résistant (l'un des organisateurs du putsch du 8 novembre 1942, qui a permis le succès de l'opération Torch à Alger), s'élève contre ces massacres. Il publie plusieurs articles dans le quotidien Alger Républicain, réclamant certes la sanction sévère des meurtriers provocateurs qui avaient assassiné 102 Français, mais à l'issue d'une procédure légale régulière. Et surtout, il dénonce sans réserve les massacres massifs et aveugles de milliers d'Algériens innocents. Il réclame aussi la libération immédiate de Fehrat Abbas, dont tout le monde savait qu'il avait toujours cantonné son action dans le cadre de la légalité. Henri Aboulker estimait que la défense des innocents devait primer toute considération politique. Le communiqué du Gouvernement Général le 10 mai illustre la manière dont les autorités de l'époque ont perçu ces événements : « Des éléments troubles, d'inspiration hitlérienne, se sont livrés à Sétif à une agression armée contre la population qui fêtait la capitulation de l'Allemagne nazie. La police, aidée de l'armée, maintient l'ordre et les autorités prennent toutes décisions utiles pour assurer la sécurité et réprimer les tentatives de désordre. » Dans ses Mémoires de guerre, Charles de Gaulle chef du gouvernement à l'époque des faits, écrit en tout et pour tout : « En Algérie, un commencement d'insurrection survenu dans le Constantinois et synchronisé avec les émeutes syriennes du mois de mai a été étouffé par le gouverneur général Chataigneau. » Houari Boumediene, le futur président algérien a écrit : « Ce jour-là, j’ai vieilli prématurément. L’adolescent que j’étais est devenu un homme. Ce jour-là, le monde a basculé. Même les ancêtres ont bougé sous terre. Et les enfants ont compris qu'il faudrait se battre les armes à la main pour devenir des hommes libres. Personne ne peut oublier ce jour-là. » Kateb Yacine, écrivain algérien, alors lycéen à Sétif, écrit : « C’est en 1945 que mon humanitarisme fut confronté pour la première fois au plus atroce des spectacles. J’avais vingt ans. Le choc que je ressentis devant l’impitoyable boucherie qui provoqua la mort de plusieurs milliers de musulmans, je ne l’ai jamais oublié. Là se cimente mon nationalisme. » Il fut aussi un témoin oculaire des événements de Sétif, il écrit : « Je témoigne que la manifestation du 8 mai était pacifique. En organisant une manifestation qui se voulait pacifique, on a été pris par surprise. Les dirigeants n’avaient pas prévu de réactions. Cela s’est terminé par des dizaines de milliers de victimes. À Guelma, ma mère a perdu la mémoire (…) On voyait des cadavres partout, dans toutes les rues. La répression était aveugle ; c’était un grand massacre. » Albert Camus dans le journal Combat des 13 au 23 mai[16] demande qu'on applique aux Algériens (il dit : « Le peuple arabe ») les « principes démocratiques que nous réclamons pour nous-mêmes ». Il affirme qu’il y a crise — et non de simples incidents — que « le peuple arabe existe », qu’il « n’est pas inférieur sinon par les conditions où il se trouve ». Plus encore, il proclame que « l’Algérie est à conquérir une seconde fois ». Du côté musulman, les chiffres du nombre de victimes sont actuellement source de nombreuses polémiques, notamment en Algérie où la version officielle retient le nombre de 45 000 morts qui correspond à l'estimation de l'armée américaine alors présente en Algérie;Selon l’historienne Annie Rey-Goldzeiguer, « la seule affirmation possible, c’est que le chiffre dépasse le centuple des pertes européennes et que reste, dans les mémoires de tous, le souvenir d’un massacre qui a marqué cette génération », et l'historien Mohammed Harbi d'ajouter : « En attendant des recherches impartiales , convenons avec Annie Rey-Goldzeiguer que, pour les 102 morts européens, il y eut des milliers de morts algériens.
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Notes et références [modifier]
- ↑ a b c d e « Aux origines de la guerre d’Algérie », extraits d’un entretien avec Annie Rey-Goldzeiguer, 14 mars 2002
- ↑ Charles Robert Ageron, Les troubles du Nord Constantinois en mai 1945 : une tentative insurrectionnelle ?, XXe siècle, n°4, octobre 1984, p.112
- ↑ a b Meyer, Algérie, mémoire déracinée, p. 192-193.
