Témoignages
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Le
livre rapporte les témoignages intelligemment ordonnés et séquencés
avec l’histoire de Jodi, d’une part, et une présentation de l’Islam,
d’autre part, d’une cinquantaine de femmes américaines converties à
l’Islam durant les années quatre-vingt et quatre-vingt dix. Ce nombre
obtenu d’un échantillon de trois cent cinquante Américaines converties
indique le faible taux de réponses, révélateur de la frilosité de ces
Américaines de se faire connaître du public, fût-à ce de façon anonyme.
Cet échantillon est, de la même façon, insignifiant par rapport au
nombre réel des musulmans «américains US» qui serait de plusieurs
milliers. De ce fait, l’échantillon étudié par C. L. Anway n’est pas
statistiquement significatif, il l’est par les illustrations de
cheminement des conversions à l’Islam. Car, la réelle question est :
comment des Américains US en sont-ils -venus à l’Islam de leur propre
gré ? Sachons d’abord qu’il existe un réseau Américain US de l’Islam :
«Il y a des milliers de musulmans qui ont découvert l’Islam par des
informations que d’autres Américains leur ont communiquées. Mon mari et
moi en sommes de parfaits exemples». En plus des informations circulant
entre les personnes, à titre privé, les cours d’histoire, de
civilisation et de religions comparées dans les universités sont, bien
souvent, les lieux où le jeune Américain accède aux premières
connaissances sur l’Islam ; de nombreuses conversions sont le résultat
de l’approfondissement individuel de ces premières connaissances,
acquises dan les institutions d’enseignement. De façon générale, le
jeune Américain, intéressé par l’étude de la spiritualité musulmane, se
met lui-même, de façon volontaire, à la recherche des éléments
d’information : amis musulmans, voisins musulmans, lectures sur
l’Islam, lecture du Coran. Le résultat est généralement positif pour
deux raisons : d’abord, parce que le novice était sincère dans sa
recherche ; ensuite, parce que les éléments d’information auxquels il
aboutit sont convaincants en eux-mêmes, parce que correspondant à son
attente.
Même si certaines conversions semblent être le résultat
d’une illustration soudaine et foudroyante, la majorité absolue des cas
est celui d’un long cheminement logique, d’une à deux années ou plus et
d’un intérêt intime qui n’est, à ses débuts, connu de personne, pas
même des plus proches. Ainsi, les jeunes Américains convertis font leur
chemin initiatique seuls, en leur for intérieur jusqu’à atteindre, par
eux-mêmes, un point de non-retour. Aussi le caractère essentiel de
cette conversion est la liberté du choix, fondée sur l’intime
conviction.
Il faut garder à l’esprit le fait que le plus grand
nombre de convertis à l’Islam pratiquait déjà une religion, en
l’occurrence chrétienne, avec laquelle il avait des problèmes
d’attaches sur certains points essentiels. Deux témoignages illustrent
cette situation : «Quand j’ai eu environ dix ans, raconte une femme
convertie, je suis devenu membre de la petite église presbytérienne
avoisinante… Mes amies et moi abordions des sujets à caractère
spirituel. Nous discutions de questions qui nous venait à l’esprit,
comme par exemple : qu’advient-il des gens qui ont vécu avant la venue
de Jésus ? Iront-ils au paradis ou en enfer ? D’une part, pourquoi
certaines personnes très vertueuses iront directement en enfer, tout
simplement parce qu’elles ne croient pas en Jésus (nous pensions à
Gandhi) ? D’autre part, d’affreuses personnes (comme le père d’une amie
qui lui infligeait de mauvais traitements) iront au paradis seulement
parce qu’elles sont chrétiennes ? Pourquoi est-ce qu’un Dieu Bon et
Miséricordieux exige le sacrifice du sang de Jésus pour pardonner le
péché du monde ? Pourquoi sommes-nous coupables du péché originel
d’Adam ? Pourquoi la parole de Dieu contredit-elle les faits
scientifiques ? Comment Jésus peut-il aussi être Dieu ? Comment Dieu
l’Unique peut-il représenter trois différentes entités à la fois ? Nous
discutions de ces sujets mais n’aboutissions jamais à des réponses
claires».
Le deuxième témoignage soulève le même ordre de
questionnement : «A l’école primaire, j’interrogeais les enseignantes
(les religieuses) et les parents sur la Trinité. Qui devais-je prier :
Jésus, Dieu le Père ou le Saint-Esprit ? Devais-je aussi prier les
Saints ? Ils me répondaient tous qu’il n’y avait pas d’explication à
fournir et que je devais accepter les choses telles qu’elles sont.
Ce
raisonnement me déroutait. J’ai arrêté d’aller à l’église à dix-sept
ans, mais je continuais, seule, à prier Dieu». Ces deux témoignages
illustrent bien la nature des questions que se posent les enfants et
les adolescents américains. Ils sont aussi significatifs des espoirs de
ces enfants et adolescents et introduit un doute dans leur esprit. Ce
doute ne sera levé que par leur propre recherche et leur propre
aboutissement, dès leur accès à d’autres sources d’information.
