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«L'ignorance d'un peuple fait plus mal que l'animosité d'un ennemi» .
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Le monde musulman qui s'étend du Maroc à l'Indonésie et de l'Ouganda au Kazakhstan avec une population de plus de 1,3 milliard d'habitants, renferme une remarquable diversité dans son histoire, sa géographie, sa culture, mais aussi une diversité dans ses systèmes politiques. Nonobstant, la science dans ces pays reste toujours déficiente. Les dépenses pour la science et la recherche dans le monde musulman ont un ordre de grandeur en dessous de la moyenne totale dans le monde. Selon une série de rapports fortement autocritique, réalisée par des experts et élargie par des agences spécialisées de l'Organisation des Nations unies (ONU), les pays du monde musulman ont du mal à améliorer la situation dans la domaine de la science et du savoir. Pis encore, ces pays continuent à chuter, non seulement derrière les pays développés de l'Occident, mais également derrière certains pays émergents de l'Asie de l'Est. Durant la dernière décennie, Taiwan et la Corée du Sud ont montré une expansion stupéfiante pour la science et la technologie, couplée à une croissance économique rapide. Un saut en avant semblable peut-il se produire dans le monde musulman ? Les statistiques officielles dans la base de données de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), présentent une riche information sur chacun des 57 pays de l'OCI, que ce soit sur les terres cultivables par tracteur ou du nombre d'utilisateurs de téléphones portables et internet. Par contre, on ne trouve aucune donnée sur la recherche. Les indicateurs sur la science des pays de l'OCI sont également rares parmi les données rassemblées par les agences de la Banque mondiale ou les Nations unies ceci reflète en grande partie une réflexion du niveau beaucoup plus bas de l'intérêt que portent les responsables politiques de ces pays pour la science. Durant la période couvrant 1996 - 2003, les indicateurs de développement de la Banque mondiale indiquent que les pays musulmans dépensent en moyenne, moins de 0,34% de leur Produit intérieur brut (PIB) pour la recherche, ce qui reste beaucoup plus inférieur à la moyenne globale qui est de 2,36% sur la même période. Selon l'Agence de l'information de l'énergie (AIE), 50% des pays de l'OCI possèdent entre 66,2 et 75,9% du total des réserves pétrolières. Il est difficile de convaincre des commanditaires d'autres régions du monde d'aider le monde musulman, si leurs propres efforts ne sont pas plus vigoureux. Bien que certains pays de l'OCI soient parmi les plus pauvres de la planète, ou encore en voie de développement, leurs dépenses sont uniformément mal réparties, comparées à la moyenne nationale à travers une gamme de tranches de revenus. Les exceptions sont la Malaisie et la Turquie, dont leurs dépenses sont comparables à d'autres pays modérément riches. Par exemple, l'Arabie Saoudite et le Koweït dépensent moins, proportionnellement pour la recherche que les pays de l'OCI les plus pauvres. Une partie de l'explication se situe dans des priorités de dépenses. Beaucoup de pays de l'OCI, en particulier les plus riches, dépensent plus pour l'acquisition de l'armement que pour la science, l'éducation ou la santé. Dans le classement du Top mondial des dix premiers pays qui dépensent le plus dans l'armement militaire, on trouve six pays arabes de l'OCI : le Koweït, la Jordanie, l'Arabie Saoudite, le Yémen, la Syrie et Oman (En 2003, chaque pays a dépensé plus de 7% du PIB pour les dépenses militaires). En revanche, les pays africains de l'OCI tendent à dépenser proportionnellement moins sur tout ce qui touche le militaire. Le faible investissement des pays de l'OCI en science et en technologie est également reflété par le maigre résultat scientifique, y compris le niveau bas de la qualité des articles scientifiques et le nombre de chercheurs. Les indicateurs de développement de la Banque mondiale de 1996-2003 donnent un chiffre record du nombre de chercheurs par million de personnes pour 19 pays de l'OCI. Ces pays se trouvent à la limite inférieure de la moyenne globale. Les pays se classant au plus haut de l'échelle sont : La Finlande, l'Islande, la Suède et le Japon, tous ont au-dessus de 5.000 chercheurs par million d'habitants. Parmi les pays les mieux classés de l'OCI, on y trouve la Jordanie avec 1.927 chercheurs par million d'habitants. La moyenne de l'OCI est de 500 chercheurs par million d'habitants. En 2003, la moyenne dans le monde pour la production des articles par million d'habitants était de 137, tandis qu'aucun des 47 pays de l'OCI pour lesquels il y avait production scientifique n'avait réalisé plus de 107 articles par million d'habitants. La moyenne de l'OCI était juste de 13. D'ailleurs, pendant les deux dernières décennies, le nombre d'articles produits par 24 pays de l'OCI a demeuré constant ou il a diminué, quoique avec une certaine exception. Le taux de publications de la Turquie par an s'est développé à environ de 500 en 1988 à plus de 6.000 en 2003. L'autre pays de l'OCI qui suit la même trajectoire que la Turquie est l'Iran. Il y a une décennie, il produisait moins de 100 articles, maintenant il produit presque 2.000 articles par an. Les deux pays ont éclipsé l'Egypte, qui était précédemment le plus prolifique de tous les Etats de l'OCI dans l'édition scientifique.
