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A Oran l’inexorable système introduit par le général Boyer ne produisait que de mauvais résultats: de toutes parts s’élevaient des plaintes contre ses actes arbitraires; les habitants quittaient la ville pour se soustraire à l’oppression; les marchés n’étaient plus approvisionnés, et les tribus des environs, froissées dans leurs intérêts, couraient aux armes, cernaient la place et tuaient impitoyablement tout ce qui se hasardait au-delà des glacis. Le gouvernement prit en considération une situation si fâcheuse, et appela au commandement d’Oran le général Desmichels. Comme son prédécesseur, il était indépendant du général en chef, et ne devait prendre conseil que de lui-même.
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Dès son arrivée (23 avril 1833), le nouveau général n’affecta ni rigueur ni bonté systématiques. Il reconnut avec soin tous les détails de sa position, et, après quelques jours d’étude, il se décida, pour dégager la place, à tenter une vigoureuse sortie. En conséquence, dans la nuit du 7 au 8 mai, à la tête de deux mille hommes, il se dirigea sur les Garrabas, tribus situées à l’ouest d’Oran. Pris à l’improviste, les Arabes n’opposèrent presque aucune résistance, et abandonnèrent leurs bestiaux. Cette razzia fut très utile à la garnison; elle lui procura de la viande fraîche, dont elle était privée depuis longtemps; mais aussi elle lui attira un nouvel ennemi. Abd-el-Kader vint établir ses tentes à trois lieues de la ville, dans un lieu appelé le Figuier: son père l’accompagnait. Le général Desmichels voulait marcher immédiatement contre lui et l’accabler; détourne de cette heureuse idée, il se borna à prendre position en avant du Figuier, comme pour offrir le combat. L’émir ne voulut pas s y exposer, et après quelques insignifiantes escarmouches se replia sur Mascara.
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Toutefois, Oran n’était pas encore dégagé; des bandes armées de la tribu des Douers parcouraient ses environs, semant partout la désolation et la mort. Pour les réprimer, le général Desmichels fit établir un blockhaus en avant du fort Saint André et jeta quelques postes permanents dans les environs. Dès ce moment, on jouit d’un peu plus de tranquillité, la circulation commença à se rétablir et les provisions arrivèrent. Encouragé par ce résultat, et voulant donner aux Arabes une haute opinion de sa puissance et de son autorité, le général résolut d’étendre le cercle de l’occupation française dans la province, en établissant des garnisons à Arzew et à Mostaganem.
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