Il y a quinze années était assassiné le Président Mohamed Boudiaf. «L'énigmatique» assassinat de l'une des figures marquantes de l'histoire contemporaine de l'Algérie, restera dans la mémoire collective des Algériens, comme un acte barbare.
Aujourd'hui encore, la motivation de son assassinat est toujours sujette à controverse, entre la piste d'une action isolée commise par un élément des services de sécurité ayant des sympathies islamistes et celle d'un complot plus vaste.
Voilà déjà quinze ans, que Boudiaf est rentré au pays, après un exil de plus de trois décennies répondant à l'appel de la patrie. Pour un homme qui avait grandi et baigné dans le nationalisme et le patriotisme, c'était un rendez-vous avec l'histoire , qu'il ne fallait pour rien au monde manquer.
En le tirant de son exil volontaire, un certain 16 janvier 1992, les décideurs de l'époque en panne de légitimité, avaient misé sur les convictions démocratiques affichées ouvertement par l'homme, pour préserver l'Algérie du péril intégriste. Sa stature était, disait-on, la seule à pouvoir atténuer le choc de l'interruption du processus électoral et du départ du Président Chadli Bendjedid. Par son long exil, il était en effet un homme neuf, susceptible de sortir le pays de l'impasse.
Sans détours, aux millions d'Algériens il annoncera, dès ses premières interventions, sa revendication d'une Algérie démocratique et plurielle, tournée vers la modernité et son engagement à lutter implacablement contre la corruption qui gangrenait l'Etat. En parallèle à ses convictions, le défunt Président, fort de son expérience d'un demi-siècle de militantisme était aussi capable d'arbitrages qui auraient engagé l'Algérie sur une toute autre voie que celle qui a engendré la mort et la désolation durant plus d'une décennie. Malheureusement, on ne lui laissera jamais le temps de mettre cette option en pratique. Le Président est assassiné six mois après avoir foulé le sol de l'aéroport international Houari Boumediene, le 29 juin 1992, à 11h20, au Palais de la Culture et des Arts qui porte aujourd'hui son nom, lors d'une conférence des cadres qu'il tenait dans la ville de Annaba, par un sous-lieutenant du groupe d'intervention spécial (GIS), Lambarek Boumaarafi. Aussi courte que soit la durée qu'il aura passé à la tête du Haut Comité d'Etat HCE, Si Tayeb El Watani, aura eu le mérite, dans une conjoncture ouverte sur toutes les inconnues, à redonner espoir à des millions d'Algériens. Il incarnera dès lors, le symbole de cette jeunesse désoeuvrée, à la fois convoitée par un courant intégriste rampant, et mise à mal par la dégradation de sa condition sociale. Le 29 juin 92, sous les yeux effarés de millions d'Algériens, les balles assassines viennent mettre fin à un processus de lutte contre la corruption, certes encore dans ses premiers balbutiements, mais ô combien porteur d'espérances.
Même si l'acte criminel sera «habillé» de plusieurs thèses au gré des intérêts des uns et des autres, la mafia politico-financière, pour qui la confusion et le chaos assuraient une pérennité, sera la piste la plus privilégiée d'une opinion publique nationale, conquise depuis longtemps par les idées et les convictions de l'homme.
Le crime du 29 juin sera le déclenchement de la pulsion de mort du pays. Des milliers d'Algériens y laisseront leur vie et d'autres disparaîtront. Cette date marquera un tournant psychologique, dans l'histoire de l'Algérie. Elle sera le point de départ d'un enchaînement de violence, jamais égalé, qui happera tout sur son passage.
L'attentat à la bombe de l'aéroport Houari Boumediene, quelques mois après son assassinat, donnera déjà un aperçu sur les visées terroristes de l'intégrisme. Durant la décennie de l'impunité, d'autres actes tout aussi ignobles hanteront à jamais l'esprit des Algériens. Les massacres de Rais et Bentalha, les bombes au centre de la capitale, les tueries collectives des GIA dans les hameaux de l'Algérie profonde, les faux barrages, l'évasion massive de la prison de Lambèze, les assassinats ciblés d'intellectuels, d'enfants et de femmes, etc... sont autant de témoins des atrocités vécues par les Algériens pendant plus d'une dizaine d'années.
Une plaie largement ouverte, que les Algériens tentent aujourd'hui d'oublier.
Si l'homme est mort, son oeuvre par contre reste éternelle. Les «dossiers» tabous, auxquels il s'est courageusement attaqué, dès son installation à la tête du HCE, constituent aujourd'hui des priorités de l'Etat. C'est le cas de la lutte contre la corruption, ou encore la prise en charge des revendications prioritaires de la jeunesse.
Figure marquante de l'histoire de la révolution algérienne Mohamed Boudiaf est né le 23 juin 1919, à Ouled Madi (dans la wilaya de M'Sila). Membre fondateur du Front de libération nationale, il adhère dès son jeune âge au PPA (Parti du peuple algérien) et devient un membre important de l'organisation spéciale (O.S). Vers la fin de 1947, il est chargé de mettre sur pied une cellule de l'OS pour le département de Constantine. C'est au cours de cette période que se forme autour de lui le noyau de militants qui fut à l'origine du déclenchement de la lutte armée le 1er Novembre 1954. En 1950, il est condamné par contumace à deux reprises. En 1952, il est muté en France par le parti où il militera au sein du MTLD. En mars 1954, il décide de rentrer en Algérie où il est l'un des 9 fondateurs du C.R.U.A (Comité Révolutionnaire pour l'Unité et l'Action) et lance le bulletin «Le Patriote». Il est membre du groupe des 22 ayant préparé et participé à la Guerre de Libération nationale. Le 22 octobre 1956, il se fait capturer par l'armée française suite au détournement de l'avion qui le menait du Maroc vers la Tunisie. Le 20 septembre 1962, il fonde le PRS (Parti de la Révolution Socialiste). En juin 1963, il est arrêté et exilé dans le Sud algérien où il reste détenu pendant trois mois puis il rejoint le Maroc. A partir de 1972, il se déplace entre la France et le Maroc en activant pour son parti, le P.R.S. et en animant la revue El Djarida. En 1979, après la mort de Houari Boumediene, il dissout le P.R.S et va se consacrer à ses activités professionnelles en dirigeant à Kenitra au Maroc une briqueterie. Le 14 janvier 1992, après la démission du Président Chadli Bendjedid, il devient Président du Haut Comité d'Etat. Dans le registre de l'histoire, le nom de Boudiaf sera éternellement marqué en lettres d'or, celui de son assassin en sera banni à tout jamais. Sous l'impulsion de son président Me Achaïchia, le comité de Annaba de la fondation Mohamed Boudiaf a été chargé de la préparation de la célébration de cet évènement.
Il sera organisé sur les lieux mêmes du drame, en présence de Mme Fatiha Boudiaf, épouse du défunt Président et présidente de la Fondation Mohamed Boudiaf. Au dépôt de la gerbe de fleurs et la cérémonie de recueillement, succédera une conférence sur la vie et la mort de Mohamed Boudiaf.
Elle sera animée par Mohamed Abbas,
journaliste et écrivain. Elle sera suivie de nombreuses autres
activités culturelles ainsi que de compétitions sportives auxquelles
prendront part, les anciennes gloires du football annabi ainsi que des
footballeuses.
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par Djamel. B
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