Pourquoi sommes-nous coupables du péché originel d’Adam ? Qui devais-je
prier : Jésus, Dieu le Père ou le Saint-Esprit ? Pour ces jeunes, il
n’est pas question que ces interrogations restent sans réponses. Ces
jeunes convertis adoptent, en définitive, l’attitude suivante : la foi,
oui, mais la foi éclairée. La rencontre avec l’Islam se fait, comme
déjà mentionné, par l’Université, par le voisinage et le compagnonnage,
par les événements de l’actualité mondiale en liaison avec les
musulmans et l’Islam, enfin pour certains (notamment les noirs
américains) par une recherche identitaire. Voici un témoignage
fusionnant à la fois le compagnonnage et l’Université : «Je
rencontrais, raconte une Américaine convertie, un groupe d’étudiants
venus de tous les pays qui faisait partie d’un programme de formation à
la langue anglaise. En écoutant parler un Palestinien de sa vie, de sa
famille et de sa religion, mon intérêt a commencé à s’éveiller. Plus
j’entendais parler de l’Islam, plus je m’y intéressais pour l’expliquer
dans ma propre vie.
Le semestre suivant, le groupe s’est dispersé,
mais je me suis inscrite à un cours intitulé : «Initiation à l’Islam».
Ce cours m’a rappelé toutes les questions (doutes) que j’avais sur le
christianisme». Et voici un témoignage introduisant l’identité
historico-culturelle : «Mon acharnement à essayer de trouver mon
identité ne cessait pas. Etant de race noire, j’ai affronté de grands
défis durant les années 60 et 70 aux Etats-Unis… J’ai commencé à
chercher des réponses en parcourant l’histoire des Noirs.
J’ai été
surprise de découvrir que la plupart des Africains venait des pays
musulmans… Je suis devenue musulmane en 1974… l’Islam m’a apaisée».
Et
voici un témoignage dans lequel l’intérêt de l’Islam est lié aux
événements dans le monde : «Ma conversion fut un long cheminement. J’ai
abandonné le christianisme alors que je fréquentais encore le
lycée… J’ai étudié plusieurs religions, mais aucune d’entre elles n’a
suscité mon intérêt… La révolution iranienne (1978) a suscité beaucoup
de questions dans mon esprit. j’ai décidé d’en apprendre beaucoup
davantage sur ces gens et leur culture et j’ai commencé à lire
l’histoire de l’Iran qui m’a nécessairement amenée à étudier l’histoire
de la religion islamique, domaine dans lequel j’entrais pour la
première fois (je ne l’avais jamais étudié à l’école). La lecture d’un
Coran fut donc l’étape suivante… le Coran a fait vibrer la corde
sensible en moi». La vie quotidienne elle-même ne manque pas d’opérer
des rencontres initiatrices d’intérêt à l’égard de la culture de
l’autre : «J’ai commencé, rapporte une Américaine convertie, à
apprendre des choses sur l’Islam pour la première fois à l’âge de
quinze ans. Une famille saoudienne venait d’emménager à côté de chez
nous et j’étais fascinée par leur comportement, leurs vêtements, leur
langue et leur religion. La dame et mois étions devenus très unies,
mais cela m’a pris quatre ans avant de me convertir».
Ces
témoignages suffisent à donner une idée sur les circonstances souvent
fortuites (par exemple voisinage et compagnonnage) parfois profondes
(la recherche identitaire), d’autres fois encore conjoncturelles et
événementielles (l’actualité mondiale), qui ont suscité le premier
intérêt à l’Islam. Observons que parmi les cinquante témoignages
présentés par Carol L. Anway aucune conversion ne s’est faite par la
vulgarisation organisée (publicité et propagande) de l’Islam, qui est
interdite aux Etats-Unis (au même titre que toutes les autres
religions). Ainsi la conversion à l’Islam à la manière américaine est
d’abord et avant tout une démarche individuelle, personnelle et intime.
C’est
pour résoudre des problèmes intimes de croyance que les jeunes gens
convertis ont fait un pas de plus vers la religion découverte, l’Islam.
Un autre témoignage précède cette démarche vers l’adoption des valeurs
de l’Islam : «Pourquoi les Américains délaissent-ils le christianisme
pour l’Islam ?… l’Islam dirige toute notre vie. Il s’applique à toutes
les époques et à toutes les nations. Si les Américains examinaient
l’Islam de près et se rendaient compte que cette religion est
universelle et éternelle, ils finiraient enfin par bien la comprendre».
Et un peu plus loin dans le texte de C. Anway, un converti à l’Islam
ajoute : «Si vous connaissiez vraiment l’Islam, vous aimeriez tout de
suite cette religion».
Mais c’est sans doute le témoignage suivant
qui lève le voile sur l’état d’esprit réel du converti à l’Islam et le
laisser adhérer définitivement à cette religion : «L’Islam est un style
de vie !
Cette religion apporte des réponses pour chaque aspect de
la vie en général. J’ai choisi l’Islam comme style de vie par
conviction et non par obligation pour faire plaisir. J’aime l’Islam et
je pense que j’étais musulmane à ma naissance et que ma famille m’a
élevée dans le christianisme. Je ne me suis pas convertie à cette voie
droite et véritable ; je suis seulement revenue vers elle.
J’ai
atteint la victoire. Je suis revenue à l’Islam ! Puisse Allah toujours
me garder un cœur pur et le guider sur la bonne voie». En effet, il est
indéniable que les convertis américains, nous en avons rencontré
certains, se sentent chez eux, à l’aise, en sécurité et en accord avec
eux-mêmes à l’intérieur de cette religion qu’ils ont embrassée : «Je
suis revenue à l’Islam !» s’extasie cette femme américaine.
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(A suivre).
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Zostefe Botefnouchet
24-09-2007
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