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La chanteuse franco-algérienne Souad Massi puise son originalité dans la diversité culturelle qu’elle a su alimenter dès sa plus tendre enfance. Elle se produit pour la première fois au Caire à l’occasion de la Fête de la musique.
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Creuset envoûtant
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Les percussions de la derbouka et du bendir se mêlent à celles de la batterie et aux rythmes de la guitare ou de la basse. La voix bouleversante de Souad Massi interprète une musique du monde qui trouve ses racines dans le patrimoine arabo-andalous. Cette année, pour la Fête de la musique, elle se produit pour la première fois au Caire, dans le cadre de cet événement organisé avec le soutien de Culturesfrance, TV5, l’Opéra du Caire, le Conseil Suprême des Antiquités (CSA), le Fonds de développement culturel et la Bibliotheca Alexandrina.
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Née le 23 août 1972 à Alger, dans une modeste famille de mélomanes, Souad Massi a découvert la musique algéroise grâce à un père qui travaillait à la Compagnie des eaux. Sa mère l’initie Brel ou encore James Brown. Ses oncles sont jazzmen et ses frères musiciens. La petite Souad Massi plonge dans la musique chaâbi avec notamment le maître Hachemi Guerouabi, puis prend goût au rock, au R&B, au folk et au fado portugais.
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Inscrite à l’association de l’Ecole des beaux-arts d’Alger, elle y a appris la guitare pendant trois ans. Elle suit ensuite des études de musique classique, de solfège et de musique arabo-andalouse. En parallèle, elle a été initiée à la musique country par un ami qui possède une collection de vieux disques des années 1940. Pas surprenant de voir aujourd’hui sur scène, cette jeune femme envoûtante s’inspirer de la reine du « country » durant les années 1980, Emmylou Harris. Massi essaye de parfaire son style, mélangeant toutes ses influences en parfaite harmonie. Ses textes, à la fois poétiques et engagés, évoquent la douleur de l’exil et la nostalgie de son enfance algérienne. Car sous les événements noirs des années 1990, elle était sur le point d’abandonner sa passion musicale. Le couvre-feu, dans lequel s’est enfoncée l’Algérie, a rendu sa carrière d’artiste quasiment impossible. Elle a poursuivi des études d’urbanisme, est devenue ingénieur, puis fut contactée par le groupe de rock algérois Atakor. Elle rejoint en effet ce groupe pour en devenir la guitariste égérie. Le succès fou de leur premier album, sorti en 1997, l’a poussée à se remettre en question.
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En 1998, Souad Massi sort son premier album au titre éponyme sur le marché algérien. Une œuvre intimiste, à l’ambiance très folk qui a connu un grand succès. Invitée à Paris en 1999 , parmi d’autres artistes venues de toutes les régions d’Algérie, afin de participer à un festival intitulé Femmes d’Algérie, elle chante pour militer contre les intégrismes. Le concert de Souad Massi a fait un tel tabac que le directeur artistique d’un des labels d’Universal Music (Island-Mercury) n’hésite pas à signer avec cette jeune inconnue pour la réalisation d’un premier album. Deux années plus tard, elle sort Raoui (le conteur), un album enraciné, tout en douceur et inquiétude, dans les tourments de l’Algérie et les plaisirs mélodiques de l’Occident. Un vrai boom qui a élargi, de plus, son public.
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Son dernier album, Mesk Elil (chèvrefeuille), qui a été primé en 2006 aux « Victoires de la musique », continue à mélanger habilement les genres. Ce n’est ni rock, ni folk. « Il est africain, maghrébin, avec un peu de Cap-Vert, un peu de bossa-nova. Je l’ai fait alors que j’étais enceinte. Je suis sûre que ça a influencé l’écriture : je pensais beaucoup à ma mère, à mon enfance, à mes racines. Pendant ma grossesse, je planais un peu, je prenais les choses comme elles venaient, mais avec beaucoup d’assurance », a déclaré dans la presse cette artiste surnommée la Tracy Chapman du Maghreb.
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Lamiaa Al-Sadaty
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