- ↑ Denise Bouche, Histoire de la colonisation, tome II, p. 415
- ↑ Message remis au gouvernement général et aux autorités alliées, texte dans : Kaddache Mahfoud, Histoire de l'Algérie contemporaine, tome II, PUF 1980, p640
- ↑ La Tribune, 21 mai 2005
- ↑ a b c d e f « Mai 1945 : répression à Sétif », Ali Habib, Le Monde, numéro du 15 mai 1995. Repris dans La Guerre d'Algérie, 1954-1962, recueil d'articles sélectionnés et présentés par Yves Marc Ajchenbaum, Librio/Le Monde, pp. 16-20 (ISBN 229033569X).
- ↑ a b « Témoins des massacres du 8 Mai 1945 en Algérie », 8 mai 2004.
- ↑ Maurice Villard, La Vérité sur l’insurrection du 8 mai 1945 dans le Constantinois, éd. les presses littéraires 1997, page 235.
- ↑ a b Benjamin Stora, Histoire de l’Algérie coloniale (1830-1954), éd. La Découverte, Paris, 1991.
- ↑ d'après le témoignage du garde des sceaux Teitgen[citation nécessaire],
- ↑ « Sétif revient hanter la France coloniale », Libération, n°7462, 7 mai 2005.
- ↑ a b c Boucif Mekhaled, Chronique d’un massacre : 8 mai 1945, Sétif-Guelma-Kherrata, éd. Syros, Paris, 1995, page 187-191
- ↑ a b Journal Officiel scéance du 28 février 1946, intervention du rapporteur, Jean Toja
- ↑ a b « mai 1945 : les massacres de Sétif et Guelma », LDH de Toulon, 12 juin 2004.
- ↑ « Mai 1945 : les "événements de Sétif" analysés par Albert Camus », par Yves Benot, 28 mars 2005.
- ↑ a b c « La guerre d’Algérie a commencé à Sétif », Le Monde diplomatique, mai 2005, Page 21.
- ↑ La paix pour dix ans, page 117
- ↑ La guerre d'Algérie de Mohammed Harbi, Benjamin Stora, Collectif Hachette Littérature Collection Pluriel, p 185
- ↑ (en) Algeria Marks WWII Anniversary with Call for French Apology, Lisa Bryant, Paris (9 mai 2005).
Bibliographie [modifier]
- Yves Benot, Massacres coloniaux, éd La Découverte, Paris, 2001.
- Yves Courrière, La Guerre d'Algérie, tome 1 (Les fils de la Toussaint), Fayard, 1969, ISBN 2213611181.
- Francine Dessaigne "La Paix pour dix ans" Editions Gandini, ISBN 2 906 431 50 8
- Mahfoud Kaddache, Il y a 30 ans… le 8 mai 45, Éditions du Centenaire, Paris, 1975.
- Boucif Mekhaled, Chronique d’un massacre : 8 mai 1945, Sétif-Guelma-Kherrata, éd. Syros, Paris, 1995.
- Malek Ouary, La montagne aux chacals, Éditions Garnier, Paris, 1981, ISBN 2705003614.
- Gilles Pervillé, « Sétif : enquête sur un massacre », dans L’Histoire n°318, mars 2007, pp.44-49
- Jean Louis Planche, Sétif 1945, histoire d'un massacre annoncé, Perrin, 2006
- Marcel Reggui, Les massacres de Guelma. Algérie, mai 1945 : une enquête inédite sur la furie des milices coloniales, Editions La Découverte, Paris, 2006.
- Annie Rey-Goldzeiguer, Aux origines de la guerre d’Algérie 1940-1945 : de Mers El-Kébir aux massacres du Nord-Constantinois, éd. La Découverte, Paris, 2001.
- Benjamin Stora, Histoire de l’Algérie coloniale (1830-1954), éd. La Découverte, Paris, 1991.
- Maurice Villard, La verité sur l'insurrection du 8 mai 1945 dans le Constantinois, Éditions Les Presses Littéraires, 1997.
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Kherrata la martyre
K herrata, te souviens-tu, te souviens-tu 8 mai ?
H ommes, femmes et vieillards, enfants et bébés.
