Ce jeune homme lumineux que les paras ont tué
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Ce jeune chahid de notre glorieuse révolution qu'était Maurice Audin m'a toujours fasciné .Je me dis toujours qu'est-ce qui lui a bien tourné dans la tête à ce mathématicien prodige pour ainsi basculer dans le camp adverse et épouser la cause du peuple Algérien opprimé de l'époque . Il était un génie précoce , un visionnaire , un utopiste fou qui de toute évidence avait l'âme d'un juste et de fortes convictions personnelles pour ainsi croire à la liberation nationale et à l'indépendance du pays . Il avait compris avant tout le monde que cette effroyable chose qu'on appelle le colonialisme et ses exactions contre les populations d'Algérie n'avaient aucune raison d'être et qu'il était de son devoir et de sa conscience de la combattre même contre les Siens. Il est mort en héros de notre guerre de libération 1954-1962. Gloire à tous nos chouhadas !
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50 ans après l’affaire Audin continue
Ce jeune homme lumineux que les paras ont tué
Assistant
de mathématiques à l’université, ce communiste s’était engagé pour
l’indépendance de l’Algérie. L’État français refuse toujours d’avouer
son assassinat.
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Où est Maurice Audin ? Qui l’a tué ?
» La voix qui s’élève dans l’enceinte du tribunal de Paris, ce jour de novembre 2001, est celle de Simone de la Bollardière, veuve d’un général qui eut un autre sens de l’honneur que celui qui est assis sur le banc des accusés ce jour-là, Paul Aussaresses, qui revendiqua la torture dans un livre où il se contenta de livrer une date : « Comme on le sait, Audin disparut le 21 juin. » Il y a cinquante ans… « Où l’avez-vous mis ? Ben M’Hidi (l’un des chefs du FLN), vous avez dit que vous l’avez pendu et enterré dans le - jardin. Audin, où l’avez-vous mis ? » Le bras droit de Massu ne répond pas, il ne « pouvait pas tout savoir ». C’est pourtant lui qui commandait les paras d’El-Biar durant la bataille d’Alger, qui ordonna au lieutenant Charbonnier d’« interroger » le jeune mathématicien communiste. Mais avouer que des officiers français ont non seulement torturé des militants d’un parti politique mais les ont aussi fait disparaître… C’est plus que le général Aussaresses pouvait assumer. Il se tait toujours sans mettre fin à l’abominable, à l’interminable incertitude.
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Il était jeune, il était lumineux, et il était, à vingt-cinq ans, assistant en mathématiques à l’université d’Alger. Son troisième enfant venait de naître un mois plus tôt. Il adorait ce pays de soleil et son peuple, humilié et écrasé. Le 11 juin 1957, en pleine bataille d’Alger que les autorités françaises ont lancée pour éradiquer la résistance algérienne, les paras ont fait irruption en pleine nuit dans son appartement à la pointe Pescade, une maison près de la mer. Ils l’ont emmené puis ont dressé une souricière dans l’appartement, séquestrant sa jeune femme, Josette, et ses trois enfants. Le piège a fonctionné : Henri Alleg s’y fait prendre et rejoint son ami, qu’il voulait alerter des arrestations en cours, dans le sinistre centre de torture des paras de Massu, dans l’immeuble en construction d’El-Biar. « J’entendais hurler, raconte l’auteur de la Question qui y souffrit un mois entier, j’entendais les cris des hommes et des femmes pendant des nuits entières, c’est cela qui est resté dans ma mémoire. » Dans ce « centre de tri » ainsi que le baptisaient les autorités françaises, il retrouve Maurice Audin, « en slip, allongé sur une planche, des pinces reliées par des fils électriques à la - magnéto, fixées à l’oreille droite et à l’orteil du pied gauche ». Toute la gamme de la géhenne, l’électricité, l’étouffement, les coups, la noyade…C’est là que l’auteur de la Question le croisera, pantelant, une dernière fois (voir page 15).
C’est
ensuite que se dresse le mur du mensonge. « Disparu après s’être évadé
pendant un transfert », disent les autorités françaises. Et puis rien,
le silence de plomb de la grande muette, l’État français qui refuse de
reconnaître le crime…
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Le
tortionnaire, le lieutenant parachutiste qui l’a sans doute étranglé a
même été enterré des dizaines d’années plus tard avec la Légion
d’honneur épinglée sur son costume ! La chape de plomb a en effet été
soulevée alors par un autre jeune homme, assistant d’histoire à Caen et
qui deviendra l’un des plus grands historiens français, Pierre
Vidal-Naquet. Il va se transformer en « Sherlock Holmes de l’affaire
Audin », dira Laurent Schwartz qui animera avec lui le comité Audin,
traquera la vérité, - secouera les bonnes et les mauvaises consciences.
Des dizaines d’intellectuels se mobilisent, avant-garde fragile des
anticolonialistes, dénoncés par le trio des gouvernants socialistes de
l’époque comme des « exhibitionnistes du coeur et de l’intelligence ».
Aujourd’hui, à l’UMP, on s’en prend aux « adeptes de la repentance »…
Le 2 décembre 1957, la Sorbonne accueille la soutenance de thèse de
Maurice Audin, « qui ne se présente pas », mais se voit chaleureusement
félicité par le président du jury, Laurent Schwartz, l’un des plus
prestigieux mathématiciens français..
