.
.
La culture d'un peuple, dans ses traditions et ses pensées, demeure éternelle au fil des générations.
.
Il est fort probable que le christianisme pénétra par les ports, surtout par Carthage. Il recruta ses adeptes dans les synagogues. De là, il gagna rapidement l'intérieur des terres. Lorsque St Augustin devint prêtre à Hippone (Annaba), en 391, puis évêque en 395, cela faisait deux bons siècles que le christianisme avait commencé à pénétrer l'Afrique du Nord, venant de l'Orient de langue grecque plus sûrement que de l'Italie de langue latine. Carthage avait eu le premier grand chantre de la religion nouvelle au tout début du IIIème siècle avec Tertullien, et son premier grand Martyr l'évêque Cyprien, une cinquantaine d'années plus tard. Effectivement, Monseigneur Henri Tessier aborda ce sujet lors de sa conférence organisée par l'Institut d'Études augustiniennes à Paris, le 13 mars 2003 en déclarant : « Les Européens doivent apprendre qu'une partie notable de leurs racines chrétiennes latines se trouvent au sud de la Méditerranée. Et les habitants du Maghreb doivent aussi connaître le rôle qu'ont joué leurs ancêtres dans une tradition culturelle et religieuse qui leur apparaît aujourd'hui comme une réalité totalement étrangère à leur terre »... et il ajoute : « Le premier fait est d'importance considérable. Les plus anciennes oeuvres de théologie chrétienne en latin qui nous soient parvenues n'ont pas été écrites en Italie, en Espagne, en Gaule, ou en Dalmatie, mais elles nous viennent de Carthage. En effet, aux temps de Tertullien, les chrétiens du nord de la Méditerranée écrivaient encore en grec... Et de toute façon son oeuvre reste sur le plan d'une apologétique qui utilise peu le vocabulaire théologique proprement chrétien. C'est donc à Tertullien que nous devons les premiers traités théologiques en latin.
Il écrivit d'abord en grec, mais passa assez vite au latin pour atteindre son public africain. Il appartient aux spécialistes de préciser ce que la langue chrétienne doit à Tertullien. Même s'il n'a pas créé lui-même tout le vocabulaire chrétien en latin, c'est en tout cas son oeuvre qui formera le premier corpus chrétien de référence dans cette langue. On parle de 1000 mots chrétiens dont la langue latine lui serait redevable ».
La côte Est du Maghreb avait été vite touchée, puis les cités côtières, ensuite le christianisme s'est répandu dans la Numidie et les Maurétanies, c'est-à-dire vers l'intérieur du pays. Les communautés chrétiennes n'étaient pas sans attrait pour les fidèles : elles n'avaient pas tardé à déployer au service des plus démunis une action caritative sensiblement plus efficace que le vieux système de redistribution qui continuait à opérer dans la traditionnelle relation patron-client de la société païenne.
La grande persécution des années 303-305 frappa durement aussi bien les laïcs que le clergé et fut cause d'un traumatisme aux conséquences durables. Car, l'empereur en forçant les chrétiens - et d'abord les clercs - sous peine de mort à livrer leurs textes sacrés, a créé un climat favorable à la rébellion, qui s'est transformé au fil des années à l'instauration du sentiment nationaliste. La paix religieuse était revenue définitivement avec l'empereur Constantin en 312, mais quelques années d'incertitude avaient favorisé bien des pourrissements.
Les règlements de compte avaient commencé entre «traditeurs», ceux qui avaient failli à leur religion d'origine (berbères romanisés), et qui s'en défendaient, et «confesseurs», ceux qui n'avaient pas faibli devant l'église de Rome. Ce clivage traditeurs/confesseurs demeura aigu jusqu'à la fin du 5ème siècle. A titre d'exemple, les conditions du choix d'un nouvel évêque à Cirta au printemps 307, se doubla d'une opposition marquée, et sans doute ancienne, entre Numides et carthaginois. On le vit bien comme le mentionnent S. Lancel et P. Mattei, que lors de l'élection épiscopale à Carthage, Caecilianus accusé d'avoir affamé les confesseurs emprisonnés, a trouvé une résistance locale qui reçut aussitôt un appui extérieur. Les Numides tenaient pour coutume que l'évêque fût consacré au plus ancien de la province, c'est-à-dire à celui de l'église Africaine pure. Bien que Caecilianus se fît ordonner par trois évêques qui ne jouissaient pas non plus de l'estime générale, les numides protestèrent, et un concile présidé par le primat de Numidie, cassa l'élection et l'ordination. En face de Caecilianus, qui refusait d'abdiquer, les berbères de l'église autochtone non romanisée, se regroupèrent sous la conduite de l'évêque «Donat le Grand» des Nementchas. Quelque temps plus tard, ce conflit fut radicalisé sur injonction de l'empereur Constantin en faveur des catholiques, c'est-à-dire Caecilianus.
