L’hôpital de Bab El Oued
Les quelques personnes qui s’y rendent ne s’en doutent aucunement : l’hôpital Debaghine à Bab El Oued renferme la résidence du dey de la régence. Avant d’être baptisé du nom de Maillot, praticien en chirurgie de la structure sanitaire de Bab El Oued, la résidence fut désignée durant presque toute la présence française sous le nom de l’hôpital du dey.
La construction de la résidence de campagne des deys d’Alger fut l’œuvre du souverain Hassan Pacha et fut édifiée en 1798. Vers 1805, cette propriété royale passera de Mustapha Pacha à son successeur au pouvoir Ahmed Pacha, appelé également Khodja Bey, dey d’Alger entre 1805 et 1808. « Ali Khodja, de son vrai nom Ali Ben Ahmed, s’emparera de la résidence avant qu’elle ne devienne la propriété de Hussein Dey, lequel édifia en 1820 un bâtiment dans le grand jardin pour contenir les écuries et autres silos. L’entrée principale fut réalisée par son Kheznadji (trésorier) du nom de Braham, auteur de toutes les installations, telles que les conduites d’irrigation », soutient M. Benmeddour, chercheur en patrimoine. En 1830 deux pavillons de la résidence furent habités, l’un par le général Berthezène et l’autre par le général Clauzel. Sous les ordres du général Rovigo en date du 10 février 1832, les occupants furent évacués pour établir la résidence de ce dernier. « En date du 18 juillet 1832, ce général y installa le premier hôpital militaire français », soutient M. Benmeddour. Neuf baraques seront construites dans le jardin, autour de deux pavillons du dey qui seront remplacées par des constructions en dur. En 1833, un jeune chirurgien de 26 ans, du nom de Baudens, réaménagea les infrastructures pour en faire un hôpital militaire d’instruction. Trois ans plus tard, sur ordre du général Clauzel l’hôpital fut transformé de telle sorte à l’adapter aux besoins de l’armée ainsi que des civils. « Le maréchal Randon confia en 1852 au médecin Berthrand, la mise sur pied d’une école de médecine et de pharmacie dans cet hôpital dans lequel les installations nécessaires furent achevées en 1857 », précise M. Benmeddour. En 1891, il fut fondé, encore dans cet hôpital le premier laboratoire de bactériologie de l’armée. Depuis l’indépendance, cet hôpital était au service de l’ANP puis, cédé, par la suite à la population civile. Ce que d’aucuns ne soupçonneront guère, c’est la présence d’un jardin entourant cette résidence. Celui-ci couvrait l’ensemble des terres de Bab El Oued. « Elle comprenait d’après un inventaire établi en 1862 : 161 orangers, 81 citronniers, 167 figuiers, 20 abricotiers, 190 poiriers, 5 amandiers, 10 cerisiers, 5 caroubiers, 17 grenadiers, 2 pêchers, 14 oliviers, 6 cognassiers, 21 pruniers, 6 merciers, des quantités de palmiers, des cèdres, des sapins, des cyprès, d’eucalyptus, de bambous et d’autres arbres très diversifiés. En plus de ces types d’arbres, le jardin disposait de 819 pieds de vignes de toutes sortes de qualité de la royale à la princière », relève le chercheur qui soutient que cette « ancienne Mitidja » des Turcs s’étendait sur une superficie de 18 960 m2. S’y ajoute le jardin potager qui était cultivé par des esclaves chrétiens, dirigés sur instruction de la Garde des janissaires. Ces espaces agricoles existaient, et ce n’est qu’en 1850 que plusieurs parcelles furent détruites. Le jardin fut loué à deux officiers militaires du nom de Crevelli et Saint-Hyppolite, le 8 mars 1831.
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Nadir Iddir, El Watan du 6 mai 2007
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