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Mais
finalement, tout se sait ou presque. Le 13 mai… 1958, Vidal-Naquet
publie l’Affaire Audin, aux Éditions de Minuit. Le livre aura un
formidable écho de l’Express au Monde en passant évidemment par
l’Humanité. Il n’abandonnera pas ce combat, l’enrichissant en 1989 de
sa consultation des archives de la Place Vendôme, pas « par plaisir de
ranimer des braises quasi éteintes, ni par goût de fouiller dans les «
poubelles » du passé. Indissociablement tissé de mémoire et d’histoire,
ce livre a été écrit pour les hommes d’aujourd’hui. C’est à eux de dire
ce qui subsiste encore de l’assassinat de Maurice Audin ». Rien, ont
voulu répondre ceux qui ont déclaré l’affaire classée et ont amnistié
en 1962 « les faits commis dans le cadre des opérations de maintien de
l’ordre dirigées contre l’insurrection - algérienne »…
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En
contrebas des facultés d’Alger, une place porte le nom du jeune fils de
gendarme, patriote algérien d’origine européenne, militant pour la
cause nationale et animant, dans les milieux intellectuels français en
Algérie, la lutte pour une sortie politique négociée du conflit
engendré par la colonisation. Le jeune homme dont on louait les
capacités d’écoute, cet habitué de la Robertsau, le foyer des étudiants
musulmans qui travaillait à « renforcer l’unité d’action entre
étudiants nationalistes et communistes », était devenu, après
l’interdiction du Parti communiste algérien le 13 septembre 1955, l’un
de ceux qui maintint « l’infrastructure de sa propagande », rappelle
Sadek Hdjeres qui fut un des principaux dirigeants du PCA. Qui lâche :
« Que d’énergies, de vies, de talents, d’élans de générosité et de
création engloutis et broyés du côté algérien et aussi du côté français
! » À El-Biar en effet, fut également torturé et assassiné le dirigeant
du FLN Ben M’Hidi. « La rose et le réséda » en quelque sorte. Deux
amours de l’Algérie, tressés par le crime des paras qui, reconnu,
pourrait fonder de nouvelles fraternités entre les deux rives de la
Méditerranée.
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La veuve de Maurice Audin demande la reconnaissance par la France de ses crimes coloniaux
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«La France doit reconnaître tous ses crimes coloniaux, c'est notre principale revendication»,
a déclaré à l'APS Josette, la veuve de Maurice Audin, militant de la
cause nationale, mort sous la torture en 1957, à l'âge de 25 ans, dans
les geôles françaises. Son corps n'a jamais été retrouvé et sa veuve ne
cesse de le réclamer à l'Etat français.
La France n'a jamais admis sa responsabilité dans la mort de Maurice
Audin, enlevé par les parachutistes du tristement célèbre général Massu
en 1957, durant la guerre de libération nationale, au plus fort de ce qui est appelé la «Bataille d'Alger», en réalité une campagne féroce d'enlèvements et de tortures qui a fait des dizaines de milliers de morts et de disparus, pour tenter de briser les réseaux du FLN dans la capitale. «Maurice se sentait Algérien et était donc solidaire avec le combat de ses compatriotes pour la liberté»,
a ajouté sa veuve jointe hier par téléphone, en affirmant qu'il a été
tué «sous la torture, comme des milliers d'autres Algériens».
Une cérémonie de recueillement a été organisée hier et une gerbe de
fleurs déposée au centre de la principale place d'Alger, qui porte
justement le nom de ce mathématicien.
«Nous sommes en plein Alger, à la place Maurice-Audin, au milieu d'anciens camarades d'oncle Maurice. C'est très émouvant»,
disait le neveu de Mme Audin, M. Serge Grau, qui était présent à la
cérémonie de recueillement par téléphone, en larmes, à Mme Josette
Audin qui vit actuellement en France.
Un message a été lu à cette occasion, au nom de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM), en hommage au «martyr Audin». «Le meilleur des hommages» est rendu par une «nation meurtrie au plus profond de sa chair»,
à ce martyr de la cause nationale, cinquante après sa mort. En février
2007, une «loi scélérate glorifiant la colonisation a été votée en
France et l'on nous demande d'oublier le passé», rappelle le message de
l'ONM, ajoutant : «Peut-on
oublier les tortures ? les exécutions sommaires ? le génocide de
centaines de milliers de martyrs ? les crimes contre l'humanité ?»
«Tourner la page, oui ! La déchirer, jamais ! A l'Etat français de
reconnaître ses crimes odieux et de demander pardon aux victimes»,
ajoute-t-il.
«Audin comme tous les
autres disparus interpellent nos consciences pour que nul n'oublie et
la place Maurice-Audin au cœur d'Alger sera toujours là pour raviver
les plaies non cicatrisées», conclut le message.
Maurice Audin est né le 14 février 1932 en Tunisie. Assistant en
mathématiques à l'université d'Alger, il était membre du Parti
communiste algérien (PCA) et militait contre le colonialisme. «Le 11
juin 1957, des parachutistes français sont venus arrêter Maurice Audin»
chez lui et l'armée française a, ensuite, prétendu qu'il s'était évadé
au cours d'un transfert, ajoute-t-il.
Or, l'enquête faite par l'historien Pierre Vidal-Naquet dans son livre l'Affaire Audin, publié en mai 1958, confirme la mort de Maurice Audin lors d'une séance de torture, le 21 juin 1957,
menée par un officier français des renseignements, le lieutenant
Charbonnier. Le journaliste et historien Henri Alleg raconte dans son
livre-témoignage la Question avoir rencontré Maurice Audin dans les geôles françaises.
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