Ainsi, Rome prît le parti de ce dernier contre les confesseurs. L'élection et la confirmation de Caecilianus furent approuvées par l'empereur. A partir de cet instant, un mouvement de protestation se constitua, à sa tête l'évêque berbère Donat. Ce dernier apparaît en pleine lumière comme le chef du mouvement. Le Donatisme était né.
Quarante ans durant, l'évêque Donat des Nementchas, berbère de Numidie, ce terrible lutteur avait été malmené par Rome. Sans doute, les progrès rapides du Donatisme furent-ils en grande partie son oeuvre. Organisateur, intègre, meneur d'hommes, écrivain et bon orateur, gagna l'estime des berbères chrétiens. Il put, comme le reconnaît son rival numide Optat de Milev, imposer des «exigences incroyables» à ses évêques, parce qu'ils l'adoraient «autant que dieu».
L'attitude répressive de l'état, valut au donatisme une extraordinaire extension en Numidie et en Maurétanie Césarienne, surtout au niveau des masses prolétaires. L'Eglise de Rome «catholique», triomphante devint aussitôt persécutrice. Catholiques, et pouvoirs publics issus des berbères Romanisés, firent expulser les donatistes des basiliques par la force armée, qui massacra bon nombre d'entre eux. Le donatisme axa sa revendication sur la «pureté» ecclésiologique, qu'il déniait à l'Eglise catholique de Rome, jugée indigne de conférer les sacrements, empoisonnera durablement la vie des berbères Romanisés, et ce, jusqu'au début du Vème siècle.
Même après la mort de Donat en exil en 355, le mouvement, sous la conduite de l'évêque Permenianus, et l'insurrectionnel Firmus s'implanta davantage en Maurétanie Césarienne.
En définitive, et comme le précise Mesnage «A côté de cette Afrique Romanisée, il y a une autre, que je pourrais appeler l'Afrique indigène, c'est-à-dire cette partie de l'Afrique Romaine que la civilisation du peuple conquérant n'a pas encore soumis, que le christianisme commence à peine à entamer et où l'arrivée des vandales va l'empêcher de pénétrer davantage...». Cette analyse résume la situation.
En effet, les berbères des cités côtières sous la persécution Romaine permanente, ont été dans une certaine mesure «christianisés».
Dans les campagnes, c'est-à-dire au sud de la Maurétanie Césarienne et de la Numidie, le refus était catégorique au début, et donner une image de lutte de classes contre l'ordre établi, dix-huit siècles avant que l'idée ne soit prise par la doctrine communiste. Cette lutte des classes, entre berbères romanisés (catholiques) s'emparant des meilleurs terres par la force, et berbères autochtones chrétiens de l'Eglise «pure» Africaine, persécutés, emprisonnés réduits presque à des serviteurs.
Cette lutte de classes est notamment illustrée par le Donatisme. Le donatisme, vers la fin du IVème siècle et le début du Vème siècle, est considéré par Rome comme un sentiment politique, refusant l'ordre établi par le colonisateur. Dans ce sens, Mesnage considère que dans la lutte, le donatisme fut aussi prévoyant qu'audacieux; les villes étant occupées dans leurs majorités par les berbères catholiques dont le niveau social élevé laissant apparaître une forme de «bourgeoisie» dirions-nous, il trouva un écho favorable dans les campagnes où le prolétariat était instauré. Mesnage écrit : «Quant aux indigènes (berbères), c'était toujours des vaincus frémissant sous le joug; on proteste comme on peut contre le joug qui oppresse; ne point parler la langue du maître, c'est déjà se séparer de lui par quelque chose d'essentiel, mais, prier autrement que lui, est beaucoup plus encore, car cela constitue, une révolte morale, qui satisfait bien mieux les sentiments de nationalité».
Le donatisme a été la forme la plus appropriée de lutte contre l'occupant Romain et les traditeurs. La grande Numidie a vu naître une résistance organisée autour de la religion pour faire face aux latins. Rome, cette puissance militaro-politique entamait sa décadence. La colonisation Romaine devait s'achever quelques années plus tard avec l'arrivée des vandales, période où la religieuse Robba fille de la plaine d'El-M'cid et de Ghriss s'illustra pour mener un combat contre les traditeurs. Le donatisme ne cessa de se développer suite à la conférence de 405 et 411, date à laquelle il fut condamné solennellement. Il baissa alors graduellement d'après J. Mesnage qu'avec l'arrivée de l'Islam au Maghreb.
