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«Le faux est susceptible d'une infinité de combinaisons,
mais la vérité n'a qu'une manière d'être».
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La
figure de l'intellectuel, celle des élites dans tous les domaines sont
de plus en plus marginalisées, évanescentes sinon totalement occultées
dans les systèmes politiques arabes. La méfiance ancestrale et
héréditaire à l'encontre de la pensée, de l'imagination, de tous ceux
qui voient loin est d'une redoutable efficacité dans toutes les cours
où l'on est plus arabe, plus musulman et beaucoup plus intelligent et
prophétique que l'ensemble des dirigeants qui dirigent la planète et
prennent rendez-vous avec l'histoire et la postérité. Les gouvernances
articulées autour d'un homme, d'une famille régnante qui s'identifie au
passé, au présent et à l'avenir d'une nation sur la seule base de la
cooptation, de la force et des matières premières exportables,
planifient les régressions.
Dans la pratique, dans la vie
quotidienne, les gouvernants arabes amputent volontairement leur pays
des femmes et des hommes qui contestent, qui rêvent autrement, qui
proposent en dehors des ruelles encombrées de courtisans, de
flagorneurs, de sans-diplôme bénis par la science infuse. La réalité,
les intellectuels, les élites, les experts sont privés de l'autonomie
qui fait leur efficacité, de la liberté qui leur donne crédibilité et
respect. Ceux qui acceptent le statut peu gratifiant de traceurs de
courbes, de calculette ou de simples échos des déclinaisons déroulées
dans une langue en pur bois élevé dans le sérail du parti unique où
batifolent poules, lapins et toutous apeurés, n'ont même pas l'estime
de leur descendance.
Aujourd'hui, le monde est le théâtre de
conflits majeurs d'intérêts, d'affrontements armés, ethniques,
fratricides, régionalistes, pour lesquels les pays arabes figurent en
bonne place pour les zones géographiques où des femmes sont violées,
des enfants massacrés et où les pires maladies sont à l'oeuvre, et où
les libertés démocratiques, les droits de l'homme et des femmes, la
liberté de création sont encore considérés comme des luxes pour les
Occidentaux mécréants. Les évolutions du monde sont en faveur des pays
démocratiques, industrialisés et exportateurs de produits alimentaires
et finis, de technologies, de médicaments et de films, etc. Ces
évolutions fulgurantes, les fluctuations économiques, les changements
de mentalité, l'air du temps, les besoins prévisibles dans tous les
domaines, surtout pour les énergies nouvelles et le tourisme, tous ces
paramètres sont étudiés au jour le jour par les élites et les
chercheurs dans les grands pays.
On peut à juste raison
s'inquiéter de l'absence sur le terrain de la matière grise algérienne.
La stratégie industrielle, l'agriculture et l'indépendance alimentaire,
les énergies de substitution aux hydrocarbures, la création
d'entreprises innovantes, les industries culturelles, la réforme du
système éducatif, les budgets de la recherche scientifique et les
salaires des enseignants et des paramédicaux figurent parmi les
enseignes des pays qui avancent, qui fabriquent des TGV, des avions de
guerre et l'énergie nucléaire qu'ils revendent aux bons payeurs,
incapables de fabriquer une mobylette ou des allumettes «pacifiques».
Les intellectuels et les hommes de science sont dépouillés dans les
pays arabes de leurs responsabilités, de leur raison d'être. Leur
utilité à moyen et long terme est oblitérée par des formes de
gouvernance familiale, autoritaire ou carrément dictatoriale quel que
soit l'habillage formel destiné au monde extérieur qui se contente de
«tables», pourvu que l'énergie lui soit assurée et que des marchés lui
soient ouverts, y compris pour les films, les productions
audiovisuelles et la nourriture avec laquelle il tient en otage des
agricultures délaissées, sinistrées ou simplement éliminées. La
responsabilité des intellectuels en Algérie ou ailleurs se situerait,
selon Noam Chomsky, au niveau de n'importe quel «honnête homme». Elle
«consiste à dire la vérité. Pourtant, bien que, à ce niveau de
généralité, la réponse paraisse évidente, certaines de ses implications
appellent tout de suite quelques remarques. Par exemple, il semble bien
qu'il y ait un impératif moral à rechercher et à dire la vérité du
mieux possible, à propos de sujets qui importent et à ceux qu'elle
intéresse au premier chef».
La vérité est donc bonne à dire
sur l'organisation et le fonctionnement d'un pouvoir soumis à des
critères universels, aux traités et conventions internationaux signés
par lui, au respect d'une Constitution et des lois qui en découlent.
Cette même vérité qui ne peut être énoncée que s'il y a la liberté de
la dire sans risque aucun concerne aussi l'économie, la culture, la
femme, les pratiques religieuses toutes égales devant Dieu pour ce qui
est des religions révélées, les libertés fondamentales, la liberté
d'expression etc. Cette vérité pour être opératoire dans une
gouvernance doit être dite sans fard aux gouvernants et aux opérateurs
privés et publics afin de générer deux pratiques.
