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« L’homme qu’il faut, à la place
qu’il faut »
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Le pouvoir de nomination à des postes de responsabilité en Algérie confère à son titulaire un statut quasi maraboutique qui fait de lui un personnage courtisé et redouté à la fois. Au nom de ce pouvoir régalien on fait et on défait des carrières. Les critères de compétence et de mérite qui devraient présider au choix des hommes et des femmes promus à des postes de responsabilité s’effacent devant d’autres paramètres tels le clientélisme et le système de la cooptation qui ont perverti la notion de responsabilité devenue, non plus une mission noble et prenante, mais un avantage et une distribution déguisée de la rente. Dans les systèmes démocratiques on a fini par comprendre que, même lorsqu’un parti a la majorité parlementaire, son intérêt et celui du pays lui commandent de s’ouvrir à l’opposition pour capter les compétences qu’il renferme en les associant à la gestion du pays. Dans des pays comme le nôtre, l’opposition politique et d’une manière plus générale l’élite qui manifeste des velléités d’esprit critique et d’indépendance par rapport au pouvoir sont considérées comme des empêcheurs de tourner en rond et donc des cibles potentielles à neutraliser. Combien de cadres émérites furent laminés, mis au placard avant de jeter l’éponge souvent avant même l’âge de la retraite ? Ils ont fait et continuent de faire les frais des règlements de comptes au sommet que se livrent inlassablement les différents clans qui se relaient à la tête du pouvoir. Beaucoup furent contraints et forcés de prendre leur retraite anticipée. D’autres furent poussés à l’exil professionnel, la mort dans l’âme. « L’homme qu’il faut, à la place qu’il faut » : qui ne se souvient de cette devise démagogique de l’ère Chadli ? Avec un tel système centralisateur du pouvoir de nomination, une entreprise de la dimension d’Air Algérie est restée orpheline de son président-directeur général plusieurs mois après le décès de son premier responsable, des diplomates (ambassadeurs, consuls) du sérail sont au même poste pendant une décennie, dans des capitales étrangères où il fait bon vivre et de finir ses vieux jours. Le mal de l’Algérie provient du fait que les postes de responsabilité et de décision ne reviennent pas forcément aux meilleures compétences du pays comme c’est la règle ailleurs, mais sont réservés à la clientèle du pouvoir. Le jour où nous nous réconcilierons avec notre matière grise et que l’on réhabilitera nos cadres qui œuvrent à la construction du pays, dans l’ombre et sans aucune gratification, en un mot lorsque l’intelligence, le mérite et les compétences seront aux commandes du pays, l’Algérie aura alors accompli sa seconde révolution, celle de l’esprit et de la raison sans laquelle l’indépendance du pays n’aurait aucun sens. C’est la seule légitimité qui doit présider au choix aux postes de responsabilité. Il faut en finir avec les nominations ès qualités au nom de la légitimité révolutionnaire ou encore celle d’appartenir à un clan du pouvoir !
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