En conclusion, contrairement à certaines littératures, le donatisme, ce mouvement de résistance, en s'appuyant nécessairement, et dans un premier temps sur la religion pour galvaniser les masses berbères, s'est acheminé dans un deuxième temps vers un mouvement politique anti-colonialiste. Le donatisme a été la forme directe de l'opposition berbère. Dans ce sens, G. Courtois écrit «...Ce n'est pas par hasard que le vieux pays Numide ait été le bastion du Donatisme. Ce n'est par hasard que le prolétariat agricole nomade, ces Circoncellions qui n'étaient point les brigands qu'on a dit, aient crié le Déo Laudes aux oreilles épouvantées des propriétaires Romains.»
«Il ne s'agit donc point de remous de bénitier, mais d'un mouvement immense, qu'on a rapproché du kharéjisme et dont on mesurera mieux l'ampleur, si on veut bien se rappeler qu'en Afrique du nord, la résistance religieuse est une forme courante de l'opposition politique».
Oui, toutes les formes de résistances anti-coloniales ont eu comme base de rassemblement la religion.
Le berbère du sud de la Maurétanie Césarienne, au même titre que le peuple de la grande Numidie, peuple des grandes plaines d'El-Mcid et de Ghriss a refusé la notion de «Colon». Du 'Prolétariat' du 3ème et 4ème siècle, au prolétariat du 20ème siècle (1937), un sentiment anti-colonialiste ancestrale.
.
.
Bibliographie:
- C.A. Julien - l'histoire de l'Afrique du Nord - des origines à la conquête Arabe - (1978)
- J. Mesnage - le christianisme en Afrique - Revue Africaine. Volume 57.p.499.657.658(1913).
- G. Courtois - de Rome à l'islam - Revue Africaine Vol86.p25.55.(1942).
- S. Lancel & P. Mattei - Pax et Concordia -2001-
- Conférence de Monseigneur Henri Tessier - Paris 2003
.
Il est fort probable que le christianisme pénétra par les ports, surtout par Carthage. Il recruta ses adeptes dans les synagogues. De là, il gagna rapidement l'intérieur des terres. Lorsque St Augustin devint prêtre à Hippone (Annaba), en 391, puis évêque en 395, cela faisait deux bons siècles que le christianisme avait commencé à pénétrer l'Afrique du Nord, venant de l'Orient de langue grecque plus sûrement que de l'Italie de langue latine. Carthage avait eu le premier grand chantre de la religion nouvelle au tout début du IIIème siècle avec Tertullien, et son premier grand Martyr l'évêque Cyprien, une cinquantaine d'années plus tard. Effectivement, Monseigneur Henri Tessier aborda ce sujet lors de sa conférence organisée par l'Institut d'Études augustiniennes à Paris, le 13 mars 2003 en déclarant : « Les Européens doivent apprendre qu'une partie notable de leurs racines chrétiennes latines se trouvent au sud de la Méditerranée. Et les habitants du Maghreb doivent aussi connaître le rôle qu'ont joué leurs ancêtres dans une tradition culturelle et religieuse qui leur apparaît aujourd'hui comme une réalité totalement étrangère à leur terre »... et il ajoute : « Le premier fait est d'importance considérable. Les plus anciennes oeuvres de théologie chrétienne en latin qui nous soient parvenues n'ont pas été écrites en Italie, en Espagne, en Gaule, ou en Dalmatie, mais elles nous viennent de Carthage. En effet, aux temps de Tertullien, les chrétiens du nord de la Méditerranée écrivaient encore en grec... Et de toute façon son oeuvre reste sur le plan d'une apologétique qui utilise peu le vocabulaire théologique proprement chrétien. C'est donc à Tertullien que nous devons les premiers traités théologiques en latin.
Il écrivit d'abord en grec, mais passa assez vite au latin pour atteindre son public africain. Il appartient aux spécialistes de préciser ce que la langue chrétienne doit à Tertullien. Même s'il n'a pas créé lui-même tout le vocabulaire chrétien en latin, c'est en tout cas son oeuvre qui formera le premier corpus chrétien de référence dans cette langue. On parle de 1000 mots chrétiens dont la langue latine lui serait redevable ».
