Les Romains, comme les Grecs, accordaient la plus grande importance à la vie publique et aux honneurs visibles. Tout avancement administratif, toute citation honorifique, étaient traduits aux yeux des citoyens par une statue, une stèle ou une plaque, éxécutés tantôt aux frais du bénificiaire, tantôt à la charge de la cité. À Césarée comme dans les autres villes romanisées on a retrouvé un très grand nombre de ces inscriptions.
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Elles sont dans leur grande majorité rédigées en latin. Il ne faut pas conclure que c'était la seule langue courante; en faît on écrivait la langue officielle, mais on parlait plus souvent une langue indigène. Quatre langues étaient en usage:
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1- Le libyque, ancêtre du berbère, parlé par les paysans. On a retrouvé à Cherchell une inscription dans cette langue, qui s'écrivait avec un alphabet qu'ont encore conservé quelques Touaregs.
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2- Le punique, apparenté à l'hébreux. C'était la langue du commerce et des marins. Aux temps de la colonie carthaginoise de Iol, elle avait été également la langue officielle. Une transcription funéraire en l'honneur du roi Micipsa fut rédigée en 118 avant J.C. en punique.
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3- le grec était parlé non seulement par les grecs, mais par toute l' ''intelligentsia'' de Césarée. C"était la langue littéraire, celle de Juba, le roi écrivain, et de sa cour. On en a conservé d'assez nombreux témoignages comme ces vers gravés sur la tombe d'une Césarienne qui se lamente sur le sort de son enfant orphelin :
''Heureux parmi les mortels, vous tous qui n'avez pas connu le mariage et le chagrin d'une destinée vraiement féconde !''
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4- le latin imposé par Juba II et partout répandu depuis son règne.. Parmi les formules banales émergent parfois des expressions savoureuses, des indicationsinattendues. Les fautes d'orthographe sont très précieuses: elle nous renseigne sur la prononciation maurétanienne.
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Signalon pour terminer une inscription particulièrement curieuse conservée au Musée, et rédigée en egyptien hiéroglyphique. Il s'agit de la statue de Petoubast IV. Ce personnage nacquit le 13 juillet 46 avant J.C., fut orphelin à 6 ans, sacré Grand Prêtre du sanctuaire de Memphis en juillet 37 et mourut le 1er août 30 à l'age de 16 ans, le jour même ou Octave -futur empereur Auguste- pénétrait en vainqueur à Aléxandrie. Fut-il une de ces victimes? Dut-il se suicider comme la Grande Cléopâtre? Cette dernière hypothèse expliquerait que Cléopâtre de Séléné, fille de la reine d'Egypte et épouse en 20 avant J.C. de Juba II, ait fait venir de son pays pour orner le temple d'Isis la statue d'un grand prêtre fidéle à la cause de sa mère, et qu'elle avait pu connaître lorsqu'ils étaient enfants tous deux. L'inscription énumère longuement les titres de Petoubast.
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