E xterminés, torturés, mutilés, humiliés.
R atissages, horreurs, terreurs et atrocités.
R épression, blessures, génocide sans pitié.
A ssassinats, massacres, haine, hostilités.
T e souviens-tu, Kherrata, te souviens-tu 8 mai ?
A h ! Fier peuple martyr, frères et sœurs mes aînés.
L 'Histoire indélébile n'est pas effacée.
A utour, ici, là, là-bas et ailleurs, c'est marqué.
M artyre dans ta chair et dans ton âme blessée,
A rriveras-tu à guérir tes profondes plaies,
R ançon payée pour la dignité, la liberté ?
T e souviens-tu, Kherrata, te souviens-tu 8 mai ?
Y eux mouillés, tristesse et le cœur mortifié,
R emémore, remémore encore pour ne pas oublier,
E t glorifie tes chers enfants morts... immortalisés !
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8 MAI 1945
Il faut en finir avec l´hypocrisie
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«En Algérie, un commencement d´insurrection
survenu dans le Constantinois et synchronisé avec les émeutes syriennes
du mois de mai a été étouffé par le gouverneur général Chataigneau.»
Général de Gaulle (Mémoires)
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A peine trois lignes pour décrire la tragédie et
la mort de 45.000 Algériens et toujours la main de l´étranger, la
connexion avec la Syrie. Chataigneau-voire Duval-le boucher
Constantinois- aurait en réalité, reçu des consignes de fermeté de la
part du chef du gouvernement: "Affirmer publiquement volonté France
victorieuse. Ne laisser porter aucune atteinte à souveraineté française
sur Algérie. Prendre toutes mesures nécessaires pour réprimer les
agissements antifrançais d´une minorité agitateurs." Il est tout de
même troublant de constater que la Syrie, sous mandat français à
l´époque, connut le même jour des troubles analogues. Dans la région de
Sétif, quelques semaines avant le drame, des émissaires musulmans
portaient le message du Jihad aux ouvriers et travailleurs agricoles.
Il était souvent question des "Anglais" qui appuieraient le
soulèvement. Il est fort probable que les services secrets britanniques
et américains, entre autres, auraient vu d´un bon oeil l´expulsion des
Français de terres, dont l´Angleterre lorgnait les ressources diverses.
Pour
expliquer les raisons de cette répression brutale et qui est de loin
plus importante que le fameux "Ouradour -sur- Glanes" où près de 500
personnes furent tuées par des Allemands, Bélaïd Abdesselam a raison
d´écrire, justement, que la France avait une revanche à prendre sur
l´histoire en s´attaquant aux plus faibles. Nous l´écoutons: "...Au
demeurant, les Français étaient parfaitement conscients du coup porté à
leur prestige vis-à-vis de notre population en Algérie, par leur
défaite devant l´armée allemande en 1940.Ils sentaient qu´ils étaient
brutalement diminués devant l´indigène.(..) Aussi, le désir d´infliger
aux indigènes une leçon qui leur rappellerait l´autorité du pouvoir
colonial, la force de la France, était-il très fort parmi les Européens
d´Algérie, mais ils étaient conscients qu´ils ne maîtrisaient plus la
situation, ce qui ajoutait encore à la hargne qu´ils nourrissaient à
l´égard des Algériens. (...) Ce qui explique la sauvagerie et la
brutalité avec laquelle Weygand fit condamner les dirigeants PPA et
exécuter le chef scout Mohammed Bouras. (...) Aussi, les autorités
coloniales françaises se montraient-elles soucieuses d´éviter tout ce
qui pouvait inciter la population algérienne à menacer l´ordre
colonial. (...) Cette occasion, elles allaient la saisir avec les
manifestations du 8 Mai 1945. De la même manière qu´en 1871, les
généraux français, qui avaient été mis en déroute par l´armée
prussienne devant laquelle ils durent capituler, allaient mettre à
profit l´insurrection de Mokrani pour exercer leur vindicte sur le
peuple algérien en infligeant une répression féroce aux populations de
Kabylie et du Constantinois. Comme en 1871, après la signature de la
paix avec le Nouvel empire allemand, la fin de la guerre mondiale, en
1945, libérait les autorités françaises de la contrainte de ménager les
arrières et De Gaulle ordonna la plus sanglante opération répressive
qu´eut à subir le peuple algérien sous la domination française...Le
général Duval agissait pratiquement sous ses ordres"(1)
Deux mois durant
Ceci
est corroboré par le fait que, non invitée à la Conférence de Yalta,
malgré l´alliance franco-soviétique de décembre 1944, la France fut
pourtant appelée à participer à l´occupation de l´Allemagne et de
l´Autriche, et à parrainer la fondation de l´ONU comme grande puissance
invitante à la Conférence de San Francisco. Pour atteindre et conserver
ce rang, elle avait besoin de conserver l´Afrique du Nord, clé de vote
de l´Empire. C´est pourquoi le général de Gaulle, avant de rejoindre la
France libérée, avait chargé le général Henry Martin, commandant la 19e
Région militaire, de coordonner les troupes des trois territoires pour
"empêcher l´Afrique du Nord de glisser entre nos doigts pendant que
nous délivrons la France".