La côte Est du Maghreb avait été vite touchée, puis les cités côtières, ensuite le christianisme s'est répandu dans la Numidie et les Maurétanies, c'est-à-dire vers l'intérieur du pays. Les communautés chrétiennes n'étaient pas sans attrait pour les fidèles : elles n'avaient pas tardé à déployer au service des plus démunis une action caritative sensiblement plus efficace que le vieux système de redistribution qui continuait à opérer dans la traditionnelle relation patron-client de la société païenne.
La grande persécution des années 303-305 frappa durement aussi bien les laïcs que le clergé et fut cause d'un traumatisme aux conséquences durables. Car, l'empereur en forçant les chrétiens - et d'abord les clercs - sous peine de mort à livrer leurs textes sacrés, a créé un climat favorable à la rébellion, qui s'est transformé au fil des années à l'instauration du sentiment nationaliste. La paix religieuse était revenue définitivement avec l'empereur Constantin en 312, mais quelques années d'incertitude avaient favorisé bien des pourrissements.
Les règlements de compte avaient commencé entre «traditeurs», ceux qui avaient failli à leur religion d'origine (berbères romanisés), et qui s'en défendaient, et «confesseurs», ceux qui n'avaient pas faibli devant l'église de Rome. Ce clivage traditeurs/confesseurs demeura aigu jusqu'à la fin du 5ème siècle. A titre d'exemple, les conditions du choix d'un nouvel évêque à Cirta au printemps 307, se doubla d'une opposition marquée, et sans doute ancienne, entre Numides et carthaginois. On le vit bien comme le mentionnent S. Lancel et P. Mattei, que lors de l'élection épiscopale à Carthage, Caecilianus accusé d'avoir affamé les confesseurs emprisonnés, a trouvé une résistance locale qui reçut aussitôt un appui extérieur. Les Numides tenaient pour coutume que l'évêque fût consacré au plus ancien de la province, c'est-à-dire à celui de l'église Africaine pure. Bien que Caecilianus se fît ordonner par trois évêques qui ne jouissaient pas non plus de l'estime générale, les numides protestèrent, et un concile présidé par le primat de Numidie, cassa l'élection et l'ordination. En face de Caecilianus, qui refusait d'abdiquer, les berbères de l'église autochtone non romanisée, se regroupèrent sous la conduite de l'évêque «Donat le Grand» des Nementchas. Quelque temps plus tard, ce conflit fut radicalisé sur injonction de l'empereur Constantin en faveur des catholiques, c'est-à-dire Caecilianus.
Ainsi, Rome prît le parti de ce dernier contre les confesseurs. L'élection et la confirmation de Caecilianus furent approuvées par l'empereur. A partir de cet instant, un mouvement de protestation se constitua, à sa tête l'évêque berbère Donat. Ce dernier apparaît en pleine lumière comme le chef du mouvement. Le Donatisme était né.
Quarante ans durant, l'évêque Donat des Nementchas, berbère de Numidie, ce terrible lutteur avait été malmené par Rome. Sans doute, les progrès rapides du Donatisme furent-ils en grande partie son oeuvre. Organisateur, intègre, meneur d'hommes, écrivain et bon orateur, gagna l'estime des berbères chrétiens. Il put, comme le reconnaît son rival numide Optat de Milev, imposer des «exigences incroyables» à ses évêques, parce qu'ils l'adoraient «autant que dieu».
L'attitude répressive de l'état, valut au donatisme une extraordinaire extension en Numidie et en Maurétanie Césarienne, surtout au niveau des masses prolétaires. L'Eglise de Rome «catholique», triomphante devint aussitôt persécutrice. Catholiques, et pouvoirs publics issus des berbères Romanisés, firent expulser les donatistes des basiliques par la force armée, qui massacra bon nombre d'entre eux. Le donatisme axa sa revendication sur la «pureté» ecclésiologique, qu'il déniait à l'Eglise catholique de Rome, jugée indigne de conférer les sacrements, empoisonnera durablement la vie des berbères Romanisés, et ce, jusqu'au début du Vème siècle.
Même après la mort de Donat en exil en 355, le mouvement, sous la conduite de l'évêque Permenianus, et l'insurrectionnel Firmus s'implanta davantage en Maurétanie Césarienne.
En définitive, et comme le précise Mesnage «A côté de cette Afrique Romanisée, il y a une autre, que je pourrais appeler l'Afrique indigène, c'est-à-dire cette partie de l'Afrique Romaine que la civilisation du peuple conquérant n'a pas encore soumis, que le christianisme commence à peine à entamer et où l'arrivée des vandales va l'empêcher de pénétrer davantage...». Cette analyse résume la situation.
En effet, les berbères des cités côtières sous la persécution Romaine permanente, ont été dans une certaine mesure «christianisés».