L'exposition des articles édités par les pays de l'OCI est frappante dans la mesure où il existe une différence disciplinaire et géographique. La santé et les sciences sociales obtiennent peu d'attention, excepté en Asie du Sud et les pays africains. Les articles de chimie et de physique composent la plus grande partie du rendement total dans les pays asiatiques centraux. Les sciences de la vie en Afrique du Nord, l'Indonésie et la Malaisie, aussi bien que l'Arabie Saoudite. La technologie prédomine dans les pays africains orientaux et moyennement dans les pays de l'Afrique du Nord. Les pays de l'OCI produisent tellement peu de brevets qu'ils sont imperceptibles en comparaison avec d'autres pays. Ce manque de compétitivité technologique se traduit au bas niveau en termes d'exportations de pointe.
A une exception, la Malaisie occupe le cinquième rang mondial avec ses exportations de pointe de 58%, à côté de Singapour et des Philippines. Autrement, l'Indonésie (14%) et le Maroc (11%) sont les seuls pays de l'OCI avec des exportations de pointe qui dépassent les 10%. Mais il y a des signes d'espoir, la Turquie, par exemple, n'est pas riche en pétrole, mais elle est la plus scientifiquement réussie des Etats musulmans à côté de l'Iran.
Quant aux cas des pays qui se trouvent au bas de l'échelle, on trouve les 21 pays de l'Afrique sub-saharienne des 57 pays de l'OCI, excepté le Cameroun et le Gabon, qui sont parmi le plus pauvres. Les pays musulmans en Afrique sub-saharienne ont environ 20 chercheurs et ingénieurs par million de personnes, comparés à environ 250 en Amérique Latine. Une source de lumière commence à paraître en Afrique avec le Nigéria, qui annonce à labourer ses revenus pétroliers dans des fonds de dotation évalués à plus de 5 milliards de US $, pour la science et la technologie, et qui ferait de lui parmi les plus grands pourvoyeurs pour la science. En Algérie, les dépenses pour la science et la technologie restent faibles, en comparaison avec d'autres pays de l'OCI qui n'ont pas de manne pétrolière. Si d'autres pays de l'OCI suivent l'exemple de la Turquie et de l'Iran, d'ici dix ans, les indicateurs de la science pour ces pays pourraient être vus très différemment. L'insuffisance de moyens financiers est certes un obstacle important, mais elle n'est pas la seule raison du statut effroyable dans lequel se trouve actuellement la science dans le monde musulman. Il est certainement clair que, pour les pays les plus pauvres, le manque de ressources est un problème crucial, et ils peuvent voir la science comme un luxe. Les gouvernements aggravent la plupart du temps les problèmes du faible investissement parce qu'ils manquent de stratégies pour stimuler la science et pour donner la priorité à de vrais projets de recherche.
Les pays du monde musulman doivent renforcer des liens internationaux, en plus des projets coopératifs purement nationaux ou bilatéraux. L'excellence dans la recherche scientifique peut seulement vraiment être réalisée par la concurrence au niveau international.