La répression, menée par l´armée et la
milice de Guelma, est d´une incroyable violence: exécutions sommaires,
massacres de civils, bombardements de mechtas. Deux croiseurs, Le
Triomphant et Le Duguay-Trouin tirent plus de 800 coups de canon depuis
la rade de Bougie sur la région de Sétif. L´aviation bombarde et rase,
plus ou moins complètement, plusieurs agglomérations kabyles. Une
cinquantaine de "mechtas" sont incendiées. Les automitrailleuses font
leur apparition dans les villages et elles tirent à distance sur les
populations. Les blindés sont relayés par les militaires arrivés en
convois sur les lieux. À l´image d´une milice de 200 personnes qui se
forme à Guelma sous l´impulsion du sous-préfet André Achiary qui
distribue toutes les armes disponibles, soit les 60 fusils de guerre
qui équipaient les tirailleurs et se livre à une véritable chasse aux
émeutiers. Pendant deux mois, l´Est de l´Algérie connaît un
déchaînement de folie meurtrière.
De nombreux corps ne peuvent être
enterrés; ils sont jetés dans les puits, dans les gorges de Kherrata en
Kabylie. Des miliciens utilisent les fours à chaux pour faire
disparaître des cadavres. Saci Benhamla, qui habitait à quelques
centaines de mètres du four à chaux d´Héliopolis, décrit
l´insupportable odeur de chair brûlée et l´incessant va-et-vient des
camions venant décharger les cadavres, qui brûlaient ensuite en
dégageant une fumée bleuâtre. De nombreux musulmans, dirigeants
politiques et militants du Parti du peuple algérien (PPA), des Amis du
manifeste de la liberté (AML) (dont le fondateur Ferhat Abbas) et de
l´Association des Oulémas furent arrêtés. Lorsqu´une faction ou un
douar demandait l´aman ("le pardon"), l´armée réclamait les coupables.
Le 28 février 1946, le rapporteur de la loi d´amnistie (qui fut votée)
déclarait en séance: "Quatre mille cinq cents arrestations furent ainsi
effectuées, quatre-vingt-dix-neuf condamnations à mort dont vingt-deux
ont été exécutées, soixante-quatre condamnations aux travaux forcés à
temps et il y aurait encore deux mille cinq cents indigènes à juger".
