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Les muses de l’élégie envoûtent Tipasa
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La
villa «Engelevy» magnifique bâtisse qui dépend du patrimoine culturel a
été le rendez-vous d’une rencontre qui a regroupé les meilleurs bardes
du cru à l’échelle nationale. Ce lieu hautement symbolique est devenu
depuis quelques temps déjà un cénacle où se rencontrent artistes,
poètes, écrivains, qui viennent régulièrement s’inspirer ou participer
à des joutes littéraires dans une ambiance digne des milles et une
nuit. Cette heureuse initiative de la direction de la culture en
collaboration avec l’association Arts et Expositions n’est pas à son
premier coup de maître, en effet à chaque occasion cet endroit est
devenu par la force des choses un véritable pole culturel qui réuni
toutes les penchants artistiques.
Malgré le peu de moyen dont dispose la direction de la culture de Tipasa il faut lui reconnaître au moins que cette rencontre a été sans contexte une réussite totale. Plus de 25 poètes toutes expressions confondues ont assisté à ces duels poétiques, il s’agit notamment de Bouziane Ahmed, Nedjari Djillali, Boukouba Abderezak , Taibi Nourredine , Azzeradje Omar qui vit en Grande-Bretagne, Zahra Belalia, Mohamed El-ouahed, Ouhdadou Farid, Youcef El-Baze et bien d’autres encore.
Ce qui a retenu notre attention et celle d’un public attentif et connaisseur c’est sans contexte la prestation du chantre de la poésie populaire Bouziane Ahmed de Tiaret qui a subjugué l’auditoire avec spécialement le poème Ouach guel elouarde (qu’a dit la rose).
C’est une prose dans laquelle l’auteur parle avec ambages sur les conditions d’existence de la jeunesse algérienne.
En effet, avec ce poème Bouziane à littéralement enflammé la salle avec des vers savamment structurés et complétés par une image métaphorique digne des plus grands rhapsodes de ce siècle.
Ce natif de la ville de Tiaret est une notoriété dans le monde arabe par ses écrits d’où il puise ses sources des profondeurs de l’âme. Sa poésie s’inscrit en droite ligne avec les souffrances de l’être, et, l’amour dont il en fait une allégorie qu’il nargue avec ironie et une touche passionnelle qui parfois frise l’irréel.
Comme à son habitude Nedjari Djillali a mis en relief la vie du poète arabe Ouadah El-Yamene et dont la beauté exigé de lui de mettre un voile sur son visage afin de ne pas séduire les femmes du harem. L’éclat de sa beauté était si envoûtant que la femme de l’émir s’en est éprise de lui mais malheureusement un jour un énuque du palais a surpris leurs ébats amoureux et a conseillé à sa maîtresse de cacher son amant dans un caisson car le maître des lieux lui rendait visite dans sa chambre. L’émir ayant pris connaissance de la trahison de son épouse ordonna à cette dernière de lui remettre la caisse en la désignant du doigt. La princesse essaya de détourner son attention mais le prince lui intima pour la dernière fois de lui donner ce qu’il a exigé.
Le coffre en bois fut donc ramené par l’énuque qui reçu comme instruction d’enterrer vivant son occupant. Djillali Nedjari réalise ainsi la prouesse d’écrire un poème qui retrace les derniers instants du poète Ouadah El-Yamine dans son coffre de bois transformé en cercueil. L’élégance des mots racontent avec une très grande précision et émotion les ultimes minutes que passe le poète à l’intérieur de cette caisse, ou seul le noir et la solitude lui tiennent compagnie.
Cette tragédie mise en poésie par Djillali Nedjari est digne d’une épopée chevaleresque. Le poète d’écrit avec une minutieuse précision l’agonie de l’amant qui rejoint le monde des morts pour avoir aimer.
Tour à tour les poètes ont déclamer leurs textes dans une ambiance conviviale ou durant ces quelques instants de bonheur nous ont permis d’oublier les tracas de la vie quotidienne.
De telles retrouvailles ne sont que bénéfiques et sont d’excellents arguments que la culture en Algérie n’est pas encore mise en bière malgré l’insouciance et le mépris qui est ouvertement affiché par ceux qui se croient dépositaires de la culture dans notre pays.
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Mohamed El-Ouahed
In La Nouvelle Republique du 26-03-07
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