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Alors ? Madaure !
Est-ce Apulée l’écrivain, Maxime le grammairien ou Augustin,l’avocat-évêque?
Tous trois ont donné à Madaure la mauve
De n’être pas une simple et belle ruine,
Mais une Oxford berbère
Dans la solitude et le silence pour l’étude et la méditation,
Fameuse pour la qualité et l’universalisme de ses professeurs
Et ses élèves suprêmement doués.
Vieille ville numide, érigée pour les vétérans au milieu des terres des hautes plaines,
- Dégradé de toutes les couleurs : oliveraies, amanderaies, figueraies et vignobles jusqu'aux piémonts du djebel Bou-Sessou,
Vite élevée au rang de colonie,
Vouée à romaniser des populations avides depromotion et de réussite sociales.
Le forum est une terrasse, entourée de portiques et bordée de la basilique judiciaire :
« Je me souviens que sur ton forum, Mars a deux statues, l’une nue, l’autre armée; une statue humaine leur fait vis-à-vis et allonge trois doigts pour réprimer la malveillance dont le démon est animé envers les citoyens »
écrivait Augustin à son ami Maxime.
Le théâtre, le seul en Africa Nova, à l’instar d’Ostie, possédait une entrée centrale qui s’ouvrait au niveau de l’orchestre.
Les sanctuaires abondaient, avec les thermes d’été et les thermes d’hiver,
Tandis que les huileries réputées se mêlaient aux arcs de triomphe.
L’enfant Augustin n’aura pas connu la basilique byzantine,
Formidable, avec ses trois nefs aux doubles rangées de colonnes.
Augustin, je l’avais rencontré dans les patios de la Bouzareah et les couloirs de Kouba
Au temps de mes études algéroises:
C’était avant mon propre exode pour l’Europe « et ses vieux parapets ».
Les « Confessions » étaient toujours à mon chevet !
Le jeune berbère de Thagaste, je le retrouvai dans un de mes compagnons de classe : Julien Oumedjkhane, de Souk Ahras.
Nous partagions de conserve
Les « great expectations » d’un de nos ancêtre sur cette terre africaine :
Pour moi, le magyar gréco-italien du limes du nord,
Et pour lui, le kabyle du limes du sud,
Augustin devenu notre contemporain !
J’ai laissé mes compagnons,
Et je m’en suis allé errer dans les ruelles, loin des axes,
À la recherche de ce que seul mon instinct atavique pouvait me révéler.
Aux sauterelles j’ai confié ma nostalgie, dans le hasard des calades en lacis,
Un instant j’ai songé sur les gradins du petit théâtre.
Et j’ai fermé les yeux, m’abandonnant à la brise mélancolique de cette fin d’après-midi...
Et aux bribes de rêverie dérobées à ce bonheur éphémère...
Il fut bientôt - déjà, - le temps de repartir...
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Les pierres m’ont parlé, ce soir... J’ai même cru voir...
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Vincent-Paul Toccoli
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