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6500 km de frontières sous contrôle éléctronique
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L’information a été révélée par le journal espagnol El Pais : l’Algérie s’apprête à se doter d’un système de surveillance électronique inspirée d’une technologie militaire pour le contrôle de ses frontières terrestres qui s’étendent sur 6500 km. Concrètement, il est question d’ériger un mur électronique, le plus long au monde, soit le double du mur de séparation en construction entre le Mexique et les Etats-Unis d’Amérique.
Selon El Pais, l’Algérie a lancé, cet été, un appel d’offres international pour l’installation d’une « barrière électronique » qui rendrait étanche ses frontières avec six pays voisins et le Sahara occidental. Le projet est pharaonique et coûterait plusieurs millions d’euros. Cinq entreprises étrangères ont déjà répondu à l’offre, apprend-on. Il s’agit entre autres de l’espagnol INDRA, connu pour avoir mis au point, en partenariat avec le français Alcatel, le système de vigilance électronique SIVE. Les quatre autres postulants sont l'association française Thales-Communication et Systèmes, l'Italien Selex, l'Allemand EADS et l'Américain Raytheon. Lors de son dernier voyage d’Etat en Algérie, le président français n’a pas hésité à plaider en faveur des entreprises françaises en lice, arguant que la France a été absente ses dernières années dans les chantiers d’envergure lancés dans le pays.
Pour l’instant aucune information ne filtre sur le nom de l’entreprise qui signera ce juteux contrat avec l’Algérie, précise El Pais.
Cependant, on croit savoir que l’état-major de la Défense, en concertation avec la Gendarmerie Nationale et la Sûreté Nationale, est en train d’étudier les propositions des cinq prétendants et qu’une décision sera prise au début 2008, apprend-on.
Isoler Al Qaida Maghreb
L’Algérie est aujourd’hui l’un des pays arabes les plus touchés par les actes terroristes dont les derniers en date qui ont ébranlé la capitale, ne font qu’attiser la crainte d’autres opérations kamikazes perpétrées par Al Qaida Maghreb Islamique. D’autant que les experts algériens de lutte antiterroriste soupçonnent le groupe terroriste de faire entrer une bonne partie des ses armes en Algérie via les frontières « poreuses » marocaines.
Outre sa fonction préventive, ce quadrillage devra permettre à l’Algérie de lutter plus efficacement contre l’immigration clandestine sub-saharienne et le trafic de drogue qui prennent de l’ampleur. De fait, l’Algérie est devenue la plaque tournante pour les candidats à l’immigration et le commerce de la drogue étant donné l’étendue de la superficie du pays et sa relative proximité géographique avec le sud de l’Europe.
Une technologie de dernière génération
Le système de surveillance s’étendra sur six régions frontalières, dont chacune sera subdivisée en plusieurs zones. Toutes les informations recueillies seront étudiées et analysées au niveau d’un commandement central basé à Alger.
En revanche, le projet ne devrait pas inclure les frontières maritimes, soumises pourtant au phénomène qui va crescendo des traversées illégales des candidats à l’immigration clandestine.
Interrogé par le journal ibérique Luis Permuy, le directeur international de l'aire de sûreté d'Indra met en avant les avantages techniques qu’offre un système de surveillance comme SIVE : « Pour le contrôle des frontières on a besoin de radars chaque 20 ou 25 kilomètres, de chambres infrarouges pour l'obscurité et les autres techniques conventionnelles qui fonctionnent le jour… Là où le relief est plus accidenté il est nécessaire d'installer des capteurs sous terre - d'une forme pareille aux mines antipersonnel - qui détectent les pas, les véhicules et jusqu'aux mouvements d'un animal. Ensuite, un logiciel permet de distinguer en temps réel si celui qui se meut sur la zone est un homme ou une bête. Des technologies complémentaires sont ajoutées à cela avec des véhicules et des avions de surveillance en plus de l'appui d'information obtenue par satellite".
La difficulté d’installer un tel système en Algérie réside dans le fait que les techniciens doivent opérer dans des aires inhospitalières du désert. Par voie de conséquence cela exige une grande organisation englobant l’aspect sécuritaire, par exemple les escortes de personnels en sus d’une importante logistique - tentes et cuisines ambulantes - qu’on doit mettre en place.
Le groupe espagnol a déjà commercialisé son système SIVE dans plusieurs pays dans le monde, telles la frontière terrestre de la Lettonie avec la Russie et la frontière maritime de Hong Kong.
Toujours selon El Pais, l’Arabie Saoudite a également recourt à ce ceinturon électronique pour sécuriser ses 885 kilomètres de frontières avec l'Irak. Le projet qui devrait durer six ans va coûter 8.500 millions d'euros.
Quant à l’Algérie, ce projet onéreux représente la rançon à payer pour s’assurer une plus value sécuritaire. Des frontières bien gardées peuvent certes procurer un sentiment de protection. Néanmoins, la menace terroriste sera-t-elle pour autant écartée, sachant que le danger plonge ses racines aussi bien à l’extérieur du pays qu’en Algérie intra-muros ?
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F A
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