Un des plus grands défis faisant face aux pays musulmans est que la science est trop souvent regardée comme un produit qui peut être séparé des processus de pensées. Croyant qu'avec le pétrole, ils peuvent simplement acheter la technologie occidentale, les pays musulmans riches font peu d'efforts au-delà des produits consumant de la science et de la technologie. Mais pour s'épanouir, la science et la technologie ont besoin d'une base culturelle qui peut être acquise seulement par l'éducation de la science, en entreprenant de vrais programmes de recherche. Cet effort exige, surtout, que la science ait un appui aux rangs les plus élevés de la société musulmane. Un autre facteur est la faible intégration de ces pays au sein de la communauté scientifique internationale. Lors de mon implication dans des organismes de recherches internationaux, j'ai eu la chance de comprendre à portée de main les problèmes de certains pays musulmans et particulièrement ceux du Maghreb arabe, et les différentes mentalités et les manières de fonctionnement de la recherche.
Après plusieurs discussions avec des personnes de la région - scientifiques, élus et politiciens - mon message principal serait qu'au moindre changement énergétique (raréfaction des combustibles fossiles, chute drastique des prix de pétrole, conflits sociaux guerres,... etc.), le niveau social de ces pays chutera au plus bas, derrière les autres pays du monde, et ceci malgré leurs grandes cultures, leurs possibilités humaines et leurs richesses relatives. Beaucoup de raisons ont été données sur la situation actuelle insuffisante que connaissent les pays de l'OCI, que ce soit en science ou en technologie.
Le premier rapport de Arab Human Development Reports (AHDR) édité en 2003, a identifié des obstacles primaires et secondaires, empêchant la progression de la science dans les pays du monde musulman et particulièrement les pays arabes. Les barrières primaires sont politiques, quant aux obstacles secondaires, on peut citer les plus importants : déficits dans l'acquisition et la production de la connaissance, habilitation des femmes, liberté, tolérance. Au zénith de la civilisation arabo-musulmane du 8ème au 13ème siècle (750-1258), le monde musulman a réussi à bâtir une culture basée sur le savoir et la connaissance, période connue sous «l'Age d'Or». Mais établir, aujourd'hui, dans le monde musulman une société fondée sur la connaissance est un défit significatif. Plusieurs conditions ont favorisé l'épanouissement de la culture arabo-musulmane, essentiellement : le patronage de la science par des personnalités ayant un rang très élevé dans la société. Une attitude libérale et tolérante envers le savoir provenant de toutes les sources, ainsi que des contacts et d'échanges d'idées. Le soutien des injonctions dans le Coran, le devoir obligé de chaque musulman, homme ou femme, d'acquérir la science. Les bonnes conditions sociales pour les scientifiques et les savants, ainsi que pour leurs disciples.
Il y a des raisons externes de la décadence de la science dans le monde musulman. Les croisades s'étendant du 11ème au 14ème siècle sont souvent présentées par les historiens comme une «succession ininterrompue d'expéditions militaro-religieuses faites par des chrétiens européens dans l'espoir de reprendre la Terre Sainte aux Turcs infidèles». Cependant, l'objectif des croisades avait peu à voir avec la religion. Les croisades consistaient en grande partie à des actions militaires provoquant l'autorité des sociétés musulmanes qui dominaient les routes commerciales de l'Occident. La «Guerre Juste» portait les croisades. La guerre se faisait avec l'appui de l'Eglise Catholique, agissant comme un instrument de propagande et d'endoctrinement religieux. Sans oublier bien sûr, l'invasion mongolienne au 13ème siècle. Mais les facteurs internes, tels que l'isolement progressif, la croissance des régimes autoritaires, le découragement de l'innovation et les restrictions à la liberté d'expression, étaient probablement plus décisifs. Il y avait généralement un décalage, qui a débuté vers l'an 1100, d'une attitude raisonnable et tolérante à une école plus conservatrice de pensées, dénonçant philosophie et rationalisme.
Les pays développés de l'Europe ont mis environ un siècle et demi pour évoluer d'une société basée sur l'agriculture à une société industrialisée. Si les pays musulmans continuent de suivre un pareil parcours aussi lent à la modernisation, ils seraient condamnés à l'insignifiance dans l'ère de la globalisation. Il devrait y avoir un sursaut rapide pour se rattraper par rapport au monde industrialisé. Ceci a été possible, et a été montré par des pays, tels que Taiwan et la Corée du Sud, et plus récemment la Chine.
