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Gouvernement de Bugeaud du 29-12-1840 au 29-6-1843
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Ue ouvelle ère administrative était devenue nécessaire. Tous ceux qui portaient quelque intérêt à la colonie d’Algérie la désiraient. Le peu de succès que les armes avaient obtenu sous le gouvernement temporisateur du maréchal Valée, imposait au ministère l’obligation de changer de système en changeant de chef. Il le comprit, et M. général Bugeaud fut chargé de réaliser cette révolution. Bien que le nouveau gouverneur ne réunît point en sa faveur toutes les sympathies, néanmoins et entreprenant des résultats différents de ceux obtenus par son prédécesseur. Tous les yeux étaient fixés sur lui ; il savait lui-même qu’on scruterait sévèrement sa conduite, motifs puissants qui lui faisaient une loi de se distinguer, alors qu’il n’eût pas senti le besoin de faire oublier, par des actes éclatants et utiles, le traité de la Tafna. (Depuis 1804, le général Bugeaud appartient à l’armée; il s’engagea à cette époque dans les vélites de la garde impériale, et parvint rapidement au grade d’officier. Il lit les grandes campagnes d’Austerlitz et d’Iéna. En 1809 il passa en Espagne où il se distingua à l’assaut de Lérida, dans l’expédition de la Rapita contre les Anglais, aux siéges de Tarragone, de Tortose et de valence, à la bataille de Sagonte, et à la prise des redoutes d’Ordal: ce qui lui valut successivement les grades de capitaine, de chef de bataillon, de colonel, et d’officier de la Légion D’Honneur. En 1815, à la tète du 14e de ligne, il repoussa les Autrichiens sur les frontières de la Savoie, succès qui amena sa disgrâce sous la Restauration. La Révolution de Juillet répara cette injustice et éleva le colonel Bugeaud au grade de maréchal de camp.).
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Les circonstances se montraient d’ailleurs favorables : Abd-el-Kader était encore puissant; non pour inspirer des craintes sérieuses, mais assez pour qu’il y eût de la gloire à le vaincre. Il disposait toujours d’une armée imposante: il avait des places fortes, des arsenaux, des manufactures d’armes, et un grand nombre de tribus constamment prêtes à se lever en sa faveur. Jusque-là on n’avait guère fait contre lui qu’une guerre d’escarmouches, plutôt propre à exciter son audace que capable de le dompter. Les établissements français, menacés constamment par les incursions des Arabes, restaient stationnaires; la colonisation et la guerre semblaient frappées de découragement.
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Cette situation précaire soulevait les clameurs de l’opinion, et de nouveau elle accusait le ministère de conspirer l’abandon de l’Algérie. Pour dissiper ces craintes, sans doute mal fondées, il résolut de relever les intentions françaises en Algérie. L’effectif de l’armée fut porté, à l’ouverture de la campagne du printemps, à soixante-treize mille cinq cents hommes d’infanterie et treize mille cinq cents chevaux, et il annonça qu’elle serait renforcée de quatre mille cinq cents hommes lors de la campagne d’automne. En même temps qu’on mettait à la disposition du gouverneur général des forces aussi considérables, on lui prescrivait de conserver les places de Médéa, Miliana, Cherchell, et de donner le plus grand développement aux ouvrages défensifs , afin que les troupes pussent se livrer avec sécurité à la culture des terres. Cette fois, il n’était plus permis de douter des intentions du gouvernement; tant de sacrifices ne pouvaient aboutir au délaissement de la colonie; bientôt même le général Bugeaud, dans sa proclamation à l’armée, se chargea de dissiper toutes les incertitudes.
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« Soldats de l’armée d’Afrique !
« Le roi m’appelle à votre tête. Un pareil honneur ne se brigue pas, car on n’ose y prétendre; mais si on l’accepte avec enthousiasme pour la gloire que promettent des hommes comme vous, la crainte de rester au-dessous de cette immense tâche modère l’orgueil de vous commander. Vous avez souvent vaincu les Arabes, vous les vaincrez encore; mais c’est peu de les faire fuir, il faut les soumettre. Pour la plupart, vous êtes accoutumés aux marches pénibles, aux privations inséparables de la guerre. Vous les avez supportées avec courage et persévérance, dans un pays de nomades qui en fuyant ne laissent rien au vainqueur. La campagne prochaine vous appelle de nouveau à montrer à la France ces vertus guerrières dont elle s’enorgueillit. Je demanderai à votre ardeur, à votre dévouement au pays et au roi, tout ce qu’il faut pour atteindre le but; rien au delà. Soldats ! À d’autres époques, j’avais su conquérir la confiance de plusieurs corps de l’armée d’Afrique ; j’ai l’orgueil de croire que ce sentiment sera bientôt général, parce que je suis bien résolu à tout faire pour le mériter. Sans la confiance dans les chefs, la force morale, qui est le premier élément de succès, ne saurait exister; ayez donc confiance en moi, comme la France et votre général ont confiance en vous. »
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