Dans les campagnes, c'est-à-dire au sud de la Maurétanie Césarienne et de la Numidie, le refus était catégorique au début, et donner une image de lutte de classes contre l'ordre établi, dix-huit siècles avant que l'idée ne soit prise par la doctrine communiste. Cette lutte des classes, entre berbères romanisés (catholiques) s'emparant des meilleurs terres par la force, et berbères autochtones chrétiens de l'Eglise «pure» Africaine, persécutés, emprisonnés réduits presque à des serviteurs.
Cette lutte de classes est notamment illustrée par le Donatisme. Le donatisme, vers la fin du IVème siècle et le début du Vème siècle, est considéré par Rome comme un sentiment politique, refusant l'ordre établi par le colonisateur. Dans ce sens, Mesnage considère que dans la lutte, le donatisme fut aussi prévoyant qu'audacieux; les villes étant occupées dans leurs majorités par les berbères catholiques dont le niveau social élevé laissant apparaître une forme de «bourgeoisie» dirions-nous, il trouva un écho favorable dans les campagnes où le prolétariat était instauré. Mesnage écrit : «Quant aux indigènes (berbères), c'était toujours des vaincus frémissant sous le joug; on proteste comme on peut contre le joug qui oppresse; ne point parler la langue du maître, c'est déjà se séparer de lui par quelque chose d'essentiel, mais, prier autrement que lui, est beaucoup plus encore, car cela constitue, une révolte morale, qui satisfait bien mieux les sentiments de nationalité».
Le donatisme a été la forme la plus appropriée de lutte contre l'occupant Romain et les traditeurs. La grande Numidie a vu naître une résistance organisée autour de la religion pour faire face aux latins. Rome, cette puissance militaro-politique entamait sa décadence. La colonisation Romaine devait s'achever quelques années plus tard avec l'arrivée des vandales, période où la religieuse Robba fille de la plaine d'El-M'cid et de Ghriss s'illustra pour mener un combat contre les traditeurs. Le donatisme ne cessa de se développer suite à la conférence de 405 et 411, date à laquelle il fut condamné solennellement. Il baissa alors graduellement d'après J. Mesnage qu'avec l'arrivée de l'Islam au Maghreb.
En conclusion, contrairement à certaines littératures, le donatisme, ce mouvement de résistance, en s'appuyant nécessairement, et dans un premier temps sur la religion pour galvaniser les masses berbères, s'est acheminé dans un deuxième temps vers un mouvement politique anti-colonialiste. Le donatisme a été la forme directe de l'opposition berbère. Dans ce sens, G. Courtois écrit «...Ce n'est pas par hasard que le vieux pays Numide ait été le bastion du Donatisme. Ce n'est par hasard que le prolétariat agricole nomade, ces Circoncellions qui n'étaient point les brigands qu'on a dit, aient crié le Déo Laudes aux oreilles épouvantées des propriétaires Romains.»
«Il ne s'agit donc point de remous de bénitier, mais d'un mouvement immense, qu'on a rapproché du kharéjisme et dont on mesurera mieux l'ampleur, si on veut bien se rappeler qu'en Afrique du nord, la résistance religieuse est une forme courante de l'opposition politique».
Oui, toutes les formes de résistances anti-coloniales ont eu comme base de rassemblement la religion.
Le berbère du sud de la Maurétanie Césarienne, au même titre que le peuple de la grande Numidie, peuple des grandes plaines d'El-Mcid et de Ghriss a refusé la notion de «Colon». Du 'Prolétariat' du 3ème et 4ème siècle, au prolétariat du 20ème siècle (1937), un sentiment anti-colonialiste ancestrale.
.
.
Bibliographie:
- C.A. Julien - l'histoire de l'Afrique du Nord - des origines à la conquête Arabe - (1978)
- J. Mesnage - le christianisme en Afrique - Revue Africaine. Volume 57.p.499.657.658(1913).
- G. Courtois - de Rome à l'islam - Revue Africaine Vol86.p25.55.(1942).
- S. Lancel & P. Mattei - Pax et Concordia -2001-
- Conférence de Monseigneur Henri Tessier - Paris 2003
.
.
.
.
par Driss Reffas : Délégué Adjoint De L’osca
(Organisation De La Société Civile Africaine)
In Le Quotidien d'Oran du 12-05-07
.
.
.
.
.
.
par Driss Reffas : Délégué Adjoint De L’osca
(Organisation De La Société Civile Africaine)
In Le Quotidien d'Oran du 12-05-07
.
.
.
Les commentaires récents