Parution de deux ouvrages sur Guy de Maupassant :
L’Algérie source d’inspiration pour les artistes et les écrivains
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Les voyages que Guy de Maupassant a entrepris au Maghreb, particulièrement en Algérie, vers la fin du XIXe siècle et qui lui ont inspiré une série de textes témoignant de ses efforts pour comprendre le monde colonial, mais aussi sa propre fascination pour l’Orient, sont devenus, avec le temps, matière pour de nombreux écrivains et critiques.
C’est le cas de Noëlle Benhamou qui a réuni une bonne partie de ces récits et nouvelles et qui les a publiés en deux tomes. Maupassant s’est rendu en Afrique du Nord, en Algérie puis en Tunisie, entre juillet et septembre 1881 en tant que correspondant d’un quotidien français lors des soulèvements antifrançais qui faisaient alors, ravage en Algérie.
Il retourna dans cette terre qui l’attirait depuis toujours entre octobre et décembre 1887, pendant l’hiver 1888-1889 et en septembre. Dans les Nouvelles d’Afrique, Maupassant s’est voulu conteur de ses expériences de vie africaine ; l’imagination et le côté littéraire ont été privilégiés par rapport à l’analyse objective de l’actualité.
Il s’est souvent adressé à un interlocuteur imaginaire qui est l’alter ego ou encore une transfiguration du narrateur épris des plaisirs de l’Orient. Cela lui a servi de prétexte pour se livrer à des dialogues avec lui-même. Il n’hésita pas à adopter un ton encore plus polémique dans ses critiques anticoloniales comme dans Bou-amama ou la Kabylie-Bougie.
Dans Alger, par exemple, il a dépeint un pays qui est évidemment bien loin de subir une colonisation bénigne. Dans le deuxième recueil, Récits d’Afrique, qui a réuni des textes parus pour la première fois en 1884, et la Vie errante sorti en 1890, l’auteur s’est inspiré plutôt de la réalité politique et veut exprimer sa propre opinion au sujet des événements en cours et des opérations militaires dont il était témoin en Algérie en tant que reporter.
L’intarissable source d’inspiration pour les peintres occidentaux A la recherche de l’Orient et de ses mystères, du soleil et de la lumière, les artistes occidentaux ont sillonné l’Afrique du Nord. Au XIXe siècle et au début du XXe c’est en fait une vision et une découverte exceptionnelles d’un autre monde, d’une autre civilisation.
L’Algérie a toujours fasciné les étrangers qui l’ont connue, suscitant enthousiasme et convoitises, conquêtes et occupations. Mais pacifistes et sincères, de nombreux artistes n’avaient pour armes que leurs crayons et pinceaux. Une source d’inspiration inépuisable a permis à des dizaines de peintres, venus des quatre coins du globe, d’immortaliser la «prodigieuse diversité des sites et des atmosphères».
Les artistes, reporters français de la «conquête» de 1830 d’Horace Vernet à Rafffet comme ceux plus curieux et neutres venus de Suisse, d’Allemagne ou de Grande-Bretagne, William Wyld, Adolph Otth ou Weidenmann, ont fait connaître le littoral et le Sahel grâce à leurs études, les réelles, gravures et toiles d’un intérêt scientifique ou doctrinaire.
La fulgurante apparition des Femmes d’Alger en 1832 de Delacroix ont annoncé les maîtres Chassériau, Fromentin ou Chataud qui font de l’Algérie la terre d’élection des peintres. Dans les années 1860 certains se lancèrent dans l’étude du Sud et des nomades.
D’autres, épris d’authenticité et de liberté, s’engagèrent totalement tels Etienne Dinet qui s’est converti à l’islam et devint Nasser Eddine Dinet ou Verschafelt qui épousa une musulmane. Tous s’établirent à Bou Saada, illustrant la vie algérienne.
Bou Saada et Biskra ont été les oasis accueillantes pour de nombreux peintres orientalistes français et américains (Bridgman, Thericat, Muller ou Edvin Lord Weeks). On y découvre la féerie de la lumière, l’espace, la fantaisie, la danse et les couleurs vives tant de la côte méditerranéenne que des ksour à la lisière des immensités désertiques.
L’hommage à la capitale El-Djazaïr et aux paysages algériens a été rendu par de nombreux artistes avec leur sensibilité de poète. C’est ainsi qu’Eugène Fromentin a décrit et peint «le grand mystique et beaucoup du charme disparu» de cette nature et de ces trésors archéologiques.
Rappelons également l’étrange ensorcellement provoqué par La Casbah et par le port d’Alger qui ont inspiré tant d’artistes comme Jules Maggy avec sa marine exposée au Musée des beaux-arts d’Alger. Poulard, Caillet ou l’américain Bridgman ont, parmi tant d’autres, consacré de nombreux tableaux à la cité méditerranéenne surnommée la «bien gardée».
Avec la douceur de leur climat, Tlemcen, Annaba ou Béjaïa ont attiré les Italiens, Alger les Anglo-Saxons. A partir de 1907 la villa Médicis à Alger et la villa Adeltif ont accueilli des artistes de France jusqu’en 1960 : Couvy, Carré, Bouviolle, De Buzon, Bouchard ou Hambourg y ont séjourné.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’Algérie a continué de fasciner les peintres européens, mais l’orientalisme teinté d’exotisme d’antan n’était plus de mise. Les nouvelles tendances artistiques exprimaient d’une autre façon cet extraordinaire attrait comme l’a fait magistralement Dubuffet, l’initiateur de l’art brut avec sa toile Peindre en arabe.
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par Belkacem Rouache
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