Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux.
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INTRODUCTION
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Le tribunal de l'Histoire a, incontestablement, failli au principe d'impartialité en condamnant Mohammed par défaut, sans le connaître et en le déclarant coupable de tout ce que lui imputent ses pires adversaires. Tous les écrivains, anciens et modernes, déistes ou athées, sont d'accord pour accuser Mohammed d'imposture. D'un tel accord est née l'idée, pour les religieux notamment, que Mohammed a commis le blasphème de se donner comme envoyé de Dieu. Pour les athées, Mohammed fut un puissant génie qui assuma le rôle d'apôtre, afin de mieux abuser ses concitoyens.
Si les premiers, au moins ceux de bonne foi, par suite des enseignements de leurs directeurs spirituels, sont, jusqu'à un certain point, excusables, les derniers, les athées, sont responsables d'avoir perpétué les légendes inventées à dessein, responsables en ce sens que leur rôle d'historiens leur faisait un devoir de rechercher la vérité. Sans se laisser guider par des principes religieux auxquels, de leur propre aveu, ils ne croyaient pas.
Cette vérité, ils doivent la puiser, non dans les écrits de ceux qui proclament eux-mêmes leur parti pris, mais dans les archives de ceux qui ont adopté les principes posés par le fondateur de leur propre doctrine.
Les traditions de Mohammed sont là pour démontrer qu'il est impossible de les réunir dans une même tête sans le secours de la révélation. Un siècle ne suffirait pas pour approfondir les questions résolues par le Prophète. Un Copermic musulman, s'il s'était avisé de poser le principe de la pluralité des mondes, n'aurait pas été considéré comme hérétique et n'aurait pas vu ses écrits brûlés. Il suffit de quelques recherches pour savoir que Mohammed avait dit : «Les mondes sont au nombre de sept (chiffre par excellence désignant la pluralité) et dans chaque monde il y a un Prophète comme le vôtre.»
Pour comprendre et apprécier une doctrine,
il faut remonter à sa source, examiner ses bases, la juger ensuite en
elle-même et non la condamner sur les commentaires, les analogies,
déductions ou inductions d'écrivains plus ou moins compétents, sinon
animés d'un parti pris manifeste : «Le nombre de fables accumulées sur
les personnages historiques est toujours en raison de leur célébrité.
Tout homme dont le nom devient, à tort ou à raison, l'étiquette d'un
système, cesse de s'appartenir et sa biographie indique bien plus les
fortunes diverses du système avec lequel on l'a identifié que sa propre
individualité.»
C'est en partant de ce principe que l'auteur de ces
lignes, Renan, «le demi-philosophe» et les écrivains qui se sont
occupés de la vie de Mohammed ont présenté celui-ci dans une agitation
perpétuelle ; agitation pleine d'incohérence, de désordre et d'un
illogisme qu'on ne rencontre que dans les hospices de fous. A l'instar
de ceux qui, de nos jours, discutent encore si Job avait la gale ou
telle autre tare, tous attribuent à Mohammed certaines maladies :
attaques nerveuses, épilepsie, catalepsie, fièvre intermittente,
neurasthénie, etc. Les uns s'imaginent avoir découvert en lui les
symptômes de l'hystérie. Les autres déclarent qu'il était microcéphale.
Sprenger conclut à l'hystérie musculaire.
Tel est le pronostic diagnostic que les psycho-physiologistes modernes croient de leur devoir de fournir comme explication de l'acte de ce «fameux imposteur» qui s'est donné comme Prophète : «Il faut chercher l'explication de ce phénomène dans un mal dont souffrait Mohammed... Il est presque impossible de savoir si Mohammed, dans la dernière période de sa vie (car, pour la première, il n'y a pas de doute), croyait encore ou non à sa mission.» C'est à l'aide de telles phrases qu'un écrivain connu se jugeait à même de combattre la doctrine de Dieu et de taxer son apôtre d'imposture.
En réalité, Mohammed fut l'un des plus sains et des plus vigoureux esprits de son temps. Sa vie, tant privée que publique, défie toute critique. La logique divine a toujours été son guide. Pas plus dans le Coran (puisqu'on veut qu'il soit de lui) que dans les innombrables traditions dont il est réellement l'auteur, on ne trouverait une seule parole contraire à la morale. Loin de là, son existence a été d'une logique scrupuleuse et quant aux diverses questions, s'agit-il des plus insignifiantes, il ne rendait son jugement qu'à bon escient.
