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Le terrorisme a frappé encore une fois en Algérie. Plus de soixante morts et des dizaines de blessés.
Cette année 2007 a été particulièrement meurtrière en Algérie alors que la plupart des analystes prévoyaient une diminution de la violence suite à la politique de réconciliation nationale initiée par le Président Bouteflika depuis deux ans.
Il est indéniable que beaucoup de terrorises algériens ont quitté le maquis et déposé les armes. Seulement ceux qui restent (quelques centaines ou quelques milliers ?) gardent une faculté destructrice effroyable.
Ils en ont fait preuve ce 11 décembre 2007. L'allégeance des salafistes jihadistes algériens à Al Qaïda en septembre 2007 semble avoir donné une nouvelle tournure à leur action. Désormais ils ne visent plus les accrochages avec les forces de l'ordre, mais c'est l'attentat kamikaze qui couple les cibles symboliques au plus grand nombre de victimes possible.
L'attentat du 11 décembre montre à nouveau que le terrorisme jihadiste une fois installé dans un pays, il est difficile de l'en déloger. La répression policière systématique lui porte des coups durs mais le rend davantage venimeux. L'ouverture politique, telle que la réconciliation nationale en Algérie, réduit du coup la vigilance et permet aux plus déterminés de nuire encore plus violement.
Car là où s'est installé le groupe terroriste (Algérie, Maroc, Egypte, Jordanie…)son éradication n'a pas été jusqu'à maintenant possible.
Il faudrait clarifier ici un point crucial. Le terrorisme jihadiste n'est pas le produit d'une crise sociale ou politique. Il s'en nourrit seulement. Le terrorisme salafiste n'est pas une radicalisation d'une revendication sociale, politique ou nationale, mais l'aboutissement extrême d'une idéologie en rupture de ban avec le monde d'aujourd'hui. Seulement, une fois installé, le jihadisme recrute et pour ce faire cette mise en perspective échappe à un certain nombre d'analystes et de militants associatifs. Le résultat est de rendre le terrorisme, certes répréhensible, mais compréhensible. Les responsables ne sont plus les assassins mais les pouvoirs en place. Comme si les chefs jihadistes “analysaient” d'abord les injustices sociales et politiques avant de lancer ces escadrons de la mort.
Il ne faut pas avoir peur des mots. Le terrorisme est une affaire de police et de sécurité, sans plus. C'est le terreau qui alimente le terrorisme qui doit avoir un traitement en profondeur.
Distinguer entre le terrorisme et son terreau est fondamental afin de ne pas se tromper de bataille et de luttes.
Ce terreau est schématiquement de deux natures : sociale et culturelle. Toutes les enquêtes sur les mouvements jihadistes ont montré que les chefs terroristes recrutent essentiellement dans les milieux de la jeunesse désocialisée. Généralement, marginalité sociale (chômage, pauvreté extrême…) va de pair avec marginalité culturelle (absence de repères, rejet de la culture élitiste et populaire). Mais parfois les deux terreaux sont disjoints.
Si l'exclusion sociale est facile à détecter : l'exclusion culturelle l'est beaucoup moins, surtout si ces exclus sont le fait d'un parcours éducatif accompli. On n'arrive pas toujours à voir comment un diplômé de l'Enseignement supérieur est un “exclu culturel”. Pourtant c'est sur ce type de terrain qu'une action de longue haleine doit être menée. On bascule dans le nihilisme terroriste quand on a l'impression qu'on n'a plus rien à perdre dans le monde des humains. Le chômage et la pauvreté n'expliquent pas à eux seuls cet extrême désarroi, mais c'est l'absence d'un maillage de solidarité et d'engagement social qui fait de ces jeunes des atomes perdus dans une société qui avance et qui ne les regarde pas. C'est cela le grand défi pour tous les pays où le fléau terroriste ne s'est pas encore ancré.
Donner de l'emploi et aussi de l'espérance à la jeunesse est le seul remède et toutes les énergies ne sont pas de trop pour réussir. Le temps nous est compté !
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Zyed Krichen . . . . . |
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