La répression prend fin officiellement le 22 mai. L´armée organise des
cérémonies de soumission où tous les hommes doivent se prosterner
devant le drapeau français et répéter en choeur: "Nous sommes des
chiens et Ferhat Abbas est un chien". Des officiers exigent la
soumission publique des derniers insurgés sur la plage des Falaises,
non loin de Kherrata. Certains, après ces cérémonies, sont embarqués et
assassinés. Pendant de longs mois, les Algériens musulmans qui, dans
les campagnes, se déplaçaient le long des routes continuèrent à fuir
pour se mettre à l´abri, au bruit de chaque voiture. L´historien
algérien Boucif Mekhaled, raconte: "[À Kef-El-Boumba], j´ai vu des
Français faire descendre d´un camion cinq personnes les mains ligotées,
les mettre sur la route, les arroser d´essence avant de les brûler
vivants".(2)
Les massacres furent atroces et les estimations
beaucoup plus fortes circulèrent dans la presse française de gauche
(6000 à 8000 morts), anglo-américaine et arabe, jusqu´aux 45.000 morts
affirmés par les nationalistes algériens. On sait pourtant que les
tribunaux militaires prononcèrent 1028 non-lieux, 577 acquittements,
1868 peines d´emprisonnement et 157 condamnations à mort (dont 33
furent exécutées). Devant l´horreur indescriptible des massacres et
sans en faire une mercuriale- le général Tubert reconnaît au moins
15.000 morts-, il nous vient à l´esprit la phrase de Boumediene: "Ce
jour-là, j´ai vieilli prématurément. L´adolescent que j´étais est
devenu un homme. Ce jour-là, le monde a basculé. Même les ancêtres ont
bougé sous terre. Et les enfants ont compris qu´il faudrait se battre
les armes à la main pour devenir des hommes libres. Personne ne peut
oublier ce jour-là.". Cette phrase résume plus que cent discours, les
fondements de la révolution de 1954, d´ailleurs pour l´historien et
révolutionnaire Mohamed Harbi, la guerre d´Algérie a débuté à cette
date.
Les conséquences psychologiques furent considérables. La
répression, qui a suivi, a développé dans les masses arabes un
sentiment de crainte et d´hostilité. Les premiers furent traumatisés
par les atrocités commises par les insurgés (mutilations, viols). Les
seconds eurent le sentiment d´avoir été attirés dans un guet-apens. La
milice de Guelma, dont l´action fut particulièrement mise en cause,
avait été créée par le sous-préfet gaulliste Achiary, et soutenue par
la "France combattante" (rassemblement de la gauche résistante).
Curieusement,
le pouvoir colonial avait une singulière façon de récompenser les
Algériens engagés pour sa cause, cette "chair à canon" qui répondait
chaque fois présent pour guerroyer sur tous les champs de bataille pour
porter haut et fort le drapeau de la France. Qu´on en juge! Chaque fois
que la France était en détresse, elle a fait appel à ses colonisés et,
notamment les Algériens. Pour rappel, des Algériens, les fameux
tirailleurs, qui n´étaient encore que des spahis puis des zouaves
(zouaouas), eurent à défendre la France à Wissembourg en 1871; ils
purent prendre une colline au prix de lourdes pertes (quelques dizaines
de rescapés sur les huit cent du départ). Il en fut de même pendant la
Seconde Guerre mondiale; ce furent des régiments de tirailleurs
algériens qui gardèrent la ligne Maginot en vain, et qui s´illustrèrent
avec les Marocains et Tunisiens à Monte Cassino, colline réputée
imprenable de janvier à mai 1944. L´ancien président Ahmed Ben Bella
fut décoré à cette occasion. Dès la déclaration de guerre, le 3
septembre 1939, la France envoie plusieurs régiments de tirailleurs
algériens en Tunisie. Pendant toute la durée du conflit, plus de
134.000 soldats algériens servirent dans l´armée d´Afrique. Les soldats
algériens contribuent aux titres de gloire de l´armée française. Ils
combattent en Italie au sein du "Corps expéditionnaire français",
commandé par le général Juin. Ils affrontent les troupes de Kesselring,
notamment autour de Monte Cassino. Les tirailleurs et spahis algériens
participent activement avec le 2e corps d´armée, commandé par le
général de Lattre, à l´opération " Anti-Dragoon" qui libérera en moins
de dix jours la Provence de la XIXe armée allemande (Toulon le 27 août
1944 et Marseille le 28 août 1944). Ils entreprennent ensuite la marche
fulgurante vers le nord. La devise du 2e régiment de tirailleurs
algériens résume bien, à elle seule, l´esprit des Algériens de 1914,
soldats de la liberté "Dieu est avec nous, pour notre drapeau et pour
la France".(3) On remarquera au passage l´instrumentalisation, sachant
que les Algériens étaient très attachés à leur religion, comment Dieu
est convoqué pour le prestige de la France..