Sa vie, rapportée jusqu'à sa mort, presque au jour le jour, par des témoignages irréfutables, même par ceux de ses ennemis les plus irréductibles, cette vie étalée au grand jour crie santé, vigueur, courage, ordre et logique supérieure. Né de parents sains, allaité par une nourrice saine, élevé en pleine campagne et vivant de la vie de berger jusqu'à vingt ans, Mohammed ne devait-il pas échapper aux maladies chroniques ? De telles dispositions ne concourent-elles pas à former plutôt des hommes robustes que des corps chétifs et prédisposés à toutes les infirmités ? De fait, on ne connut à Mohammed aucune maladie. Jusqu'à ses derniers jours sa santé ne le trahit jamais. Seul l'esprit d'intolérance peut dicter d'autres conclusions.
S'il en était autrement, si ces écrivains qui ont consacré des années à leur infatigable labeur étaient sincères dans leurs recherches, ils auraient aisément découvert le bien-fondé de la mission qu'ils étudiaient. De la sincérité partielle au mensonge, il n'y a qu'un pas et ce pas est vite franchi. Or le fait que les légendes les plus absurdes sont non seulement retenues, mais insinuées sous la forme sarcastique démontre surabondemment la partialité manifeste des écrivains en question.
Les légendes imputées à Mohammed ne deviennet, à côté des atrocités de Néron, que pures bagatelles. Pourtant, les écrivains qui se respectent ne retiennent de la vie de l’incendiaire de Rome que les faits se rapportant à l’intérêt public et passent volontiers sous silence sa vie désordonnée. D’autres vont plus loin. Ils entreprennent sa défense et M. Bouche-Leclercq plaide que «Néron lui-même a droit à la justice». Quand imposera-t-on aux écrivains, voire aux prédicateurs, un minimum de respect à l'égard de ceux qui ne partagent pas leurs propres opinions religieuses ?
Chacun est libre de croire ce qui lui plaît ; quant à nous, musulmans, en vertu du principe posé par le verset suivant : «0 croyants, c'est à vous de songer à vous-mêmes ; l'égarement des autres ne vous nuira point si vous êtes vous-mêmes dans le droit chemin», il nous est formellement interdit de demander à quelqu'un quelles sont ses croyances et à plus forte raison de vouloir l'en détourner et lui en imposer d'autres.
Ici-bas tout est fait d'égards et de respect
réciproques. N'est-ce pas le manque de retenue et de logique dans les
paroles et les actes qui fut le point de départ des pires catastrophes
? C'est ainsi qu'on sème le dégoût et que l'on récolte le mépris. Le
respect ne va pas sans réciprocité. Seul celui qui n'a pas de respect
pour lui-même considère son semblable comme indigne de cette même
estime.
Un précepte divin ordonne à l'homme de manifester pour la
créature un respect fondé sur les devoirs mêmes que le créé doit au
Créateur. Marquer de l'aversion pour le prochain, c'est donc manifester
du mépris à l'égard du Maître de l'univers. Le fait d'aimer Dieu et de
l'adorer ne pourrait être méritoire, s'il n'était complété par un amour
désintéressé envers le prochain, surtout envers les déshérités de la
vie. En un mot, il n'y a d'autre base pour l'établissement d'une réelle
et perpétuelle fraternité universelle que le respect et l'amour
désintéressé du prochain.
Combien sublime est Mohammed quand il proclame à la face du monde : «Les créatures humaines sont la famille de Dieu et celle d'entre elles qui est la plus chère au Seigneur est celle qui est la plus utile à sa famille.» «Le comble de la raison, après la croyance en Dieu, est de montrer l'affection pour son prochain et de faire du bien à tout homme juste ou pervers.» «Ceux qui sont miséricordieux, le Clément sera miséricordieux envers eux. Ayez pitié de ceux qui sont sur la terre, celui qui est dans les cieux en aura pour vous.» «Faites l’aumône aux gens de toutes les religions.» Les plus grands philanthropes de nos jours n'arrivent pas à se dépouiller de leurs préjugés et, par suite, à conformer loyalement leurs actes avec le degré d'altruisme des immortelles paroles que nous venons de relater.
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(A suivre)
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16-09-2007
Marouane B.
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