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Une pionnière
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Un livre d’hommage à Germaine Tillion est sorti la semaine dernière, sous la direction de Tzvetan Todorov. En travaillant sur l’histoire de l’Algérie, je me suis souvent attardé dans mes lectures sur les textes de Germaine Tillion, toujours d’une cohérence absolue. Elle a eu 100 ans cette année, et cet anniversaire est un peu passé inaperçu. Pourtant, quel incroyable parcours ! Cette pionnière de l’ethnologie s’installe en Algérie dans une tribu entre 1934 et 1940, dans les massifs montagneux des Aurès où vivent les Berbères chaouïs. Découvrant un espace envoûtant, «celui du grand Sahara dont on rêve», s’attachant à la condition des femmes en terre d’islam (elle publiera sur ce sujet en 1966 le Harem et les Cousins). De retour en métropole en juin 1940, elle participera au premier réseau de Résistance. Arrêtée en 1942, déportée à Ravensbrück en 1943, elle écrira une opérette revue pour aider ses compagnes.
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C’est la guerre d’Algérie qui la fera connaître au grand public. En pleine «bataille d’Alger» en 1957, elle favorise le premier contact entre les dirigeants du FLN et le gouvernement français, dénonce la torture, rejette le terrorisme aveugle dirigé contre les civils européens. Démarche inverse de cette vision simpliste, aujourd’hui diffusée, d’une gauche française tiers-mondiste, aveugle et naïve. Cette femme de convictions s’est battue avec un incroyable instinct de vie.
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