Pour sauter en avant, il faut surtout que la mentalité des chefs politiques doit changer pour montrer plus d'engagement pour la science. Dans beaucoup de pays du monde musulman, les chefs politiques ne donnent guère de l'importance à la recherche scientifique et au développement dans leurs pays. Ceci étant, on ne doit pas ignorer la vraie pauvreté de beaucoup de pays musulmans, où des étapes positives prises par quelques pays, tels que la Jordanie, le Pakistan, l'Iran, la Turquie, qui peuvent inspirer d'autres pays immobiles, de passer à l'action. Il existe des différences prononcées entre les 57 pays musulmans qui composent l'Organisation de la Conférence Islamique. En bref, ça ne veut pas dire que toutes les critiques ou recommandations exprimées ici peuvent être appliquées à chaque pays. Néanmoins, beaucoup de ces pays peuvent accomplir plus d'efforts pour soutenir la science et la technologie. Le développement socioéconomique ne peut pas dépendre seulement des ressources naturelles. De nos jours, la connaissance est devenue une force de mouvement importante des sciences économiques dans le monde. Beaucoup de propositions ont été faites par différents chefs d'Etats musulmans ou organismes pour soutenir la science et la technologie. Malheureusement, la plupart de ces derniers ont eu peu d'effet. Parfois les initiatives sont pleines de bonnes intentions, mais les résultats sont trop souvent décevants. En 2002, le Comité permanent de l'OCI sur la Coopération scientifique et technologique (COMSTECH) a proposé que la Banque de Développement Islamique vienne en avant avec au moins un million de $ US annuellement pour promouvoir quelques instituts de recherche bien choisis. A un sommet de la Ligue arabe des 22 nations à Khartoum, ses membres ont accepté pour collaborer plus étroitement à la science, pour encourager des associations publiques - privées de recherche. Le président de ce sommet a ouvert le sommet avec un appel pour mettre la science au coeur des plans stratégiques des pays arabes. Il a proposé que les revenus croissants de la production pétrolière devraient être employés pour les placer dans le développement de la science et de la technologie. Jusqu'ici, aucun de ces rapports n'a mené aux actions concrètes espérées par tous. En attendant, le monde musulman et particulièrement les pays arabes souffrent d'une émigration de leurs intellectuels vers l'Occident. Selon un rapport datant de 2004, émanant du Centre du Golfe des Etudes Stratégiques au Caire, tous les ans, les pays arabes perdent 50% de leurs médecins fraîchement qualifiés, 26% d'ingénieurs et 20% de scientifiques, principalement vers la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, le Canada et la France. En outre, quelque 48% d'étudiants arabes poursuivant leurs études à l'étranger ne reviennent plus dans leurs pays d'origine, après avoir reçu un diplôme. Les sociétés musulmanes d'aujourd'hui ont produit peu de scientifiques de réputation internationale. Seulement deux scientifiques du monde musulman ont obtenu des prix Nobel : Abdu-Salam, un Pakistanais (pour la physique en 1979) et Ahmed Zewail, un Egyptien (pour la chimie en 1999). Tous les deux ont effectué leurs travaux de recherches en dehors des pays musulmans. Le progrès scientifique dans le milieu universitaire dans les pays musulmans est souvent entravé par l'isolement et un système universitaire relativement non mûr. Les promotions dans les établissements sont souvent basées sur la fidélité plutôt que le mérite. Les salaires sont si bas dans la plupart des pays de l'OCI que les chercheurs et les enseignants doivent trouver un revenu supplémentaire. Un système excessivement bureaucratique suffoque souvent l'innovation.
Bien que ma connaissance de la situation dans des pays musulmans soit basée sur mon expérience personnelle dans la région, je n'oserais pas faire tout seul de tels rapports négatifs, ils ont été confirmés par d'autres experts bien connus dans le monde arabe. Quand j'ai présenté mes idées aux chercheurs de ces pays, j'ai trouvé le soutien de plusieurs de mes recommandations offertes ci-dessous. D'abord, l'importance de la recherche dans la contribution au bien-être global des sociétés musulmanes doit être identifiée, qui à court terme auront besoin d'un retour au patronage à un niveau politique plus élevé. Les chefs politiques doivent fournir les ressources suffisantes pour la recherche scientifique de base, qui devraient être considérées comme investissements plutôt que dépenses. L'investissement centripète est crucial parce que l'infrastructure pour la recherche dans différents pays est pauvre et les cadres juridiques pour l'innovation sont en grande partie inexistants.