Pour prix de leur
dévouement au prestige de la France, les Algériens, de retour au pays,
découvrent la désolation, ce furent les déportations de parents ou
d´amis, en Nouvelle Calédonie après 1871, ce furent les massacres sans
nom et sans répit dès leur retour en mai 1945, eux qui voulaient fêter
la victoire sur le nazisme. La reconnaissance à dose homéopathique et
étalée dans le temps de l´horreur du drame, nous laisse rêveur. Ce fut
d´abord pendant de longues décennies le black-out total, la guerre
d´Algérie, c´était les "événements d´Algérie", il a fallu quarante ans
pour que la France, "mère des arts, des armes et des lois" reconnaisse
qu´il y avait bien une guerre. A cette cadence mutatis mutandis, il
nous faudra attendre un autre demi-siècle pour que les massacres à
grande échelle de 1945 et, qui se sont étalés sur plusieurs mois, en
jugements, condamnations et guillotine, soient appelés par leur nom: un
génocide. Il est vrai que, nous dit-on, que ce concept de "génocide",
marque déposée, aurait été inventé par un échappé des camps de la mort
nazi. On comprend alors mieux,encore une fois, la singularité des
massacres des juifs et la nécessité de l´exclusivité. D´autant que la
détresse réelle du peuple juif pendant la Seconde Guerre mondiale est
devenue au fil des ans ce que Norman Finkielstein- dont les parents
périrent en déportation- dénonce comme étant une industrie de
l´Holocauste, véritable pompe à finances ad vitam aeternam avec en
prime un mémorial "Yad Vashem...à Jérusalem, convoquant pour
l´occasion, la Bible: Et je leur donnerai dans ma maison et dans mes
murs un mémorial (Yad) et un nom (Shem) qui ne seront pas effacés".(4)
Ce n´est pas, on l´aura compris, demain que la France viendra
s´incliner devant le mémorial des victimes de la bestialité du pouvoir
colonial.
La repentance évacuée
"Une
Nation se grandit à reconnaître ses erreurs", disait l´ancien président
français, Jacques Chirac. Ce concept n´est pas partagé par l´actuel
ambassadeur de France à Alger. Bernard Bajolet dénonce, certes, mais ne
condamne point. Intervenant, la semaine passée, à l´université 8-Mai
1945 de Guelma, l´ambassadeur de France en Algérie a estimé que "le
temps de la dénégation est terminé". S´exprimant devant les enseignants
et les étudiants, du wali et du recteur de l´université 8-Mai 1945 de
Guelma, Bernard Bajolet, tout en estimant qu´on ne peut occulter cette
terrible tragédie des massacres du 8 Mai 1945, a admis que "les
autorités françaises de l´époque avaient eu une très lourde
responsabilité dans ce déchaînement de folie meurtrière qui a fait des
milliers de victimes innocentes, presque toutes algériennes". Le
diplomate français a qualifié ces massacres d´"insulte aux principes
fondamentaux de la République française et marqué l´Histoire d´une
tache indélébile". Faisant dans la rhétorique, Bernard Bajolet a tenu à
préciser que "la France n´entend pas, n´entend plus les occulter", sans
toutefois faire allusion, une seule fois, à toute repentance.(5)
Ce
douloureux événement, loin d´être de "simples émeutes de la faim",
comme l´avait présenté la presse coloniale de l´époque, fut une
véritable action d´extermination d´un peuple qui a manifesté -jour de
liesse de la victoire des Alliés à laquelle les Algériens ont largement
contribué- pour revendiquer son droit à la liberté et à l´indépendance.
Le temps n´est pas encore à la "création d´une "mémoire commune"
unificatrice ", comme le souhaite Alain Gresh, même s´il a peut-être
raison d´y voir la condition d´une future " réinvention d´une identité
française ". Il n´est certainement pas au sommeil laiteux de la "
réconciliation des coeurs " ou à l´accouplement des " mémoires
meurtries ", comme on peut l´entendre ici et là. Le problème reste
entier, la plaie est toujours ouverte. Il ne peut y avoir de
marchandage pour la dignité humaine.
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1.Belaïd
Abdesselam: Le hasard et l´histoire: Entretien réalisé par Mahfoud
Bennoune et Ali El Kenz. Tome1. p. 15-20. Réédition Enag 2007.
2.Les événements du 8 Mai 1945 Encyclopédie Wikipédia
3.Les régiments de tirailleurs algériens Encyclopédie Wikipédia.
4.Bible: Esaïe 56, 5.
5.Bernard Bajolet: Conférence université de Guelma 27 avril 2008
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Pr Chems Eddine CHITOUR
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