''Alger nooormal'' |
Unique en son genre, ce livre d’images et de sons autant que de mots fait entrer le lecteur dans le ventre de la capitale algérienne. « J’ai compris qu’Alger n’était pas une ville comme les autres. […] Elle n’existe pas par la grandeur de ses monuments et la beauté de son architecture… Alger existe par la parole de ses gens. […] Alger est un chant pour ceux qui savent écouter sa musique. Alger est une parole », écrit le journaliste Mohamed Ali Allalou en ouverture d’Alger nooormal. Il est l’un des auteurs de ce livre pas comme les autres, livre d’images et de sons autant que de mots qui fait entrer le lecteur-auditeur, les sens en éveil, dans le ventre de la ville. Mohamed Ali Allalou y propose des « entretiens polyphoniques » coordonnés par le journaliste-écrivain Mustapha Benfodil. On y croise le fils de M’Hamed El-Anka, le grand maître du chaâbi, Farid le Rockeur, qui parle de rock et de femmes, ou encore les quatre rappeuses de B’net Lebled qui n’ont froid ni aux yeux ni aux oreilles. Le patchwork dessine un portrait de la ville dans la chair des mots. Les odeurs d’Alger - jasmin, couscous et air marin - s’entrechoquent avec les bruits de dominos qui claquent sur les tables. Pour parfaire ce parcours, le chroniqueur musical Aziz Smati a retracé sur un CD plus de soixante ans d’histoires sonores, de Mohamed el-Kamal, le « Charles Trenet arabe », et Lili Boniche à Gnawa Diffusion et Intik, un des groupes de rap les plus connus de la capitale. Le photographe Jean-Pierre Vallorani a suivi les pas d’Allalou et de Smati, capturant des instants fugaces dans la cité. Des visages, des regards, des mains qui disent la façon de vivre aujourd’hui à Alger. « C’est un livre qui est pour moi comme j’ai envie qu’il soit… », explique l’éditrice Françoise Truffaut, qui a créé sa maison d’édition en 2001. « Il se lit un peu comme on regarderait un documentaire. On lit des images et on se construit un voyage dans la ville. » On doit aussi à l’éditrice le choix d’utiliser plusieurs langues : le français, l’arabe et cet argot algérois si particulier et si chantant dont l’expression « nooormal » fait partie. « Ce “nooormal” s’entend à longueur de temps, de rue, dans les maisons, dans les bars, à Alger, jusqu’en France », écrit Mustapha Benfodil, qui tente de saisir cette ville aux différents visages et aux différents surnoms : el-Assima, el-Bahdja, Edzayer (déformation phonétique d’el-Djazaïr). Alger nooormal, de Mohamed Ali Allalou, Aziz Smati, Mustapha Benfodil, photographies de Jean-Pierre Vallorani, éditions Françoise Truffaut. . par OLIVIA MARSAUD . . |
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