En second lieu, les pays du monde musulman doivent renforcer des liens internationaux, en plus des projets coopératifs purement nationaux ou bilatéraux. L'excellence dans la recherche scientifique peut seulement vraiment être réalisée par la concurrence au niveau international.
La participation aussi aux centres d'excellence soutenus par des organismes régionaux ou internationaux peut stimuler une telle intégration, mais seulement s'il y a engagement plein des pays impliqués. Troisièmement, les acteurs de la communauté scientifique ont besoin d'une meilleure sécurité - dans les travaux, les salaires et les pensions.
Le monde scientifique moderne s'épanouit sur la collaboration et la coopération partout où les talents doivent être trouvés. Les Califes du 11ème siècle ont montré un tel esprit d'enclenchement, les émirs et les chefs d'Etat d'aujourd'hui doivent le stimuler, cherchant l'inspiration des exemples antiques et modernes dans les Etats musulmans. Pour les scientifiques occidentaux, travaillant avec les chercheurs qui s'approchent des défis de la science dans différentes cultures, ils ne peuvent être que bons pour la science et encourager une plus large conscience mutuelle. Une autre motivation plus philosophique et plus culturelle est une croyance en valeur de la pensée objective au milieu d'un tourbillon.
Des chercheurs dans les pays scientifiquement développés sont encore découragés du contact en raison de la politique, qui a miné des collaborations apolitiques dans plusieurs domaines de la recherche, et en raison de leurs propres soupçons que la collaboration n'attire que de l'ennui. Il est par ailleurs très clair qu'il va falloir reconstruire des liens avec les scientifiques expatriés et les encourager à être en contact permanent avec leurs pays d'origine. Il faut des politiques qui offrent des incitations pour les scientifiques de la diaspora arabe exerçant à l'étranger au retour à leurs pays d'origine.
Mais la crise de développement du monde arabe est si aiguë, complexe et à plusieurs facettes qu'une Renaissance du savoir ne peut pas être construite en isolation, et sera impossible en l'absence de plus larges réformes touchant presque tous les aspects de la société arabe - dans les systèmes économiques, sociaux et culturels, et surtout dans les structures politiques à tous les niveaux. En d'autres termes, la réforme à l'emporte-pièce ne suffit pas. Le monde développé va très vite en créant des sociétés de connaissances intensives
Si le monde arabe ne reforme pas rapidement, l'asymétrie de la production de la connaissance du monde continuera, et les pays arabes seront marginalisés pour toujours. En même temps, une Renaissance du savoir exige que les Arabes s'ouvrent plus au monde et à d'autres cultures.
Les Arabes ont contribué considérablement à
la civilisation humaine, et doivent maintenant regagner l'honneur de
participer efficacement cette civilisation. L'isolationnisme peut mener
seulement à la stagnation et à l'impuissance. Le monde a également
besoin de manière indiscutable de faire des réformes pour réduire les
inégalités, l'injustice et l'oppression. Les réformes imposées de
l'extérieur du monde musulman ne peuvent pas réaliser le changement
social acceptable, car finalement elles serviront aux intérêts de ceux
qui les imposent, et non pas les intérêts des peuples arabes et
musulmans. La science peut être un excellent outil pour établir la
confiance et favoriser la paix et la réconciliation. Parce qu'une telle
coopération fait participer non seulement des scientifiques mais aussi
des administrateurs et des politiciens, parfois au plus haut niveau. Un
exemple exceptionnel est le Centre européen de recherches nucléaires
(CERN) près de Genève, qui a aidé à rassembler les Etats européens
après la Seconde Guerre mondiale. Les scientifiques des pays non
amicaux travaillent ensemble en résolvant des défis scientifiques et
techniques difficiles. Ils n'échangent pas simplement de papiers. Dans
le cas du Centre international pour le rayonnement du Synchrotron pour
le Moyen-Orient et les régions méditerranéennes (SESAME) à Amman,
certains pays ennemis-voisins s'asseyent autour de la même table avec
des collègues d'autres pays discutant pacifiquement leurs problèmes
communs. Ce sont les raisons pour lesquelles des organismes tels que le
CERN et le SESAME ont été créés par l'UNESCO sous le slogan «La Science
pour la paix».
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Source: National Science Fondation (www.nsf.gov)
par Abdel-Nasser Cherigui
Professeur Université de Grenoble, France.
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