La première
consiste de façon systémique à mettre les acteurs au même niveau
d'information sur la base de chiffres et de statistiques, eux-mêmes
soumis au crible de la critique, de l'analyse et de la confrontation
entre les experts. Ces derniers soumettent ensuite à travers un débat
public les résultats d'une somme de cogitations et d'expertises pour
que les meilleures décisions soient prises au moindre coût, dans la
qualité et le respect de délais mûrement planifiés.
Aujourd'hui, des chiffres inquiétants sont régulièrement publiés dans
la presse, qui mettent le doigt sur des déperditions grandement
dommageables pour le développement national. Des spécialistes, des
enseignants de haut niveau, des étudiants et des experts dans toutes
les disciplines partent en Europe, aux USA, au Canada et dans des pays
arabes.
Dans ces contrées, des Algériens trouvent des
salaires, un environnement professionnel enrichissant, des loisirs, des
vacances familiales et de la considération. L'Algérie ne retient pas
les matières grises formées chez elle et ensuite presque clochardisées
comme le sont de larges pans des couches moyennes, des créateurs, des
écrivains, des femmes et des hommes qui pensent de manière autonome des
partis, des discours officiels qui n'énoncent ni réforme ni audace et
encore moins la volonté affichée de libérer les énergies et la pensée.
L'appauvrissement, le dessèchement des sphères où s'élaborent des
idées, des inventions, des brevets, de la recherche scientifique et
technique nuisent considérablement à tous les secteurs qui peuvent
contribuer au développement économique et social et au rayonnement du
pays au Maghreb, en Afrique et dans le monde.
Il suffit de
capter les chaînes satellitaires européennes pour voir les spots
publicitaires qui déclinent les banques, le tourisme et les
possibilités d'investissements en Egypte, en Tunisie, au Maroc, etc.
Ces compléments indispensables à une diplomatie et à une ambition
nationale sont totalement ignorés en Algérie.
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par Abdou B.
http://www.lequotidien-oran.com/?news=5099780
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Oupsss !!! Il y a un intru dans le blog ...
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Comment faire revenir nos élites ?
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Chercheurs,
informaticiens, médecins, personnels hautement qualifiés, l’Algérie se
vide de
sa matière grise et de ses compétences. La fuite des cerveaux est un
des maux endémiques du pays. Un préjudice subi au profit de l’Occident
qui récupère les bénéfices de longues années de formation. Depuis 1990,
des milliers de cadres ont quitté le pays. Les professionnels algériens
tendent à émigrer en Europe de l’Ouest et en Amérique du Nord et, dans
une moindre proportion, dans les pays du Golfe. La dégradation des
conditions de vie et l’instabilité politique dissuadent un grand nombre
de nos «cerveaux» de rentrer au pays.
La
fuite des cerveaux se produit lorsqu’un pays perd sa main d’oeuvre
qualifiée en raison de l’émigration. Les pays industrialisés ont de
plus en plus besoin de deux catégories d’immigrés : ceux qui sont prêts
à accepter des emplois mal payés, durs et dangereux, dédaignés par
leurs propres ressortissants, et des professionnels hautement
qualifiés, tels les
experts en logiciels, les ingénieurs, les médecins et le personnel
infirmier. Il manque actuellement des milliers d’infirmiers en Europe
de l’Ouest et en Amérique du Nord et les chiffres officiels montrent
que le déficit en infirmiers qualifiés pourrait atteindre 800 000 d’ici
à 2020. En raison de ces déficits, les pays industrialisés se sont
lancés dans de grandes campagnes de recrutement à l’étranger. Le Canada
pratique résolument la politique de la carotte pour attirer la main
d’œuvre qualifiée en provenance d’Afrique.
Pour
compenser le manque d’effectifs qualifiés, les pays africains
consacrent chaque année plusieurs centaines de millions de dollars à
l’emploi d’environ 100 000 expatriés non africains. Chez nous, les
médecins cubains ont remplacé au pied levé, contre des devises fortes,
leurs confrères algériens partis chercher une «vie meilleure» sous des
latitudes «plus
clémentes».
Il
est grand temps de mettre en place des programmes et des politiques qui
inverseront les effets dévastateurs de la fuite des cerveaux, estiment
les spécialistes des flux migratoires. Jusqu’à récemment, les pouvoirs
publics ne semblaient pas s’inquiéter outre mesure du déficit de main
d’oeuvre qualifiée. De plus, nos hommes politiques disaient de leurs
compatriotes ayant choisi de travailler et de vivre à l’étranger qu’ils
n’étaient pas de bons patriotes. Mais, la montée en flèche de
l’émigration de personnes qualifiées et les graves carences du pays sur
le plan des ressources humaines hautement qualifiées en ont conduit
plus d’un à changer d’avis.
Les
déclarations d’intention doivent se traduire par des actes et des
problèmes plus profonds devront être résolus avant que la fuite
des cerveaux ne puisse être jugulée. Nombre d’Algériens sont très
désireux de rentrer chez eux et de participer au développement, mais
leurs aspirations sont sérieusement compromises par des pouvoirs
publics négligents et dont les priorités ... ignorent le bien-être
social. Le débat est ouvert…
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Par said kaced le 26/02/2008
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