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Vous n’êtes pas censés ignorer les crimes commis par les colonialistes français durant la conquête de notre pays et en particulier pendant notre guerre de Libération nationale », nous déclare notre interlocuteur.
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En effet, le massacre collectif à Cherchell avait eu lieu dans la journée du 28 novembre 1956, où de nombreux civils algériens désarmés pris en otage furent assassinés froidement. Hélas, 50 années sont déjà passées, mais cet événement relatif aux fusillés des civils cherchellois demeure oublié. Si Mustapha Saâdoun, témoin de cette période de la lutte contre l’occupation coloniale française, relate les faits avec émotion. C’est au cours de la journée du 27 novembre 1956 que des maquisards de l’Armée de libération nationale (ALN) avaient opéré une action dans la banlieue Est de la ville de Cherchell. Le redoutable colon, le nommé Jean Fonti avait été tué lors de l’opération par des éléments de l’ALN, tandis qu’un gendarme avait été blessé. En guise de représailles, juste avant l’aube du 28 novembre 1956, les forces de l’armée coloniale française avaient lancé une vaste opération de ratissage de grande envergure, bien évidemment accompagnées par des troupes supplétives. Ces dernières avaient conduit les militaires vers la maison de la famille Saâdoun. Au total, une soixantaine de civils cherchellois avaient été interpellés sans raison, dans l’unique but de les abattre. Vraisemblablement, craignant l’écho que cela pouvait avoir auprès de l’opinion publique nationale et internationale, les forces colonialistes se sont ravisées au dernier moment, pour porter leur choix sur une dizaine d’hommes « cueillis » lors du ratissage. Se vengeant du colon tué par les éléments de l’ALN, les militaires français passent rapidement à l’action. Sans prendre la peine de juger le groupe de citoyens, séance tenante, ils tuent à bout portant les nommés : Saâdoun Hamoud, Saâdoun Hocine, Saâdoun Noureddine, Bahria Mohamed, Riad Abdelkader, Chemli Mohamed, Chemli Abdelkader, Dadou M’hamed, Sergen Mouloud. Ces chouhada avaient été abattus dans leur lieu de regroupement. En revanche, d’autres citoyens avaient subi le même sort dans d’autres endroits. Les assassinats ne se sont pas arrêtés. Au moment de l’enterrement du groupe des martyrs, dans la journée du 29 novembre 1956 vers 13h, l’armée coloniale avait fait déclencher la sirène pour donner « l’alerte », un prétexte pour imposer le couvre-feu en plein jour. Les militaires français avaient immédiatement bouclé le cimetière musulman pour continuer leur macabre besogne, en projetant d’assassiner les citoyens qui accompagnaient les chouhada à leur dernière demeure. Les tombes sont inexistantes actuellement. La culture de l’oubli… Beaucoup de personnes venues assister à l’enterrement, craignant un autre massacre collectif, avaient fui pour ne pas tomber dans le guet-apens tendu par les forces coloniales, tandis que d’autres n’avaient pas voulu répondre à la provocation. Ils ont préféré se solidariser afin d’enterrer les martyrs dans la dignité, avant de se disperser sous la menace des soldats français. Cet événement historique local est malheureusement ignoré, comme une série d’autres événements qui avaient marqué la résistance du peuple durant l’ère coloniale.
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El Watan, edition du 26 novembre 2006
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