.
Dès ce moment les négociations cessèrent, et le blocus fut plus resserré. La France fit connaître officiellement aux cabinets de l’Europe l’acte de perfidie dont le dey d’Alger venait de se rendre coupable à son égard, ainsi que l’intention où elle était d’obtenir une éclatante réparation de cet outrage. Un cri unanime d’approbation l’encouragea à persévérer dans cette détermination. L’Autriche et la Prusse furent sincèrement favorables à ce projet; la Russie voyait avec plaisir la France prendre position sur les côtes d’Afrique, parce qu’elle espérait que de là sa marine tiendrait en échec celle de l’Angleterre dans la Méditerranée. Les petits états d’Italie, la Sardaigne surtout, y voyaient l’affranchissement de leur commerce; la Hollande n’avait pas oublié qu’en 1808 son consul à Alger avait été mis insolemment à la chaîne par l’ordre du dey, pour un léger retard dans le paiement du tribut annuel. L’Espagne, malgré la contrariété qu’elle éprouvait, ne témoigna aucun mauvais vouloir. L’Angleterre seule sentit, à cette nouvelle, se réveiller en elle toutes ses vieilles haines elle se montra tour à tour surprise et indignée ; elle demanda des explications, fit entendre des plaintes, eut recours aux menaces. Lord Stuart, ambassadeur de S. M. Britannique, essaya d’intimider successivement le ministre de la marine, M. D’Haussez, et le président du conseil, M. de Polignac. Le premier repoussa ses démarches avec une certaine véhémence; le second leur opposa une politesse froide et dédaigneuse. Le cabinet se décida enfin à adresser la dépêche suivante à la cour de Saint-James, en réponse à ses pressantes instances « Le roi, ne bornant plus ses desseins à obtenir la réparation des griefs particuliers de la France, a résolu de faire tourner au profit de la chrétienté tout entière l’expédition dont il a ordonné les préparatifs; et il a adopté, pour but et pour prix de ses efforts, la destruction définitive de la piraterie, la cessation absolue de l’esclavage des chrétiens, l’abolition du tribut que les puissances chrétiennes paient à la régence. »
.
L’expédition était donc définitivement résolue; rien ne pouvait plus l’arrêter. Les préparatifs de guerre se poursuivirent avec ardeur ; l’armée de terre fut rapidement organisée, et, dans tous les ports du royaume, la tâche des ouvriers fut doublée, ainsi que leur salaire. Le succès du plan arrêté par le ministère dépendait principalement du zèle que la marine allait déployer. La saison était avancée; il ne fallait pas perdre un moment pour se trouver en mesure de saisir l’instant favorable et les vents propices.
.
Le 9 février 1830, Toulon, Brest, Rochefort, Cherbourg, Bayonne et Lorient reçurent l’ordre d’armer immédiatement 11 vaisseaux, 24 frégates, 7 corvettes, 27 bricks, 7 corvettes de charge, 9 gabares, 8 bombardes, 7 bateaux à vapeur, 2 goélettes, 1 transport, 1 balancelle; en tout 104 bâtiments de guerre. Cette formidable escadre devait jeter 40,000 hommes sur la côte d’Alger. Partout on mit le plus vif empressement à seconder les intentions du gouvernement: la plupart des bâtiments désignés se trouvaient encore sous leurs toitures le 10 février, et le dernier que devait armer le port de Toulon était en rade le 14 mai suivant. En même temps, des officiers de la marine militaire, commissionnés à cet effet, affrétaient à Marseille, en Catalogue, en Italie, des navires de commerce destinés à transporter l’immense matériel de l’armée.
.
.
.
.
.
Les commentaires récents